L’immobilier plus prisé que jamais dans les Laurentides

Par Simon Cordeau

Les Laurentides ont connu un boom immobilier sans précédent en 2020, selon un rapport publié par l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). Pour mieux en comprendre les causes et les impacts, nous avons discuté avec Charles Brant, directeur du service de l’analyse du marché et porte-parole de l’APCIQ.

Avant la pandémie, la région connaissait déjà un essor démographique et économique soutenu. Cela faisait déjà augmenter la demande pour l’immobilier, explique M. Brant. « Les conditions de marché s’amélioraient rapidement, mais n’étaient pas à l’avantage des vendeurs. Tout a changé avec la pandémie. Les choses se sont accélérées. »

Dans l’agglomération de Saint-Sauveur, les ventes ont augmenté de 42 % en 2020 par rapport à 2019. Dans celle de Sainte-Adèle, c’est une augmentation de 57 %, et de 64 % pour Sainte-Agathe-des-Monts. La valeur des transactions, elle, a bondi de 76 % à Saint-Sauveur, de 117 % à Sainte-Adèle et de 99 % à Sainte-Agathe.

À la recherche d’une nouvelle vie

Les bouleversements de la pandémie ont amené bien des gens à chercher une meilleure qualité de vie, explique M. Brant. D’un côté, le télétravail permet aux gens d’habiter loin de leur emploi, mais redéfinit aussi leurs besoins.

« Les gens cherchent une propriété plus grande, plus d’espace, pour ne pas se gêner avec le travail et les enfants à la maison. La propriété devient donc une combinaison de plusieurs choses : une résidence, un lieu de travail, un lieu de loisir aussi. »

Comme les options de voyage sont restreintes, pourquoi ne pas choisir une propriété qui offre des lieux de divertissement et de plein air à proximité? Ainsi, pour un citadin voulant s’éloigner des grands centres, les Laurentides sont particulièrement alléchantes.

Augmentation des prix

Résultat : la demande pour l’immobilier a explosé en 2020, mais l’offre est restée sensiblement la même. Cela fait augmenter les prix, alors que les vendeurs ont l’avantage durant les négociations et que les acheteurs se livrent une surenchère. Cela peut nuire aux résidents locaux, qui doivent rivaliser avec des acheteurs plus fortunés de l’extérieur, avertit M. Brant.

Le phénomène n’est pas limité aux Laurentides. On l’observe aussi dans Lanaudière et en Estrie, ainsi qu’en périphérie des régions métropolitaines. Mais il est plus marqué dans les Laurentides, en raison de la villégiature. « L’achat de résidences secondaires est très important. La pandémie profite davantage à ceux qui ont déjà une propriété ou un emploi stable qui n’est pas affecté par la crise. » Certains achètent aussi plusieurs chalets dans l’intention de les louer. Ainsi, M. Brant craint qu’un marché à deux vites-ses est en train de se former, qui pourrait rendre l’accès à la propriété difficile pour les nouveaux acheteurs.

Par rapport à 2019, les ventes résidentielles ont augmenté en 2020 de :

  • Province de Québec : 17 %
  • Saint-Jérôme : 18 %
  • Saint-Sauveur : 42 %
  • Sainte-Adèle : 57 %
  • Sainte-Agathe-des-Monts : 64 %
  • Mont-Tremblant : 59 %

La valeur des transactions a augmenté de :

  • Province de Québec : 32 %
  • Saint-Jérôme : 39 %
  • Saint-Sauveur : 76 %
  • Sainte-Adèle : 117 %
  • Sainte-Agathe : 99 %
  • Mont-Tremblant : 107 %

Trop de demande

Malgré la demande grandissante, le nombre de propriétés à vendre reste limité. À Saint-Jérôme, par exemple, les ventes n’ont augmenté que de 18 % en 2020, comparé à 17 % pour l’ensemble du Québec. « J’ai parlé à des courtiers à Saint-Jérôme, et il n’y a pas de propriétés sur le marché, présentement. On atteint un certain plafonnement. »

Le secteur de la construction est dynamique et forme une partie importante de l’économie des Laurentides. Mais elle tarde à satisfaire à la demande. « Les coûts de construction sont élevés, autant pour la main d’œuvre, les matériaux et les terrains. Donc les prix des nouvelles propriétés ne sont pas très compétitifs », indique M. Brant.

D’autres facteurs provoqués par la pandémie viennent aussi influencer l’offre. Par exemple, des personnes âgées retardent la vente de leur propriété… et leur déménagement en CHSLD.

« Autre phénomène anecdotique : la séparation des ménages. Cela crée une demande supplémentaire sur le marché des Laurentides. Il y a aussi moins de mariages depuis le début de la pandémie. Sur le marché, on le voit, il y a plus d’individus seuls qui se cherchent une propriété. »

Ralentissement en 2021?

En ce moment, l’engouement est tel que certains acheteurs paniquent. Voyant les prix augmenter, ils ont peur de manquer le bateau et précipitent leur achat. Les taux d’intérêt, qui sont à un plancher historique, encouragent aussi les achats.

À quoi ressemblera le marché immobilier cette année? « Les choses devraient se calmer durant la deuxième moitié de 2021 », prévoit M. Brant. Certaines propriétés devraient retourner sur le marché, en particulier si la pandémie se poursuit. Le ralentissement de l’économie pourrait mener à des faillites et des défauts de paiement. Les taux d’intérêt pourraient aussi augmenter dans les années à venir, selon plusieurs prévisions.

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