Yannik Richard : traverser le Canada en fauteuil roulant pour la SLA
Après plus d’un mois sur les routes, Yannik Richard est revenu à la maison. Parti de la Colombie-Britannique le 22 septembre, le Prévostois atteint de la sclérose latérale amyotrophique (SLA) a parcouru le pays en fauteuil roulant motorisé, accompagné de ses amis et d’un véhicule récréatif. La Grande Traversée SLA s’est conclue le 25 octobre à la gare de Prévost, lors d’un événement festif rassemblant la communauté autour de cette cause.
Atteint d’une maladie qui paralyse progressivement le corps, Yannik Richard fait partie des 2 % de patients qui peuvent bénéficier d’un médicament ralentissant l’évolution de la SLA. Ce traitement ne guérit pas, mais lui permet de conserver plus longtemps ses capacités.
C’est cela qui l’a poussé à entreprendre la traversée dès maintenant. Il voulait réaliser un vieux rêve de retraite tout en sensibilisant le public à la réalité des personnes atteintes. « Je voulais faire du bruit pendant que je suis encore capable », résume-t-il.
Sensibiliser à une maladie encore sans remède
Pour Yannik, il est important de parler de la SLA, une maladie incurable depuis plus de 150 ans. Il souligne que la rapidité avec laquelle elle progresse empêche souvent les familles de témoigner publiquement de ce qu’elles vivent. Selon lui, seule une plus grande mobilisation permettra de financer la recherche.
Malgré les avancées amorcées dans les dernières années, aucun traitement curatif n’a encore vu le jour. « On garde espoir pour les dix prochaines années, mais il faut encore beaucoup de financement », insiste-t-il.
Des routes plus ardues que prévu
Le périple s’est révélé beaucoup plus difficile qu’il ne l’avait imaginé. Lui et son équipe avaient planifié de passer par des routes secondaires, mais le terrain s’est vite avéré impraticable. Les grosses roches bloquaient son fauteuil motorisé, l’obligeant à circuler sur les autoroutes pendant que le VR le suivait lentement derrière lui.
« Les journées étaient longues, de 9 h 30 à 17 h, souvent sans pause. On mangeait sur le bord de la route pour ne pas perdre de temps », raconte-t-il. Malgré la fatigue, la solidarité des gens rencontrés l’a profondément marqué. Plusieurs automobilistes s’arrêtaient pour lui parler, partager leur histoire ou faire un don.
La démarche de Yannik a même attiré l’attention du Parlement fédéral. Invité par le député des Pays-d’en-Haut, Tim Watson, il a pu s’adresser directement aux ministres pour présenter son projet et parler de la maladie. « C’était une expérience unique », confie-t-il.
Une bataille qui dépasse son propre cas
Diagnostiqué il y a trois ans, Yannik Richard avait d’abord cru qu’il ne lui restait que peu de temps à vivre. L’accès à un médicament expérimental a tout changé. Aujourd’hui ambassadeur pour SLA Québec, il milite pour que ce traitement soit approuvé et remboursé par la Régie de l’assurance maladie du Québec.
Le coût annuel de 400 000 $ rend ce médicament inaccessible sans couverture publique. L’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) doit rendre une décision à ce sujet d’ici mars 2026 – une échéance cruciale pour lui. Yannik souhaite aussi que les personnes atteintes sachent qu’elles ne sont pas seules : il rappelle que chercheurs, bénévoles et organismes se battent pour faire progresser la recherche et soutenir les familles.
Ce qu’il retient le plus de l’aventure, c’est la mobilisation autour de lui. Des amis d’enfance ont organisé la fête d’arrivée, des bénévoles se sont impliqués, et des citoyens ont répondu présents à chaque étape. Il prévoit maintenant de poursuivre son engagement sous une autre forme, en donnant des conférences sur la résilience dans les écoles et les entreprises. Il espère que son expérience servira à inspirer et à aider les autres. La campagne de financement de La Grande Traversée SLA se poursuit d’ailleurs sur la page Facebook du projet.
Pour Yannik Richard, la mission est loin d’être terminée : « Il faut continuer à en parler, à se battre, pour qu’un jour, la SLA soit une maladie qu’on puisse guérir. »