(Photo : Nadine Filion)
Le prix de réfection risque de doubler si un chemin sur le barrage est maintenu au Lac Maillé.

Réfection de barrage : des Hippolytois inquiets de payer une facture et des amendes salées

Par Luc Robert

Une éventuelle réfection du barrage du lac Maillé par cadastre vertical de propriété, au lieu du modèle traditionnel établi à partir de la largeur, pourrait faire économiser des sommes importante aux résidents de Saint-Hippolyte.

Voilà une décade que cette petite communauté de quelque 110 habitations, située aux abords du boulevard des Hauteurs cherche à savoir qui héritera de la facture variant entre 600 000 $ (sans chemin) et 1,3 M $ (avec chemin sur le barrage) pour refaire l’ouvrage à forte contenance, selon les estimés avancés de Parallèle 54, une firme de conseillers en ingénierie basée à Saint-Esprit.

« Le Centre hydrique du Québec a constaté que trois éléments de l’ouvrage ne sont pas légaux : le déversoir n’est pas conforme puisqu’il contient un tuyau de ponceau (culvert) en métal rouillé. De plus, il n’y a pas une bonne marge de revanche et une pente très verticale qui existe à proximité. Vu que la municipalité n’a pas établi de politique sur les barrages et digues, elle voudrait s’appuyer sur le principe de l’utilisateur-payeur, soit un règlement à 80 % par les résidents et 20 % par la municipalité (possible pour le chemin). « On trouve ça exagéré : 1,3 M $ et peut-être 1,5 M $ et plus, depuis le temps où l’étude a été réalisée, ça pourrait représenter 30 000 $ par porte, soit environ 1 200 $ par propriétaire local par année (taxe sectorielle), pendant 20 ans. Évidemment, il n’y a personne qui est prêt à défrayer un tel montant ici », a expliqué Mme Nadine Filion, une résidente du secteur, qui ne reconnaît pas la propriété du barrage qui passe en partie sur son terrain.

Le barrage du Lac Maillé (nommé les Hauteurs, no. X0004781) fait partie des trois ouvrages connus à forte contenance du territoire de Saint-Hippolyte, avec ceux du Lac Fournelle (nommé Weisbord Acres, no. X0004791) et du Lac des Sources (no. X2014066) au répertoire des barrages du Ministère de l’environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). Saint-Hippolyte compte un total de 34 barrages et digues connus au même registre. À noter la présence d’un autre barrage à forte contenance à proximité, soit celui du Lac Écho (no. X0004767) qui se trouve lui sur le territoire de Prévost.

Inondation en 1959

En 1959, le barrage du Lac Maillé avait cédé et s’était vidé. (Photo: Courtoisie)

« Il y a déjà eu une rupture du barrage du lac Maillé (artificiel) et des terres ont été inondées en 1959. Il paraît que ça avait coulé jusqu’à Sainte-Sophie. C’est un enjeu qui dépasse la politique municipale. Mais qui dit barrage à forte contenance, signifie aussi que les propriétaires ont des obligations légales importantes, comme notamment d’obtenir l’autorisation du ministre pour des travaux majeurs, la surveillance et l’entretien réguliers, l’établissement d’évaluations de sécurité par des ingénieurs, la mise en place de plans d’urgence et de gestion des eaux, la tenue d’un registre du barrage et la réalisation des correctifs nécessaires pour assurer la sécurité des personnes et des biens. Nous sommes des propriétaires de propriétés privées et personne n’a les moyens de financer tous ces travaux. Or, le Centre hydrique soutient que s’il n’y a pas de réfection dès novembre, on pourrait se retrouver avec une amende de 750 $ par jour, de mémoire. La ville nous a bien aidés jusqu’ici, mais il faut que le dossier se règle une fois pour toutes », a poursuivi Mme Filion.

Le Comité des citoyens du Lac Maillé a été reformé, après un arrêt momentané de ses activités. Mme Filion s’en est retirée, pour ne pas être en conflit d’intérêt.

« Il paraît que vider le lac coûterait plus cher que les réfections selon des experts. M. Bruno Bergeron, technicien en arpentage, vient peut-être de trouver la solution miracle pour toutes les municipalités du Québec aux prises, comme la nôtre, avec des barrages et des infrastructures vieillissantes. À la fin de la semaine dernière (20 octobre), Mesdames Isabelle Poulin et Sonia Tremblay ont répondu à l’appel pour nous informer à propos de leurs solutions », a souligné Nadine Filion.

Mme Poulin en a profité pour préciser sa pensée par rapport à ce dossier.

« Une répartition des coûts et des responsabilités sera établi selon les bénéfices réels et les usages concrets proposés. Il existe des subventions pour ce type de travaux. Alors que la réfection au lac Maillé divise depuis trop longtemps, on propose une solution innovante, équitable et durable, via le cadastre vertical. (…) Une telle façon d’aborder la répartition des coûts pourrait même devenir un modèle pour d’autres municipalités du Québec confrontées à des défis similaires », a prédit Isabelle Poulin, candidate à la mairie de Saint-Hippolyte pour Équipe Isabelle Poulin.

Pour sa part, la candidate à la mairie Sonia Tremblay veut tout d’abord procéder à un inventaire.

« Ce problème a déjà été abordé, étudié et considéré sur le plan de la répartition dans ce dossier. Je persiste et je signe : j’avais posé des questions à ce sujet tout comme les citoyens du lac Maillé. Quant à la possibilité de taxe générale refilée à tous les Hippolytois, elle ne peut être faite sans la tenue d’un référendum. Sinon, ça contrevient à la loi de la fiscalité municipale. Il faudrait commencer par faire un inventaire des barrages et digues créés par des humains, vérifier leur état, voir qui va payer autour du lac, riverains et/ou la population en général », a évoqué la meneuse du Collectif vision citoyenne.

Une taxe de secteur ou générale pour l’ensemble des contribuables pour réparer le barrage du lac Maillé semble impopulaire.

« Une taxe générale est un couteau à double tranchants. Tout dépend de ce que les citoyens sont prêts à payer. L’idéal serait de déclasser le barrage vers un ouvrage à faible contenance, donc avec moins de responsabilités à la clé. Mais le Ministère de la sécurité publique et le Centre hydrique du Québec sont contre. Il ne faudrait pas se retrouver comme au Domaine des chutes, au lac de l’Achigan, où le Ministère avait vidé le plan d’eau », a commenté le maire sortant Yves Dagenais.

Quant à son absence à l’événement extérieur des citoyens du lac Maillé, M. Dagenais s’explique : « Mme Filion m’a sollicité verbalement au débat des chefs, mais je n’ai jamais reçu de courriel d’invitation par écrit. Elle m’a aussi dit qu’il ne pourrait peut-être ne pas avoir lieu. De toute façon, j’aurais donné les mêmes réponses que par le passé. Tout dépend de la volonté des citoyens », a-t-il résumé.

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