Chaîne de vie : une non-voyante réussit à gravir le Mont-Tremblant au profit des dons d’organes
Par Luc Robert
En octobre dernier, Anna Lemay, une étudiante non-voyante de la Polyvalente de Saint-Jérôme, a relevé le défi de grimper le Mont-Tremblant jusqu’à son sommet, afin de sensibiliser la population au consentement des dons d’organes et de tissus.
Pas moins de 115 étudiants et 5 enseignants ont participé à l’ascension du Mont-Tremblant. L’activité avait lieu pour une cinquième année et a notamment été supervisée par l’enseignante Dora Aczél Bastien. « La montée visait à sensibiliser la population dans le cadre de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe. Une quinzaine d’escalades de montagnes ont été organisées à cette occasion, partout au Québec. Pour notre 5e édition à Tremblant, nous avons eu l’honneur d’accueillir en personne la présidente de Chaîne de vie, Mme Lucie Dumont. Nous étions très heureux de compter sur la présence de cette porte-étendard. En tant qu’enseignante, j’ai encouragé mes élèves à se sentir concernés par cette cause importante et à l’endosser. Ça faisait partie de notre cursus d’action-service. Leur réponse a été excellente », a commenté Mme Aczél Bastien.
Pour la fondatrice de Chaîne de vie, l’événement de Tremblant a comblé les attentes.
« Grimper sur le Mont-Tremblant avec près de 120 jeunes aussi passionnés m’a profondément émue. Leur énergie, leur cœur et leur engagement étaient visibles. Les entendre répéter fièrement Chaîne de vie aux personnes croisées sur le sentier témoignait du sentiment d’appartenance et de la force du message reçu. Quand on touche le cœur des jeunes, on constate qu’ils sont prêts à soulever des montagnes. Ils incarnent tout ce que nous souhaitons pour demain : une société plus informée, altruiste et en santé », a louangé Mme Lucie Dumont.
Au-delà des limites
La jeune Anna Lemay, élève de secondaire 4, a motivé ses camarades à se relever les manches pour l’occasion. « À 15 ans, Anna est une jeune femme impliquée et fascinante. Même si elle est albinos et qu’elle distingue seulement des ombres et peu de détails, elle est autonome. Elle pratique le vélo de montagne et a mené à terme sa montée à pied de Tremblant. Elle a été incroyablement inspirante dans sa quête. Elle a bien mis en pratique sa philosophie de mordre dans la vie », a ajouté Dora Aczél Bastien.
La jeune fille a particulièrement goûté l’activité de sensibilisation. « J’ai trouvé la montée difficile et ça m’est passé par la tête d’abandonner. Mais j’ai persisté pour celles et ceux qui attendent un don d’organe. J’ai persévéré parce que je me trouve chanceuse d’avoir un corps fonctionnel, malgré ma différence (yeux). Mon message aux patients reste de ne jamais abandonner : l’espoir demeure, ce qui nous permet souvent de vivre et d’aller mieux », a-t-elle lancé comme message. Le grand rassemblement annuel, organisé par l’organisme Chaîne de vie, visait également à sensibiliser les politiciens.
« Au Québec, le consentement du don d’organe est requis. M. (François) Legault veut changer la loi. On devrait faire comme en Nouvelle-Écosse et en Europe : dès la naissance, tu peux devenir un donneur. Mais il faut que ça demeure un don. Et c’est par l’éducation que la reconnaissance du programme Chaîne de vie se poursuivra. Il faut démystifier tout ce qui est rattaché aux dons d’organes », a conclu Mme Aczél Bastien.
Depuis 2014, Chaîne de vie a sensibilisé plus de 350 enseignantes et enseignants, en plus de 400 000 jeunes de 15 à 17 ans aux dons d’organes et de tissus.