Jeunes et chômage : un marché du travail plus serré dans les Laurentides

Par Alexane Taillon-Thiffeault

Le marché du travail des jeunes dans la région des Laurentides traverse une période difficile. Alors que le taux de chômage global reste relativement bas à 4,3 %, la réalité est un peu plus préoccupante pour les jeunes. Au Québec, les jeunes de 15 à 24 ans voient leur taux de chômage grimper à 10,9 % au printemps 2025, contre 6,8 % deux ans plus tôt. Les 25-44 ans sont aussi touchés, leur taux ayant bondi de 35 % depuis 2022.

Dans les Laurentides, la situation apparaît paradoxale : la région fait mieux que la moyenne québécoise, mais la chute de 39 % des postes vacants au premier trimestre de 2025 rend l’accès à l’emploi particulièrement difficile pour les jeunes. « On voit que le marché du travail s’est beaucoup resserré », explique Michel Bélanger, conseiller d’orientation chez Cap Emploi à Saint-Jérôme. « Dans la clientèle, l’immigration est de plus en plus présente, et elle revendique son droit au travail. » À cela s’ajoute l’incertitude économique, qui pousse parfois certains employeurs à créer des postes à temps partiel plutôt qu’à temps plein.

Plus de candidats, plus d’exigences

La pandémie avait bouleversé l’équilibre, créant un marché de surchauffe où les employeurs cherchaient désespérément de la main-d’œuvre. Mais aujourd’hui, dit M. Bélanger, « c’est comme un retour du balancier ». Il remarque même qu’il y a beaucoup de jeunes de 14 ou 15 ans, chose qu’on ne voyait pas nécessairement avant. Pour lui, cela illustre la diversité grandissante de la main-d’œuvre. « Peut-être que les employeurs ont plus accès à un bassin d’employés diversifiés, comme des 50 ans et plus, la clientèle immigrée, et il y a plus de chercheurs d’emploi. Donc évidemment, ils vont choisir ce qui peut être mieux pour l’entreprise aussi. »

Les exigences des employeurs se sont aussi durcies. « Avec plus de choix, ils vont être plus exigeants dans leurs critères », dit-il. Les jeunes doivent donc composer avec des attentes plus élevées en matière d’expérience et de savoir-faire. Certains se heurtent à des offres qui ne correspondent pas à leur formation, d’autres manquent de qualifications techniques, particulièrement dans les domaines spécialisés.

Chez Cap Emploi, les conseillers ne voient pas forcément plus de jeunes demandeurs d’emploi, mais les situations sont plus lourdes qu’avant. « Je dirais que le degré d’intensité au niveau des requêtes est plus sévère encore. Donc, par rapport au logement, par rapport à la précarité financière, la précarité psychosociale, le degré de sévérité des demandeurs a augmenté. »

Des stratégies pour se démarquer

Face à cette réalité, l’accompagnement devient crucial. « Premièrement, c’est de bien se connaître, de faire des choix éclairés, mais il faut avoir confiance en soi aussi », explique M. Bélanger. Selon lui, les jeunes doivent connaître la réalité du marché du travail, comprendre quelles adéquations ils peuvent faire entre leur profil et les exigences des employeurs, puis se préparer en conséquence.

Cela passe aussi par des stratégies concrètes. « Beaucoup de candidats envoient leur CV par Indeed ou par les méthodes plus actuelles. Moi je vais suggérer : « vas-y, va te démarquer, va cogner à la porte, fais une belle présentation, un beau sourire » », dit-il. Car selon lui, « on embauche une personne avant tout pour ce qu’elle peut représenter, au-delà des compétences, c’est la personnalité, le bon fit avec l’entreprise ».

Malgré les obstacles, la région dispose d’opportunités à saisir. Des projets dans les infrastructures, la relance culturelle et communautaire ou encore la construction de logements peuvent générer des emplois intéressants. Mais pour que ces initiatives profitent aux jeunes, elles doivent être accompagnées de mesures concrètes : formations adaptées aux besoins locaux, stages rémunérés, mentorat ou programmes de jumelage avec des employeurs.

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