L'ours noir est beaucoup plus dangereux que le loup
Par Lpbw
MONT-TREMBLANT – Le loup vit librement dans les forêts de résineux du parc national du Mont-Tremblant dont il est d’ailleurs l’animal emblème. Tout récemment, des citoyens de la région ont dit avoir aperçu un ou des loups rôder dans le secteur de Lac-Supérieur. Réalité ou légende?
L’information est vraie, a confirmé David Doughty, directeur général de cette municipalité. « Le loup nous évite », nous a-t-il dit au bout du fil. « Ici, nous n’avons aucune raison d’avoir peur d’eux ».
Point de vue Laurentides a consulté Jacques Prescott, réputé biologiste et professeur associé à la chaire Éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi. Cet expert a bossé de nombreuses années au ministère de l’environnement du Québec. Il est co-auteur du guide best-seller « Mammifères du Québec et de l’est du Canada », dont la 3e édition bonifiée vient d’être publiée aux Éditions Michel Quintin.
« Une rencontre loup-homme est extrêmement rare », commence-t-il. « Sachez que ceux qui en ont déjà croisé dans la nature sont des privilégiés. Je connais des experts qui n’ont pas eu cette chance malgré toutes leurs années de recherches sur le terrain. Ils n’ont vu des loups qu’en photo! »
Une réinsertion accentuée des loups dans la MRC des Laurentides est-elle souhaitable, serait-ce pour contrer la prolifération de chevreuils dans notre région?
Non. En 2002 au Québec, on estimait à 7 000 le nombre de loups vivant au nord du fleuve St-Laurent. Plus de 12 ans plus tard, les cervidés – l’appât principal du loup – sont en hausse depuis ce temps-là. Bref, comme on ne fait plus leur piégeage comme on le faisait dans les années 40, époque où on croyait que les loups étaient une espèce nuisible, on a tout lieu de croire que leur population est elle aussi en belle progression, tout comme celle des coyotes, également prédateurs des cerfs de Virginie, mais dans les zones plus "périurbaines".
Doit-on craindre la proximité des loups pour les campeurs au parc du Mont-Tremblant?
Non. On arrive à éloigner les loups devenus trop familiers avec les terrains de camping (où ils aiment chaparder de la nourriture) en installant une ligne de Fladry, soit une simple corde, parée de petits fanions colorés, accrochés à intervalles réguliers et touchant à peine le sol. Ça marche. Le loup a une grande crainte de traverser ces lignes.
A-t-on raison d’avoir peur des loups, même à bonne distance de soi?
Pas du tout. Il n’y a aucun danger parce que le loup s’éloigne spontanément de l’humain. L’animal sauvage qui serait plus dangereux pour l’homme, c’est bien davantage l’ours.
L’ours noir ou brun?
L’ours noir est beaucoup plus dangereux. Il est tout en haut de la pyramide alimentaire. Ses attaques de l’humain sont beaucoup plus fréquentes que celles du loup. Je n’ai d’ailleurs aucune documentation récente sur une attaque d’un humain par un loup.
Y a-t-il beaucoup d’ours noirs dans notre secteur?
On en dénombre environ 60 000 au Québec. Il y en a partout, surtout là où poussent en abondance des petits fruits, bleuets, framboises, fraises et autres… Il faut être attentif quand on se promène en sentiers dans votre région (Laurentides). On recommande d’avoir sur soi une clochette (pour prévenir l’animal de sa présence et éviter une réaction agressive en cas de surprise). En général, en entendant ce bruit, l’ours va s’éloigner. De toute façon, dans mon livre ("Mammifères du Québec"), on trouve à la page 227 des conseils de sécurité à suivre lorsqu’on rencontre un ours noir. Il faut être vigilant lorsqu’on se promène en forêt, surtout à ce temps-ci de l’année (mars-avril), quand la nourriture est rare au printemps et la mère-ours est sortie de la tanière avec ses bébés. Elle cherche de la nourriture pour elle-même parce qu’elle doit allaiter ses petits. Elle devient alors plus nerveuse, plus agressive. Suivez-nous sur Twitter (mediapointdevue), Facebook (Point de vue Laurentides) et You Tube (mediapointdevue).