L’intelligence artificielle au travail : un allié à apprivoiser
L’intelligence artificielle (IA) s’impose de plus en plus dans les milieux professionnels. Bien que certains y voient une menace pour leur emploi, d’autres la considèrent comme une chance de transformer nos façons de travailler.
Pour Simona Gandrabur, directrice du studio de la sécurité de l’IA au Mila, l’IA doit être vue avant tout comme un outil. « Il faut le voir comme un outil qui nous permet d’accélérer certains de nos travaux, de nous rendre plus efficaces, de nous libérer pour faire des tâches encore plus complexes », explique-t-elle. Résumer des textes, faire une revue rapide d’un sujet ou préparer une ébauche de contenu : voilà des exemples où l’IA apporte déjà une valeur ajoutée tangible.
Mais l’experte insiste sur l’importance de rester en contrôle. Selon elle, l’IA ne doit pas remplacer le jugement humain, mais plutôt l’appuyer. « L’important, c’est de s’approprier l’outil et non pas le laisser faire notre travail », précise-t-elle.
Utiliser l’IA logiquement
Selon Mme Gandrabur, l’une des clés d’une utilisation efficace et éthique est de maintenir un regard critique. Elle compare l’IA à un stagiaire : utile pour gagner du temps, mais dont le travail doit être révisé. « Ce n’est pas nécessairement un expert. C’est comme si vous engagiez un stagiaire, et que vous deviez toujours garder un peu un regard alerte lorsque vous vous en servez pour des données factuelles », dit-elle.
Elle explique aussi que cette vigilance est essentielle, surtout lorsque l’on traite des informations précises, puisqu’elles peuvent parfois être erronées. L’enjeu est de tirer profit de la rapidité de l’IA tout en gardant l’humain « dans la boucle » pour assurer la qualité et la fiabilité du résultat.
Reste la grande crainte des travailleurs, celle de la perte d’emploi. Sur ce point, l’experte se montre tout de même optimiste. « Il y a un peu un vertige qu’on partage tous face à cet inconnu-là, parce que cette technologie évolue tellement rapidement », admet-elle. Elle croit toutefois que la meilleure manière de surmonter cette peur est d’apprivoiser progressivement les outils, en les intégrant d’abord dans des tâches simples du quotidien. Les emplois ne disparaîtront pas tous, mais plusieurs seront transformés. L’enjeu, dit-elle, est de faire partie du changement au lieu de le subir.
Rester prudent
Quant aux entreprises, elles doivent avancer avec prudence. L’IA peut grandement aider pour l’efficacité, mais tous les usages ne se valent pas. Par exemple, dans certains secteurs hautement réglementés comme la finance, confier directement des réponses à un agent conversationnel serait irresponsable. L’approche la plus saine, selon Mme Gandrabur, consiste à commencer par des applications internes à faible risque, puis à élargir graduellement.
L’avenir, croit-elle, passera par l’émergence d’agents intelligents capables de gérer de façon autonome des processus entiers, comme le suivi des livraisons, ainsi que par le développement du conversationnel et des outils visuels, déjà en train de révolutionner la création artistique. Mais quel que soit le domaine, elle rappelle l’importance que « tous doivent être accompagnés par un regard critique qui assure l’usage responsable, éthique et sécuritaire de l’IA ».