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2022 : année éprouvante pour les organismes communautaires

Par Aurélie Moulun

La pandémie a été une source de défis pour les organismes communautaires de la région. Bien que sa propagation ait ralenti cette année, 2022 a été une année plutôt éprouvante pour les organismes communautaires de la région. Notamment, en matière de main-d’oeuvre et de bénévoles et en raison de l’augmentation de la demande.

Pour Violaine Guérin, coordonnatrice pour le Conseil Régional de Développement Social des Laurentides (CRDSL), les organismes ont rencontré encore plusieurs défis cette année. D’une part, la pénurie de main-d’oeuvre affecte directement les organismes. « On observe un exil des bénévoles du monde communautaire vers le domaine de la santé. Les gens cherchent de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires. Mais on n’a pas les mêmes grilles salariales que les entreprises, donc nos salaires sont moins compétitifs. Ce n’est pas parce qu’on ne veut pas, c’est parce qu’on n’a pas le financement nécessaire », déplore la coordonnatrice. « Même si on offre une grande flexibilité des horaires et une grande capacité d’adaptation, ce n’est pas assez », ajoute-t-elle.

Les organismes manquent de bénévoles

Benoit Larocque, coordonnateur du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL), abonde dans le même sens. « Les membres nous en parlent de la pénurie de main-d’oeuvre. Mais on n’a pas les conditions qu’il faut pour y remédier à cause du financement », explique-t-il. M. Larocque ajoute toutefois que la situation s’améliore depuis septembre. « Les bénévoles commencent à revenir. Les personnes aînées peuvent maintenant sortir, donc on a plus de bénévoles. »

En plus du manque d’employés et de bénévoles, Violaine Guérin observe un fort roulement de ceux qui viennent prêter main forte. « On n’arrive pas à développer une expertise au sein des organismes. Pour dire que l’on a une expertise, il faut rester 5, 10 ou 15 ans. Mais le roulement des employés et des bénévoles ne permet pas de maintenir cette expertise dans le domaine communautaire. Ça crée une pression sur les directions générales parce qu’il faut accueillir et former le nouveau personnel. Ça demande de l’énergie. Et s’il repart, ça rajoute du stress parce que le processus est à recommencer », indique la coordonnatrice.

Augmentation de la demande

D’autre part, l’augmentation de la demande liée à l’inflation constitue également un défi qu’ont dû relever les organismes communautaires cette année. « L’augmentation des loyers et du panier d’épicerie ont touché une nouvelle clientèle. Des travailleurs à temps plein, qui font partie de la classe moyenne, ce ne sont pas des personnes vulnérables à la base. Mais avec l’inflation, elles le sont devenues. Elles commencent à faire appel aux banques alimentaires. Elles ont de la difficulté à se nourrir et se loger aujourd’hui », explique Mme Guérin. Cette situation augmente donc la pression sur le milieu communautaire.

Pour Benoit Larocque, un autre grand défi des organismes communautaires a été de « trouver notre sens collectif dans un contexte de distanciation ». M. Larocque explique que la rencontre et le rassemblement sont au coeur de leurs activités communautaires. « On a eu de la difficulté à trouver une vitesse de croisière. Notre ADN, c’est la rencontre. Alors cette situation, c’était un peu contre nature pour nous », souligne-t-il. Toutefois, M. Larocque observe un graduel retour à la normale. « Avec le ROCL, on n’a jamais donné autant de formations pour des organismes que cet automne », indique-t-il.

Défis à venir en 2023

Violaine Guérin, croit que le « plus gros défis pour 2023, ce sera le recrutement et la rétention de la main-d’oeuvre et des bénévoles », souligne-t-elle. « Il va falloir développer une marque de ressources humaines. Il faut donner l’envie aux gens de venir travailler avec nous. Ça se fait en offrant des conditions de travail autres que le salaire. Par des accès au cinéma ou des abonnements au gym, par exemple », explique-t-elle. « Il faut se réinventer. »

L’enjeu principal de 2023, pour Benoit Larocque sera un enjeu de « déversoir », dit-il. Il portera donc attention au plan de la réforme du système de santé de Christian Dubé. « Les réformes ont un impact sur les organismes communautaires. Les difficultés dont le réseau ne pourra pas s’occuper, ça va continuer de se déverser dans le réseau communautaire. S’il y a un problème alimentaire, la pression est remise sur les organismes communautaires. S’il y a un problème d’itinérance, ça retombe sur les organismes communautaires. Plutôt que de mettre en place des mesures économiques, le gouvernement nous refilent les responsabilités », détaille M. Larocque.

« On n’est pas le dernier filet du gouvernement, on est le dernier filet des personnes pour lesquelles on existe. » – Benoit Larocque

« C’est comme quand on entend parler de la santé mentale. Les listes d’attente sont très longues. Alors si quelqu’un téléphone au 811, on le transfert à un centre communautaire. Ça fait que l’on se retrouve avec des personnes qui ont des besoins beaucoup plus grands que ce que l’on a à offrir. Dans les organismes, on fait de la prévention, pas de la thérapie », ajoute-t-il.

 

 

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