Les brigadiers risquent souvent leur vie aux traverses écolières

Par Luc Robert

Appelés à évoluer à l’intérieur d’horaires de travail de plus en plus serrés et divers, les Québécois ont beaucoup moins de concentration au volant, lorsqu’ils croisent les étudiants et les brigadiers.

À l’instar du signaleur routier heurté la semaine dernière sur le boulevard des hauteurs, dans le court secteur appartenant à Sainte-Sophie, plusieurs brigadiers ont effectué un parallèle avec leurs activités quotidiennes.

Pour un, le vétéran Jacques Auger, maintenant âgé de 82 ans, les conducteurs oublient trop souvent les opérations policières de septembre, en bordure des institutions scolaires.

« Les gens, qui ont encore un travail, ont souvent hérité de tâches additionnelles des travailleurs retranchés ou envoyés en télétravail. Résultat : ceux qui restent sont très stressés et ne regardent pas trop les limites ou nos pancartes d’arrêts. Quand tu sors de la parade (les barres blanches de traverses d’écoliers), ça se peut que tu ailles jouer du tambour à côté (que tu te fasses heurter) », a imagé M. Auger.

Celui qui œuvre près de l’École de la Source, au coin des boulevards de la Salette et Maisonneuve à Saint-Jérôme, a dû faire un rapport aux policiers municipaux.

« Les policiers municipaux ont fait des belles opérations de sensibilisation, en septembre dernier. Ils se cachent entre deux maisons et peuvent maintenant sévir. Ils font une bonne job. J’ai été obligé de leur signaler une dame, qui ignore tant ma pancarte d’arrêt, que l’arrêt obligatoire de l’intersection. Les gens doivent se rendre compte qu’ils ne sont plus avec leur manette de jeux vidéo entre les mains. Leur volant et les freins sont dans la réalité et il peut y avoir des blessés.»

L’artiste multidisciplinaire se remémore son passage comme brigadier à l’école des Hauts-Sommets, à l’intersection de la rue Schulz et de la 112e avenue, dans le secteur Lafontaine.

« Je me suis fait frôler par des voitures à plusieurs reprises, sur la rue Schulz. J’ai un ami qui s’est fait frapper dans ce coin-là. Encore ici, les gens sont trop pressés d’emprunter le boulevard Lafontaine pour aller prendre la route 117. Il y a des téméraires récurrents, dont on reconnaît souvent les voitures. Même si c’est une zone de 30 km/h, ça passe tout droit ou ça freine à la dernière seconde. Tu vois les capots de chars baissés tellement les gens y pensent à la dernière seconde. On ne le répétera jamais assez : soyez vigilants, tant en zones scolaires qu’aux secteurs de chantiers. Des vies de signaleurs, de brigadiers et d’enfants en dépendent. »

« Je me méfie particulière des semi-remorques, qui viennent ravitailler les épiceries ou ceux qui amènent les matériaux de construction aux chantiers. Eux aussi, ils sont minutés dans le temps et arrivent vite de la rue Laviolette. »

COVID

Qu’en est-il du coronavirus, pour un aîné comme Jacques Auger, qui a toujours foncé dans sa vie.

« Je suis moins casse-cou à 82 ans. Je ne suis pas le brigadier le plus expérimenté de la Rivière-du-Nord, mais sûrement le plus vieux en âge. Je me tiens à distance raisonnable des jeunes. J’ai plus peur qu’ils se passent la COVID entre eux. Les parents sont gentils avec moi, mais certains ne portent pas de masque aux abords de l’école. C’est toujours une course contre la montre. Mais j’avoue que je suis bien traité par la Ville, les policiers et par l’école.»

Se voit-il encore longtemps dans le milieu ?

« J’y vais une année à la fois. J’ai ma glande thyroïde à surveiller. J’ai toujours fonctionné par cycles de 7 ans, dans la vie : il y a juste avec Claudette (Aubin, son épouse) que ça a bien fonctionné pendant 40 ans (rires) », a-t-il achevé.

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