« Je ne laisserai pas le ministre décider pour moi »- Stéphane Maher
Par Lpbw
PROJET DE LOI 3 . Prônant l’autonomie des villes, le maire de Saint-Jérôme, Stéphane Maher, lors de la séance du conseil du mardi 26 août, a pris officiellement position pour la libre négociation dans le dossier du projet de loi 3. Le conseil municipal de Saint-Jérôme a en effet donné à son directeur général, Yvan Patenaude, le mandat de négocier avec les associations et les unités syndicales les changements qui seront apportés aux régimes de retraite.
De plus, Stéphane Maher a reconnu clairement qu’il ne reconnaissait les paramètres du projet de loi 3. « Ces paramètres je ne les reconnais pas et je ne les veux pas ».
Poussant encore plus loin le maire déclarait : « On n’a besoin de personne pour nous dire comment faire et, si le ministre veut nous forcer, on est prêt à aller devant les tribunaux. »
Le directeur général rencontrera donc les sections locales 1017 (cols blancs) et 308 (cols bleus) du Syndicat de la fonction publique (SCFP), l’Association des policiers de Saint-Jérôme Métropolitain, le Syndicat des pompiers du Québec, section locale Saint-Jérôme, et l’Association des cadres municipaux de la ville de Saint-Jérôme.
Dans une lettre adressée au ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, Pierre Moreau, le maire de Saint-Jérôme demande d’accorder à la Ville le plus de latitude possible et de faire confiance au processus de négociation. « Nos employés et leurs représentants syndicaux sont des personnes raisonnables et responsables, qui ont déjà démontré leur capacité à dialoguer de bonne foi avec nous », a souligné le maire, ajoutant qu’il se dit confiant que ces négociations permettront de trouver des solutions créatives. Par ailleurs, le maire, prônant la paix sociale, a reconnu l’attitude respectueuse des employés municipaux présents dans la salle du conseil.
Le respect des employés et des retraités
Cette initiative d’accorder ce mandat de négociation à son directeur général, la Ville l’a prise en espérant que le gouvernement résistera à la tentation d’imposer une solution « mur à mur », et qu’il approuvera un règlement au cas par cas partout où ce sera possible et justifié. Il existe en effet des disparités considérables entre les régimes de retraite des villes québécoises. Certains sont en bonne santé et d’autres en situation précaire. Il ne peut donc pas y avoir de solution universelle.
« Selon nous, la négociation est la base des relations entre l’employeur et ses employés, a ajouté Stéphane Maher. On ne peut prétendre au respect des employés et des retraités sans passer par cette étape, et il n’y a pas d’alternative si l’on veut maintenir de bonnes relations avec notre personnel. »
Par ailleurs, les élus, le directeur général et les services concernés ont étudié la problématique des régimes de retraite dans le large contexte où elle s’insère. Par exemple, le pacte fiscal, la diversification de nos sources de revenus ainsi que le renouvellement de nos infrastructures figurent sur la liste des enjeux et des priorités.
En outre, considérant les valeurs qui orientent le conseil municipal, la Ville s’approprie facilement les principes qui guident le projet de loi 3, soit de tenir compte de la capacité de payer des contribuables, assurer la pérennité des régimes de retraite, établir un partage équitable des coûts et des risques, et garantir l’équité intergénérationnelle.
Pour le directeur général, Saint-Jérôme réunit des conditions favorables au succès de la négociation. Il estime qu’il serait judicieux pour le ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire d’accorder un maximum d’autonomie à la Ville, qui pourrait ainsi parvenir à une entente bien adaptée à sa réalité.
Stéphane Goyette réagit
À la question posée au maire par Stéphane Goyette, vice-président et porte-parole de l’Association des policiers et policières de Saint-Jérôme, à savoir si ces négociations se tiendraient en incluant l’ensemble des éléments prévus dans la convention collective ou de façon distincte, Stéphane Maher a précisé que ces négociations se feraient de façon distincte, dans un premier temps.
« Depuis le début, on demande la libre négociation et M. Maher a dit clairement ce soir qu’il était ouvert à ça. Le maire a tenu parole en disant qu’il se prononcerait publiquement contre le projet de loi 3 et que les paramètres admis par le projet de loin ne correspondaient pas à la réalité de Saint-Jérôme », nous partage Stéphane Goyette, juste après l’assemblée du conseil. Ce dernier s’inquiète néanmoins du fait qu’il y a beaucoup d’inconnu dans le processus de sortir les régimes de retraite de la convention collective pour les négocier à part. « Nous allons avoir à faire des vérifications de ce côté-là et regarder les impacts que cela va avoir. Nous allons communiquer avec nos avocats. »
Pour Stéphane Goyette il était important que le maire définisse les paramètres de négociations qu’il entendait proposer. « Il a dit qu’il voulait faire fi des paramètres (du projet de loi 3) ce qui est une bonne chose. Je suis content de la position qui a été prise par le maire ce soir. »
Le porte-parole de l’Association des policiers pense que la loi devrait probablement être adoptée rapidement, au retour des élus à l’Assemblée nationale. Selon lui, le fait de négocier une chose aussi importante que les régimes de retraite ne doit pas se faire de façon précipitée. « Je pense qu’il ne faut pas bousculer les choses. Il faut analyser la situation. Je ne m’attends pas à un règlement rapide. Le maire nous dit qu’il était prêt à amorcer les négociations dès demain. Nous, on doit aller chercher un mandat de notre assemblée. »