Maison des parents d’enfants handicapés: un second souffle pour les familles
Dans un quartier résidentiel de Saint-Jérôme, deux maisons abritent la mission de soutenir les familles vivant avec un enfant en situation de handicap. Fondée en 1988, La Maison des parents d’enfants handicapés des Laurentides (LMDP) est aujourd’hui un grand acteur du soutien communautaire dans la région.
Directrice générale de cet organisme depuis septembre 2024, Danielle Landry gravite autour de LMDP depuis une décennie. Ancienne présidente du conseil d’administration, puis retraitée de l’école Horizon Soleil, elle connaît bien les besoins criants des familles et l’importance de l’accompagnement postscolaire pour les jeunes adultes ayant une déficience intellectuelle, avec ou sans déficience physique.
« C’est sûr que c’est les organismes comme nous qui offrent des services de répit aux parents pour les enfants pour la fin de semaine, dans le réseau public, il n’y en a pas. Ça n’existe pas. S’il n’y avait pas les services qu’on offre et qu’ils deviendraient à bout de souffle, leur alternative serait d’aller demander un placement. Leurs enfants se retrouveraient en ressources ou en famille d’accueil parce qu’ils ne sont plus capables de s’en occuper », dit Mme Landry.
Plusieurs services adaptés
L’offre de services de LMDP est vaste et repose sur cinq piliers principaux. Les ateliers de jour pour les 21 ans et plus, le programme Défi Autonomie, les répits de fin de semaine, les camps de jour Caméléon, et depuis 2022, un programme étoffé pour les membres de l’entourage. Avec 332 jours de services offerts entre avril 2024 et mars 2025, la Maison comble certaines lacunes du réseau public, particulièrement en matière de répit et de soutien à domicile.
Les ateliers de jour accueillent de jeunes adultes qui ont terminé leur scolarisation et vivent toujours dans leur famille naturelle. En leur offrant une routine structurée, des activités créatives et communautaires, mais aussi de l’apprentissage fonctionnel, les ateliers permettent aux parents de continuer à travailler, tout en évitant le placement de leur enfant. Un second groupe, le Défi Autonomie, est destiné aux participants ayant des besoins plus complexes et un plus grand niveau de dépendance.
Un filet de sécurité pour les familles
Pour les parents, cet organisme est souvent la seule alternative à l’épuisement. Le service de répit de fin de semaine, par exemple, permet à l’enfant d’être pris en charge de façon sécuritaire pendant 24 à 48 heures. En 2024-2025, 200 familles ont utilisé ce service, totalisant 200 séjours de répit.
Le programme pour les membres de l’entourage, lancé récemment, connaît un franc succès. Il a rejoint 220 personnes cette année seulement. De l’accompagnement psychosocial aux ateliers d’art-thérapie, en passant par des conférences et du soutien administratif, cette branche de LMDP répond à une variété de besoins souvent négligés.
« Si la maison des parents n’existait pas, il y aurait des parents qui auraient beaucoup de difficulté à conserver le noyau familial », résume Danielle Landry.
Relocalisation nécessaire
La maison fait aujourd’hui face à un défi de taille, puisque leurs locaux sont saturés. Situées dans un secteur résidentiel, les deux maisons actuelles ne permettent plus de croissance. Le projet de relocalisation, actuellement en discussion avec la Ville de Saint-Jérôme et la MRC, est crucial pour l’avenir de l’organisme.
Selon la directrice, le déménagement permettrait d’offrir des installations accessibles aux personnes à mobilité réduite, un point faible actuel. Il permettrait aussi de bonifier l’offre de services aux jeunes ayant un polyhandicap, d’ajouter des salles de conférence et de mieux desservir les familles sur liste d’attente.
Une communauté mobilisée
Malgré le financement du PSOC (Programme de soutien aux organismes communautaires) et l’appui de Centraide, les besoins dépassent les ressources. Pour maintenir certaines activités, comme la zoothérapie ou les sorties estivales, l’organisme doit se tourner vers des partenariats privés et des événements de collecte de fonds.
« Ça nous permet de faire des choix qu’on ne ferait pas si on n’avait pas cet argent-là, de moins se restreindre dans nos choix d’activités. […] Les subventions servent beaucoup à payer les salaires et les frais fixes de nos maisons. Mais tous les à côté, ça vient de différents dons ou programmes sur lesquels on fait des demandes, puis qu’on se croise les doigts », explique Mme Landry.
Le 14 juin prochain, le Bar Laitier Casavant de Saint-Jérôme organise une journée de festivités pour souligner leurs 80 ans. Pour l’occasion, une partie des ventes de desserts glacés sera remise à LMDP. « On a accepté, c’est sûr, avec beaucoup de joie. Quand Casavant nous a proposé ça, on s’est dit, pourquoi pas ? Ça avait été super le fun la collaboration qu’on avait déjà eue l’été passé, donc on trouvait que c’était une belle continuité », souligne la directrice.
Un acteur régional
La Maison des parents, c’est aussi un employeur important. Une vingtaine de personnes y travaillent à l’année, un nombre qui grimpe à près de 60 en période estivale. Éducateurs spécialisés, intervenants psychosociaux, étudiants en adaptation scolaire ou psychoéducation : l’organisme est aussi un lieu d’apprentissage et de stage en partenariat avec des cégeps et universités. « Sans tout ce beau monde-là, la maison des parents n’existerait pas. Grâce à nos équipes fidèles, on a des employés qui sont ici depuis sept ans, huit ans, dix ans. On a des gens qui sont au cœur de l’organisme depuis plusieurs années », affirme Danielle Landry.
Avec 197 membres officiels, LMDP vise la croissance. Pour 2025-2026, l’organisme prévoit développer 28 nouvelles journées de répit. On prévoit aussi élargir l’offre aux fratries, et maintenir un rôle dans toutes les MRC des Laurentides.