Photo : Monia Proulx

Élections municipales : sur le fil de départ dans Rivière-du-Nord

Par Philippe Leclerc

CHRONIQUE

Depuis le 19 septembre, la machine électorale est lancée : d’ici au 2 novembre, les cinq villes de la MRC de La Rivière-du-Nord choisiront leurs prochains visages municipaux. À quarante jours du scrutin, les enjeux s’annoncent lourds : crédibilité des administrations, environnement, développement économique, transport et confiance citoyenne.

Saint-Jérôme : capitale en quête de cap

C’est la plus grosse bataille de la MRC. Martin Pigeon (Avenir Saint-Jérôme) mise sur un réseau politique bien implanté, mais son approche rappelle parfois une politique de coulisse d’une autre époque plus que de vision. Il peut se targuer de bons coups, mais le maire sortant Marc Bourcier voudra en prendre tout le crédit.

En face, Rémi Barbeau (Mouvement jérômien) revient pour un match revanche, avec un parti qui avait bien performé en 2021. L’appui de deux conseillers sortants connus, à la veille du déclenchement de la campagne, a donné un élan certain.

Les enjeux sont multiples : avenir du centre-ville, économie régionale (souvent éclipsée par Mirabel et sa filière industrielle), campus universitaire, congestion et transport. Saint-Jérôme doit agir en véritable capitale régionale. La prochaine administration devra ainsi reprendre le flambeau de la préfecture de la MRC, un rôle qu’elle a délaissé ces dernières années et qui a favorisé le développement d’une posture régionale sans qu’elle y soit.

Prévost : la ville dortoir qui n’en est plus une

Le maire sortant Paul Germain (Renouveau prévostois) vise un troisième mandat. Reconnu pour son leadership environnemental (interdiction des contenants à usage unique, électrification de la flotte municipale), il a attiré l’attention bien au-delà de Prévost. Sa gestion énergique de l’incendie de l’école Val-des-Monts a aussi marqué les esprits dans une communauté ébranlée.

Son adversaire, Nicolas Toupin (Rassemblement prévostois), 31 ans, incarne la relève. Très actif, il mise sur sa proximité avec les familles et un discours environnemental, tout en dénonçant une administration trop centrée sur la prévention plutôt que l’action. Sa jeunesse séduit, mais pose la question de l’expérience nécessaire pour encadrer la croissance rapide et éviter que la 117 ne se transforme en boulevard Taschereau.

Saint-Hippolyte : apaiser les divisions

Depuis le départ de Bruno Laroche, la municipalité est marquée par un climat de chicanes. L’enjeu central : rétablir la confiance entre citoyens et administration. Les règlements stricts sur les bandes riveraines, mal appliqués, cristallisent les tensions. Bien que cela ne touche directement qu’environ 15 % de la population, ces résidents génèrent plus de 50 % des revenus municipaux.

Trois visions s’affrontent. Yves Dagenais, maire sortant, promet une application plus humaine des règles mais peine à démontrer qu’il a exercé un réel leadership ces dernières années. Sonia Tremblay, ex-alliée passée dans l’opposition, plaide pour un recentrage environnemental plus ferme. Isabelle Poulin, nouvelle venue, propose une pause ciblée en 2026, le temps d’établir un diagnostic et des indicateurs clairs.

Saint-Colomban : la continuité sans opposition

Maire depuis 2017, Xavier-Antoine Lalande brigue un troisième mandat. Excellent communicateur, il multiplie balados et interventions publiques, mais brouille les genres pour avoir animé un débat fédéral, qui n’est pas de sa responsabilité. Son absence d’adversaire transforme l’élection en formalité, ce qui appauvrit la vitalité démocratique.

Son mandat à la préfecture est controversé dans les faits : retrait du Développement durable Rivière-du-Nord (DDRDN), l’OBNL responsable du réseau d’écocentres de la MRC, volonté de quitter le Parc régional en 2023, distanciation sur l’aréna régional. Plutôt que d’incarner l’union des municipalités de son territoire, Saint-Colomban développe ses services en direction de Mirabel, affaiblissant son ancrage dans la MRC.

Sainte-Sophie : l’ombre du mégasite

À Sainte-Sophie, l’ambiance est plus calme. Guy Lamothe (Accent Ste-Sophie) semble avoir rallié même ses anciens opposants et se présenter seul. Mais l’ombre de Waste Management (WMI) plane toujours. Ce mégasite, qui rapporte plus d’un million par an, demeure l’éléphant dans la pièce. Les citoyens ont appris à « vivre avec », mais tôt ou tard, il faudra rouvrir le débat : Sainte-Sophie veut-elle être reconnue pour ses milieux de vie… ou pour son dépotoir ?

En résumé

Le 2 novembre, les électeurs de la Rivière-du-Nord devront décider s’ils maintiennent la continuité ou exigent un véritable changement face aux défis de gouvernance, d’environnement et de développement qui marquent chacune de leurs municipalités.

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