L'optimisme et la détermination d'Éric Rado sont grandement responsables de ses progrès remarquables dans sa réadaptation.

Éric Rado veut devenir artiste professionnel

Par Lpbw

VAL-DAVID. Éric Rado n’a pas fini de nous surprendre. Le jeune miraculé de Val-David exposera quatre de ses créations dans une galerie de Saint-Hippolyte le dimanche 7 septembre prochain.

Éric Rado a eu 26 ans le 17 juin dernier. Sa survie à la tragédie d’il y a deux ans et demi relève du miracle.

Rappelons qu’au début de cette glaciale soirée du 19 février 2012, le jeune étudiant en arts visuels et médiatiques à l’UQAM, qui se destinait à une carrière d’enseignant en arts au niveau collégial ou universitaire, a été renversé par un véhicule conduit par un chauffard ivre – et laissé pour mort – avant d’être finalement découvert par un passant, le lendemain matin, après une nuit à -20 degrés C, inconscient sur un banc de neige, près du Tim Hortons de Val-David.

« Ma réadaptation va super bien », lance-t-il au journaliste de Point de vue Laurentides, un large sourire aux lèvres. « Elle a commencé à l’Hôpital Juif, puis au Centre Le Bouclier, à Saint-Jérôme. J’y travaille maintenant en privé, chez mes parents. L’évolution est constante. Ça n’arrête pas. »

Éric explique ensuite la rencontre qui a modifié le cap qu’il entendait donner à sa carrière.

« Durant ma réadaptation à Saint-Jérôme, j’ai fait la rencontre de Michel Giroux, un sculpteur professionnel des Laurentides, qui donnait des cours à des jeunes qui avaient été victimes d’accident. »

Il s’arrête et montre du doigt une reproduction sur bois fort réussie d’un geai bleu.

« C’est de moi », annonce-t-il fièrement. « Avoir fait la connaissance d’un professionnel qui gagne sa vie avec la sculpture m’a fait découvrir chez moi une autre forme d’esprit créatif… J’ai beaucoup de respect pour lui. On échange, on s’entend bien, il m’aide beaucoup. Sa rencontre m’a ouvert une nouvelle voie: je veux devenir un artiste professionnel, that’s it! »

Le jeune Rado parle d’une voix confiante et déterminée. Son plan est tiré et il connaît la règle première de la réussite: le travail. Il s’y consacre résolument, mêlant dans son quotidien peinture, sculpture et exercices de réadaptation.

Les séquelles de son accident, on le sait, sont importantes: il a perdu tous ses orteils du pied droit en plus de subir l’amputation d’une partie de la jambe gauche. Il est paralysé du côté gauche. Droitier naturel, il se sait chanceux que son côté droit soit resté intact.

« Chanceux dans ma malchance? Peut-être, mais si droitier que je suis, j’avais eu le côté droit paralysé par l’accident, je serais tout simplement devenu gaucher. »

Une déclaration qui dépeint fidèlement l’être exceptionnel auquel on a affaire.

Comme un enfant de 10 ans

Éric était peintre surréaliste. Son style a-t-il changé après l’accident?

La question le fait sourire: « Disons que quand j’ai repris le pinceau plusieurs mois plus tard, j’étais vraiment médiocre. Je peignais comme un enfant de dix ans. Puis ça s’est amélioré avec beaucoup de travail. J’ai commencé par faire du portrait: de mon lit d’hôpital, j’appelais des amis pour qu’ils m’envoient des photos d’eux-mêmes, photos que je travaillais à dessiner. Avec le temps, je me suis beaucoup amélioré. Même chose du côté peinture. J’aime la couleur orange. Pour moi, elle symbolise l’énergie.»

L’énergie ne lui fait pas défaut. Ni son increvable optimisme: outre ses ambitieuses visées professionnelles, Éric Rado n’a pas fini d’étonner son entourage. Il ne se déplace plus qu’assis dans un fauteuil roulant. Il réussit à marcher quatre ou cinq fois par jour aidé d’une marchette.

Un jour, il le sait, il saura le faire comme avant, mais appuyé sur une canne: « Les femmes trouvent cela très élégant chez un homme, paraît-il », termine-t-il dans un grand éclat de rire.

Exposition de sculptures et de peintures

Dimanche 7 septembre, de midi à 17h

Artistes: Éric Rado, son professeur Michel Giroux et deux autres élèves

Galerie O Arts Studio, 14, rue de la Chaumine, Saint-Hippolyte

Renseignements: 450-563-2493.

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