(Photo : Nordy – Sébastien Fleurant)
Arthur et Arielle de la Ferme Les dérangés à Sainte-Adèle.
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Un coup de chance devenu un projet de vie

Par Marie-Catherine Goudreau

En route vers la ferme maraîchère Les dérangés, mon éditrice et moi nous disons la même chose : « Coudonc, c’est dont ben grand Sainte- Adèle! » Alors qu’on parvient finalement à trouver cette petite ferme qui a piqué notre curiosité il y a quelque mois, c’est une vache qui nous accueille lorsqu’on se stationne. Toute tranquille, entourée de montagnes et de champs, elle se laisse photographier en mangeant son herbe.

Cette ferme maraîchère est la seule qui existe à Sainte-Adèle. Territoire montagneux et rocailleux, ce n’est pas la ville idéale pour y faire de l’agriculture. Pourtant, c’est ici qu’Arielle Beaudin et Arthur Gagnon ont choisi de s’établir pour réaliser un rêve commun qu’ils partageaient depuis longtemps.

Une histoire d’amour avant tout

Aucun des propriétaires ne provenait du milieu agricole avant de créer la ferme. Arielle avait un organisme à but non lucratif qui visait à promouvoir les femmes en entrepreneuriat, alors qu’Arthur avait travaillé dans le milieu de l’environnement.

ferme maraîchère Les dérangés.

Photo : Nordy – Sébastien Fleurant

« Au fil des années, on s’est embarqué dans des emplois, sans trop se poser de questions. Même si j’aimais quand même ce que je faisais, je ne me voyais pas faire ça à long terme dans ma vie », explique Arielle. De son côté, Arthur voyait qu’il n’aidait pas assez l’environnement par son métier, qui était pourtant dans ce domaine.

« Le projet s’est articulé autour de discussions qu’on a eues durant 8 ans, sur notre vision de la vie, les valeurs qu’on souhaitait transmettre dans notre quotidien », souligne Arielle.

Le couple s’est donc posé « trois grandes questions » au fil de ces discussions. « Avec qui on a le goût de passer le plus de temps ? Où est-ce qu’on aimerait travailler ? Puis, quelles valeurs on veut que notre travail évoque ? », rapporte Arthur. C’est avec les réponses qu’ils ont orienté leur projet : travailler ensemble, proche de la nature et véhiculer des valeurs écologiques, sociales et communautaires.

« La vie est courte. Je suis très proche de ma famille et de mes amis. Ça me décourageait que dans mon quotidien, je ne passais pas de temps avec la personne que j’aime le plus au monde et avec mes proches », souligne Arielle, pleine de sagesse. « Ce métier nous permet de travailler ensemble et de grandir ensemble. C’est quelque chose que je n’échangerais pour rien au monde. »

« Ce métier nous permet de travailler ensemble et de grandir ensemble. C’est quelque chose que je n’échangerais pour rien au monde. » – Arielle Beaudin, copropriétaire

ferme maraîchère Les dérangés.

Photo : Nordy – Sébastien Fleurant

La recherche du terrain parfait

En 2018, Arielle et Arthur se sont mis à la recherche de leur propriété idéale. « On cherchait un espace de vie, pas seulement un endroit pour faire une ferme », explique Arthur. Ils ont regardé en Estrie et ailleurs dans les Laurentides, mais c’est à Sainte- Adèle qu’ils sont tombés sous le charme d’un terrain situé à la limite de Sainte-Marguerite-du- Lac-Masson.

Ce dernier était une ancienne ferme laitière et le terrain était déjà défriché. « Ç’a été un coup de coeur immédiat. Tu es dans la montagne, entouré d’une riche biodiversité, de forêts et d’arbres. C’est un lieu enchanteur et typique des paysages des Pays-d’en- Haut », ajoute Arielle.

Malheureusement, la propriété a vite été achetée par quelqu’un d’autre. Les recherches se sont donc poursuivies, mais chaque fois, un problème se révélait avec les autres terrains. Quelques mois plus tard, alors que le couple était sur le point de laisser tomber leur projet, la propriété de Sainte-Adèle est revenue sur le marché. « On s’est tout de suite lancé dessus ! », affirme Arthur.

ferme maraîchère Les dérangés.

Photo : Nordy – Sébastien Fleurant

Garder ses valeurs en tête

Construction d’une serre en hiver, sécheresse durant l’été : la première année de production n’aura pas été de tout repos pour Arielle et Arthur. Ils ont même manqué d’eau.

« C’est le pire cauchemar pour quelqu’un qui part une ferme ! À ce moment, on a compris la valeur de l’eau et qu’il ne fallait pas la tenir pour acquis », raconte Arielle. Ils devaient faire le choix entre prendre sa douche, faire un lavage ou laver les légumes ! « On allait chercher l’eau dans le lac avec un arrosoir à la main », ajoutet- elle.

Par ailleurs, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation classe cette zone comme ayant un faible potentiel agricole. Toutefois, on y retrouve un sol riche en matières organiques, comme il y avait des pâturages avant sur le terrain, affirme Arielle.

« Il y a des moments de découragement, d’épuisement. Mais on se ramène à notre vision, puis de toute façon, demain est là », philosophe Arthur. Sans oublier qu’une petite fille de 2 ans fait aussi partie du projet.

Le soutien de la communauté

Arielle et Arthur vendent leurs aliments à la communauté de Sainte-Adèle principalement. Ils offrent des paniers de légumes auxquels les gens peuvent s’abonner.

« Ç’a été beaucoup de bouche-à-oreille, mais la demande est là. Les gens sont très excités d’avoir une ferme à Sainte-Adèle ! », souligne Arielle. Même que pour plusieurs résidents, la ferme leur rappelle des souvenirs de leur enfance, alors qu’on amenait le lait des vaches laitières à la gare de Sainte-Adèle, raconte-t-elle.

« Il y a beaucoup d’entraide entre les fermiers de la région. Par exemple, quand les gens de la ferme La Récolte de la Rouge ont appris qu’on démarrait notre projet, ils nous ont proposé de l’aide », souligne Arielle.

Un volet agrotouristique

En plus de la ferme, Arielle et Arthur souhaitent aussi développer un volet agrotouristique sur leur propriété. Des évènements, des sites de camping et des visites de la ferme sont dans les plans futurs du jeune couple.

Pour plus d’informations sur Les dérangées, visitez leur page Facebook ou Instagram : @fermelesderanges

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