LGBTQ+ : L’ABC des identités
Par Simon Cordeau
Nos identités sont de plus en plus diversifiées. Pour illustrer cette richesse, nous voulions mettre de l’avant des orientations sexuelles et des identités de genre moins connues. Nous en avons discuté avec Nicolas Courcy, coordonnataire des services LGBTQIA2S+ au centre de santé communautaire Le Dispensaire à Saint-Jérôme. Iel me réfère à un livre, Des mots pour exister par Marie-Philippe Drouin, publié par la Coalition des familles LGBT+.
Ces termes de vocabulaire permettent de « s’autoidentifier » et de « mettre le doigt sur quelque chose qu’on vit », explique Nicolas. « Ça vient donner de la validité à un ressenti. » Ils peuvent aussi soulager un mal-être.
Nicolas, par exemple, s’identifie comme une personne non-binaire. « Le jour où j’ai eu un mot pour définir ma réalité, c’est là que j’ai commencé à comprendre ce que j’étais. Sans le mot, je me sentais anormal, à part, seul. Mais quand j’ai appris la définition de la non-binarité, j’ai réalisé que je n’étais pas seul à vivre cette réalité-là. On est des centaines et des centaines. »
Iel reconnaît qu’il existe beaucoup de mots pour désigner une multitude d’identités. « Ça permet certaines nuances. Je le compare à choisir une couleur de peinture pour une maison. Si je te dis « bleu », tu vas imaginer quelque chose et moi, quelque chose d’autre. Mais si je te dis « bleu poudre », on a une idée beaucoup plus fixe », illustre-t-iel.
Nicolas rappelle aussi que chaque personne a ses propres définitions des termes auxquels ils s’identifient. « La chose importante, c’est de demander : qu’est-ce que ça veut dire pour toi ? Ça nous permet d’être sur la même longueur d’onde. »
Il souligne aussi que dans LGBTQIA2S+, le symbole le plus important est le « + » à la fin. « Parce qu’on n’arrivera jamais avec un acronyme qui représente tout le monde. »
Queer
« Selon ma définition, c’est un terme parapluie assez large pour désigner la diversité sexuelle et la pluralité de genres, avec une connotation militante. […] Il y a un aspect revendicateur, mais pas nécessairement », indique Nicolas.
Mot anglais signifiant étrange, bizarre ou tordu, queer était utilisé comme une insulte avant que les militant LGBT+ ne se le réapproprient dans les années 1980.
« Le mot queer n’a pas de définition unique et figée. Il prend son sens dans son opposition stratégique et contextuelle par rapport aux différentes normes en vigueur dans une société. Le mot queer désigne à la fois un mouvement social, une identité politique, un parapluie d’identités non hétérocisnormatives, un champ de connaissances et une forme artistique », peut-on lire dans Des mots pour exister.
Non-binaire
« C’est une personne qui va se sentir à l’extérieur du spectre binaire du masculin et du féminin », indique Nicolas. Il s’agit aussi d’un terme parapluie qui représente différentes réalités. Il peut désigner une identité qui est un mélange des genres, une fluidité entre les genres, ou même qui n’appartient à aucun genre.
Le livre Des mots pour exister donne des termes plus spécifiques auxquels les personnes non-binaires peuvent s’identifier : bigenre, multigenre, omnigenre, agenre, xénogenre… « Est-ce que ce sont des personnes trans ? Oui et non, ça dépend des aspects », indique Nicolas pour illustrer la complexité des identités possibles.
Asexuel
« C’est une personne qui n’a pas ou très peu d’attirance ou de désir sexuels. C’est comme si elle n’avait pas d’orientation sexuelle », explique Nicolas. Celle-ci peut avoir une vie sexuelle, mais elle est « très variable » d’une personne à l’autre. « Si elle a un certain confort, dans un certain contexte, ou dans un but précis, comme faire un enfant, elle pourrait avoir une sexualité. » Elle peut aussi être autosexuelle, c’est-à-dire qu’elle ne vit sa sexualité qu’avec elle-même.
Nicolas ajoute que les personnes asexuelles peuvent quand même vouloir une relation romantique, où il y aurait des contacts physiques sans être sexuels.
Aromantique
« Une personne aromantique désigne une personne qui ne ressent pas ou […] peu d’attirance romantique ou affective envers d’autres personnes », peut-on lire dans Des mots pour exister. Ainsi, elle peut avoir un ou des partenaires sexuels, mais elle n’aura pas d’attachement amoureux avec eux, ajoute Nicolas.
Bispirituel
« Les identités bispirituelles appartiennent aux personnes et aux communautés des Premières Nations, aux Inuits et aux Métis. […] [Elles] désignent des identités de nature sociales, culturelles et spirituelles en lien avec la pluralité des orientations sexuelles et des identités de genre traditionnelles autochtones », détaille le livre Des mots pour exister.
« Il s’agit d’une identité collective, mais aussi d’un terme parapluie qui englobe une pluralité d’identités individuelles autochtones qui désignent des personnes qui assument des rôles, des caractéristiques et des comportements associés à plusieurs genres pour des raisons personnelles, spirituelles, culturelles, cérémoniales ou sociales. » L’ouvrage indique par ailleurs qu’il existe dans plus de 130 langues autochtones des mots pour désigner des personnes qui ne sont ni hommes, ni femmes.
Pansexuel
« C’est une personne dont l’attirance ne sera pas basée sur un genre », indique Nicolas. Cela ne veut pas dire qu’elle est attirée par tout le monde, précise-t-iel cependant. « Il y a quand même des caractéristiques qu’on cherche dans un partenaire : des champs d’intérêt, des traits de personnalité, une personne plus grande, etc. Mais le genre n’en fera pas partie. »
Intersexe
« C’est une personne qui, au niveau corporel, a des signes masculins et féminins. Elle peut, à la naissance, présenter des organes à mi-chemin entre les deux, ou avoir certains types d’organes qui se développent différemment à l’adolescence », explique Nicolas. Auparavant, on utilisait le terme hermaphrodite.
Nicolas considère que c’est une réalité dont on parle peu, mais qui est pourtant plus présente qu’on le croit. « Il y en aurait autant dans la population que des personnes rousses », illustre-t-iel. Cela peut être dû à des différences au niveau des hormones ou des chromosomes. « Certains ont un chromosome X avec une petite branche, mais qui n’est pas vraiment un Y. Certains ont 3 chromosomes sexuels. » Parfois aussi, le genre qui s’exprime biologiquement est différent de celui des chromosomes. « Le genre est une science très complexe », conclut Nicolas.