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Les dépanneurs prisés par les brigands

Par Luc Robert

« J’ai servi pendant 4 ans à titre de caissière dans un dépanneur de Saint-Jérôme. Et là, je viens de subir deux vols en moins de huit mois à la caisse. Cela en est trop. Le quartier Ouimet est devenu le Bronx, pour moi. Je ne retournerai pas travailler derrière un comptoir. »

Ce cri du coeur a été lancé par Julie (prénom modifié), une mère de famille qui en a vu de toutes les couleurs depuis le début de la pandémie avec sa clientèle.

« C’est rendu très dur pour les travailleurs. Certaines personnes ont beau dire que le coin est rendu multiethnique, mais ce sont deux Québécois de souche qui m’ont braquée : la première fois en janvier 2021, avec une arme de poing, et la deuxième fois en novembre dernier, avec une barre de fer. Le pire c’est qu’après le délit, un des deux m’a dit merci et m’a souhaité une bonne soirée », a-t-elle témoigné.

Souvent en émoi, certains clients profitent de la période difficile actuelle pour sévir.

« Les masques de la pandémie, l’appauvrissement de la population, l’inflation et la drogue y sont pour quelque chose. Je connaissais mes (clients) réguliers et les deux lascars n’en font pas partie. Les policiers ont coincé le deuxième, mais pas l’autre. Va-t-il falloir que les dépanneurs installent une cage de plexiglas renforcée, comme à un dépanneur du centre-ville, pour que les caissières soient protégées ? », a-t-elle soulevé.

Problème connu

Au Service de police de Saint-Jérôme, on spécifie que le problème n’est pas spécifique au quartier Ouimet et que certains individus sont connus des limiers.

« Tout d’abord, notons que les vols et les méfaits commis dans le centre-ville de Saint-Jérôme ne se déplacent pas dans les secteurs voisins. Ils sont commis par un groupe de personnes identifié par le Service de police. Le secteur de la rue Ouimet n’est pas plus dangereux que les autres secteurs. La criminalité présente à l’intérieur de la Ville de Saint-Jérôme ne provient pas non plus de personnes ayant immigré au Québec et plus précisément à Saint-Jérôme. Il n’y a pas de rivalité qui s’est installée entre les citoyennes et les citoyens issus d’une autre nationalité et ceux et celles de nationalité québécoise », a assuré Mme Mélissa Bossé, policière à la division des affaires à la communauté et administratives au SPVSJ.

Les bandits semblent identifier le type de commerce à dévaliser.

« Le taux de criminalité n’est pas plus élevé dans ce secteur et une patrouille est effectuée quotidiennement, au même titre que les autres secteurs de Saint-Jérôme. L’ensemble des dépanneurs sur le territoire de la Ville de Saint-Jérôme sont ciblés face au vol. »

Non-retour

Julie n’a pas l’intention de revenir travailler dans un dépanneur, même si elle fait l’objet d’un suivi de santé.

« La police municipale a été correcte avec moi, tout comme le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC). Ils m’ont appelé régulièrement pour un suivi. Étant encore sous le choc, je suis présentement sur la CNESST, mais il faudra aussi que je fasse des démarches auprès de l’IVAC (programme d’indemnisation des victimes d’actes criminels) pour être dédommagée », a enchaîné la victime.

Cauchemars et peur de sortir de son domicile accompagnent quotidiennement les pensées de Julie.

« Je revis ça dans mes cauchemars. J’ai même de la misère à sortir le jour. Tout te revient en tête : le bandit qui te vouvoie, le bouton de panique que tu veux actionner, mais qui peut t’attirer une balle si tu bouges vers le comptoir pour l’actionner. Tu ne niaises pas avec une arme de poing devant une personne nerveuse. »

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