Grève : Parents et élèves craignent faire les frais des moyens de pression
Par Luc Robert
Les premiers moyens de pressions des employés du secteur de l’éducation risquent d’affecter majoritairement les élèves du préscolaire et du primaire du CSSRDN, estiment des parents, qui devront se trouver un moyen de transport pour permettre à leur progéniture de se rendre à l’école, le lundi 6 novembre prochain.
Ils pourront toutefois regagner le domicile familial en fin de journée via leur autobus habituel, estime le Centre de services scolaire de la Rivière-du-Nord (CSSRDN).
« Le transport scolaire sera suspendu en matinée, seulement pour l’ensemble des élèves du préscolaire et du primaire. Les parents de ces élèves sont appelés à assurer eux-mêmes le transport de leurs enfants (…) . Le service de transport sera assuré selon l’horaire habituel en fin de journée, tant au primaire qu’au secondaire », a laissé savoir Mélanie Dufort, coordonnatrice aux communications du CSSRSN.
Même si les communiqués de l’organisme assurent que la situation ne devrait pas entraîner d’inconvénients majeurs aux élèves du secondaire (mis à part les circuits repoussés de deux heures trente en matinée), certains trajets risquent d’être perturbés.
« Pour les élèves du secondaire, le transport scolaire est maintenu, mais tous les circuits seront retardés de 2 h 30 en matinée seulement. Par exemple, si un élève avait pour habitude de prendre l’autobus à son lieu d’embarquement à 7 h 30, celui-ci devra se présenter à ce même lieu d’embarquement pour 10 h. Nous prévoyons toutefois que plusieurs trajets ne pourront être effectués. Les parents touchés par l’annulation de circuits seront informés par courriel et seront invités à assurer eux-mêmes le transport de leur enfant à l’école. La liste des circuits annulés sera également mise à jour en continu sur notre site Internet, dans l’onglet Mise à jour quotidienne – Annulation de circuits », a-t-elle poursuivi.
Une fois rendus à leur institution respective, les ados du secondaire seront surveillés à partir de 10h45.
« Comme mentionné sur notre site Internet, les classes débutent à 11 h pour la majorité des écoles secondaires, à l’exception de l’École polyvalente Saint-Jérôme, qui accueillera ses élèves à partir de 10 h 45. Les parents ont reçu par courriel une communication les informant des modifications apportées à cette matinée du 6 novembre. »
Service de garde
D’autre part, aucun service de garde ne sera offert en matinée aux écoles primaires. Au diner, aucun service de cantine ne sera dispensé, tant au primaire qu’au secondaire, sauf avis contraire. Les élèves devront apporter un lunch froid. La surveillance des étudiants sera toutefois offerte, promet le CSSRDN sur son site internet.
« On se sent pris en otage. Quelle est la porte de sortie ? Les grands-parents seront sollicités et plusieurs jeunes manqueront une journée d’école », prévoit une mère de trois enfants… qui est aussi enseignante. « Quand les policiers sont en grève ou en moyens de pression, on semble recevoir plus de contraventions, ou bien ils en donnent moins pour écoeurer le gouvernement. Mais là comme prof, on est rendu à faire du bénévolat, à avoir trop d’enfants avec des plans d’interventions par classe, etc. On débourse souvent de notre propre poche pour démarrer de nouveaux projets. La roue tourne comme un cercle vicieux, mais pas en fonction de gens qui veulent s’entraider. Le gouvernement viendra s’essayer une seule journée (à enseigner) dans nos classes, y voir le bordel qui sévit. Quel bénéfice ai-je comme enseignant ? Les burn-outs se multiplient. On n’a pas le choix de sortir en grève. C’est le seul outil à notre disposition. Et d’autre part, comme parent, tu en as plusieurs qui ont des rendez-vous fixes au médecin ou au dentiste avec un enfant, ou chez le garagiste pour les pneus d’hiver, un horaire déjà difficile à boucler. Jouer à l’autobus scolaire pour tes trois enfants en plus, ça déboussole totalement ton horaire habituel », a témoigné une dame du milieu, qui préfère demeurer anonyme.
Évitez l’odieux
Au syndicat des enseignants de la Rivière-du-Nord, le président Jean-Stéphane Giguère croit que les dirigeants du CSSRDN n’ont pas aidé à limiter les effets du débrayage de lundi prochain, lorsqu’on lui demande son groupe ne pousse pas trop fort.
« Je pense que cette grève va nous aider et démontrer notre sérieux. La population se range derrière nous. On espère aller plus loin aux tables de négociations dans les pourparlers. Mais comme dans plusieurs dossiers, la CAQ fait preuve d’arrogance et a soumis des offres pas sérieuses. Elle a pris goût à gouverner par décret pendant la pandémie. Quant aux répercussions de lundi prochain, disons qu’on débraye moins d’une journée. Le CSSRDN a décidé des mesures : il aurait pu faire comme d’habitude et décider d’offrir les deux tournées habituelles d’autobus pour les étudiants (les mêmes bus sont employés pour transporter le primaire, puis ensuite le secondaire). On essaie de minimiser les impacts aux élèves, mais de maximiser la pression sur le gouvernement. M. (Bernard) Drainville est le seul qui ne provient pas du milieu de l’éducation et ne semble pas comprendre nos attentes. Son projet de loi 23 ne passe pas ! »
Le CSSRDN répète une nouvelle fois faire de son mieux dans le contexte actuel.
« Tout notre personnel affilié à l’un de nos syndicats (enseignants, professionnels, personnel en soutien direct à l’élève, personnel de soutien administratif, technique et manuel) entend participer à cette grève nationale, le 6 novembre prochain. Les impacts affectent donc forcément l’ensemble du territoire du CSSRDN. Pour connaître l’ensemble des conséquences de cette grève, j’invite les gens à visiter notre site Internet », a achevé Mme Dufort.
Rappelons que le dimanche 29 octobre, le gouvernement québécois a déposé une offre modifiée, dont une augmentation de salaire de 10,3 % sur 5 ans, jugée insatisfaisante aux yeux du syndicat.