Quel espoir reste-t-il pour la famille Zamudio ?
Par Rédaction
SAINT-JÉRÔME. Le 23 mai dernier, deux jours après une soirée de soutien à la famille, les Zamudio apprenaient lors de la comparution à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, que leur départ était fixé au 25 juin prochain, date butoir.
« J’ai peur, nous confie Luz Maria Zamudio, l’émotion dans la voix. Les cartels qui nous cherchent là-bas, ce n’est pas fini. Je ne sais pas comment on va habiter là-bas, toujours caché, en changeant toujours de noms. Et c’est certain qu’on va toujours changer de villes. Je suis très inquiète pour ma famille. Comment est-ce que je vais pouvoir garder mes enfants? Comment faire pour leurs études? J’ai aussi dans la tête qu’on me dise un jour qu’un de mes enfants ne soit plus en vie… »
Une situation dangereuse
L’avocat de la famille, Me Stewart Istvanffy, et le député de Rivière-du-Nord, Pierre Dionne Labelle, s’accordent pour dénoncer que la situation au Mexique est dangereuse, que les Zamudio ne seront jamais en sécurité au Mexique, car tous les cartels y sont réseautés et de connivence avec la police, et que leur dossier de demande de statut de réfugié pour raisons humanitaires est parfait.
« Récemment, nous avons eu une audience à la Cour fédérale où nous avons plaidé que leur décision de les refuser comme réfugiés était mal fondée. « En réalité la famille Zamudio est victime d’une politique de discrimination plus ou moins éhontée contre les réfugiés mexicains », avançait l’avocat lors de la soirée de soutien à la famille, mercredi dernier, à Saint-Jérôme.
Me Stewart Istvanffy estime que le Mexique connaît, en ce moment, une des plus grandes crises des droits humains de son histoire. «On dit que plus de 70 % des municipalités sont pénétrées par les cartels. La jurisprudence par rapport au Mexique signale qu’il y a absence de la protection de l’état, une situation où le pouvoir judiciaire et la police ne réussissent plus à donner une protection face à la violence qui est en train de détruire le Mexique »
Selon l’avocat, le Mexique est un pays qui vit une crise et des victimes de cette crise viennent au Canada pour demander la protection. «Malheureusement, nous avons un gouvernement qui dit qu’il ne veut plus de réfugiés en général et particulièrement des réfugiés mexicains.»
«Dans ce cas, le juge a dit : vous pouvez vivre ailleurs au Mexique en nommant trois villes qui sont réputées dangereuses. Et il y a une situation objective qui montre qu’il y a vraiment un danger pour eux»
Il reste, comme recours, la demande déposée pour raisons humanitaires il y a sept mois (un dossier prend 24 mois pour être traité). « S’il y avait une volonté politique, ce recours pourrait été décidé n’importe quand, surtout que nous avons un dossier en or. Une injustice profonde est en train de se passer avec cette famille !» laisse tomber Me Itsvenffy.
« La famille Zamudio doit être acceptée au pays pour considération humanitaire », martèle de son côté Pierre Dionne Labelle qui s’est attelé à trouver des recours du côté politique.
D’autant qu’ici, à Saint-Jérôme, les membres de la communauté disent qu’ils veulent les garder avec eux. Les Zamudio forment une famille modèle, productive et remarquablement bien intégrée, qui a appris le français en très peu de temps et jouit de l’appui sans réserve de ses concitoyens.
Le député a déposé lundi dernier au greffier de la chambre des communes à Ottawa une pétition, initiée par lui, de 1 200 signatures. La pétition circule toujours.
Par contre, on nous dit au bureau de Pierre Dionne Labelle qu’« il n’y aura pas de possibilité de report de la date du départ pour laisser le temps à la demande humanitaire d’être examinée.»
la famille Zamudio
Installée au Québec depuis quatre ans, la famille jérômienne d’origine mexicaine, formée de de Luz Maria Zamudio, Gaspar Butanda, son mari, et les enfants, Estaphany et Jesus, âgés de 20 et 16 ans, devra quitter le Québec au plus tard le 25 juin prochain. La Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada a en effet ordonné à la famille Zamudio de rentrer au Mexique, même si celle-ci affirme qu’elle fait l’objet de menaces de mort là-bas et qu’elle va devoir vivre dans la clandestinité en attendant le résultat de sa demande de statut de réfugiée pour raisons humanitaires.