(Photo : Courtoisie)

Les Laurentides en marche pour les droits des femmes

Par Alexane Taillon-Thiffeault

Du 23 septembre au 9 octobre, les Laurentides ont marché pour l’égalité. À l’occasion de la Marche mondiale des femmes 2025, le Réseau des femmes des Laurentides (RFL) a coordonné six événements locaux, organisés de Mont-Laurier à Sainte-Thérèse, pour porter haut les revendications régionales du mouvement.

« La Marche mondiale revient tous les cinq ans, explique Isabelle Thibault, coordonnatrice générale du RFL. On y participe toujours avec les orientations nationales, mais cette année, on a voulu identifier nos propres priorités régionales, celles qui reflètent la réalité des femmes des Laurentides. »

Trois axes de revendication

Après une vaste tournée de consultations auprès de ses 24 groupes membres – maisons d’hébergement, centres de femmes, syndicats et autres organismes – le RFL a défini trois grands axes de revendication : la sécurité des femmes, leur autonomie économique et leur santé.

« On a pris le temps d’écouter les femmes de notre région, raconte Mme Thibault. Ce qu’on constate, c’est que les inégalités persistent et que certaines réalités s’aggravent, notamment la pauvreté et la précarité du logement. »

Ces enjeux, explique-t-elle, sont exacerbés par un contexte d’austérité. Les compressions fédérales et provinciales dans les services publics et les institutions comme la CNESST ou l’IVAC ralentissent l’accès à des ressources essentielles. « Quand les postes sont coupés, les dossiers traînent, dit-elle. Et ce sont en grande majorité des femmes qui subissent les conséquences. »

Le désengagement de l’État

Selon la coordonnatrice, les organismes communautaires se retrouvent de plus en plus seuls à soutenir les femmes. « On milite depuis longtemps pour un financement à la hauteur des besoins, souligne-t-elle. Au RFL, nous ne sommes que deux employées. Si on veut faire plus, il faut passer par des projets temporaires, mais ce n’est pas viable à long terme. »

Ce sous-financement chronique, estime-t-elle, découle aussi d’une perception persistante : « Quand ça concerne les femmes, on dirait que c’est moins grave. Les travailleuses du communautaire vont faire plus avec moins. Elles vont pallier. Et ça, les bailleurs de fonds le savent trop bien. »

Des actions locales pour un mouvement global

Plutôt que de centraliser la mobilisation, le RFL a choisi de déployer six actions locales dans la région : à Mont-Laurier, Rivière-Rouge, Lachute, Saint-Eustache, Saint-Jérôme et Sainte-Thérèse. « Ce n’est pas tout le monde qui veut ou qui peut aller à Québec, explique Isabelle Thibault. On a organisé des autobus pour justement démocratiser le transport et tout, mais il y a quand même aussi des femmes qui nous ont dit « oui, mais moi, j’ai peur ». »

Chaque événement avait sa propre couleur, mais tous partageaient un même symbole : une chaîne de souliers, décorés et annotés par les participantes pour représenter la marche collective vers Québec. « Les femmes écrivaient sur les souliers pourquoi elles marchaient, ce qu’elles voulaient voir changer. »

Une solidarité à entretenir

Pour Mme Thibault, cette édition de la Marche mondiale des femmes arrive à un moment charnière. « On sent beaucoup de polarisation dans la société, et ça nous inquiète. Il faut se rassembler, se parler et ne pas laisser nos différences nous diviser. »

Alors que le Réseau des femmes des Laurentides se prépare à fêter ses 40 ans en 2026, la marche prend des airs de célébration, mais aussi d’avertissement. « On voit que quand on s’allie, on est plus fort et il y a beaucoup d’espoir. On est capable de passer au travers et d’influencer pour le meilleur. Le féminisme, c’est une bonne idée parce que ça inclut tout le monde. C’est l’équité, c’est l’égalité, c’est de ne pas laisser personne pour contre. C’est pour ça qu’on est là et c’est pour ça qu’on va continuer », conlut-elle.

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