Et si Bellefeuille devenait la prochaine Sainte-Adèle ?

Par Philippe Leclerc

CHRONIQUE

Ça gronde dans les Laurentides

À Sainte-Adèle, une pétition circule actuellement. Lancée par des citoyens inquiets, elle réclame un moratoire sur les nouveaux projets immobiliers. Près de 750 personnes l’ont déjà signée.

Ces habitants ne sont pas contre tout développement. Mais ils veulent comprendre. Être entendus. Pas mis devant le fait accompli.

On assiste ainsi à des séances de conseil tendues. Des élus sur la défensive. Des citoyens debout. Et le sentiment que les décisions se sont prises sans eux.

Une pression qui monte

Entre 2011 et 2021, la MRC des Pays-d’en-Haut a gagné 8 000 habitants. Une croissance de 20 %. À Saint-Jérôme, c’est 11 700 de plus. Une poussée de 17 %.

Et l’élan continue. Les Laurentides séduisent. Télétravailleurs, familles, retraités : tout le monde cherche son coin de paix dans la nature.

Mais qui dit plus de monde, dit aussi plus d’infrastructures. Routes, égouts, écoles, logements. Et souvent… en réduisant les espaces naturels tant recherchés.

Le rêve et le risque

Pourtant, développer, c’est aussi créer. Accueillir. Redonner vie à un village. Mais mal planifié, c’est défigurer. Accumuler les projets sans vision. Oublier l’harmonie. Et voir les paysages se faire gruger par le béton.

Oui, un territoire, ça se bâtit. Mais ça se respecte aussi.

Bellefeuille : miroir d’un avenir à choisir

À Saint-Jérôme, le secteur Bellefeuille est dans la mire des urbanistes. La Ville a dévoilé une vision stratégique pour développer l’ouest, caractérisé par de grands espaces verts, encore disponibles. Forêts. Lacs. Silences précieux.

Bref, les mêmes ingrédients que détenait Sainte-Adèle avant son boom immobilier sans précédent des dernières années.

On y projette des quartiers verts, des milieux de vie durables. Belles ambitions bien alignées.

Mais si on n’y prend pas garde, nous assisterons sous peu aux mêmes tensions, questions et oppositions qui hantent les élus de Sainte-Adèle des dix dernières années.

Développer, oui. Mais pas n’importe comment

Le vrai débat, ce n’est pas « développement ou pas ». C’est : comment ? Pour qui ? À quel rythme ? Et surtout, avec qui ?

Développer, ça peut être sain. Nécessaire, même. Ça permet de construire des logements là où on en manque cruellement. Ça offre une chance aux jeunes familles de s’installer. Ça stimule l’économie locale, garde les villages vivants, et permet aux municipalités d’augmenter leurs revenus pour investir dans leurs routes, leurs aqueducs, leurs parcs. Ça peut créer des milieux de vie modernes, agréables, réfléchis.

Mais tout ça vient avec un prix.

Parce que développer, si c’est mal planifié ou trop précipité, ça risque aussi de fragmenter les écosystèmes. De défigurer l’identité d’un lieu. D’asphalter ce qui faisait le charme. De tasser tranquillement les gens qui avaient choisi ce coin de pays justement parce qu’il n’était pas une banlieue ou une ville.

Le développement rapide crée des tensions sociales. Il surcharge les services publics. Il bouscule les habitudes. Il fatigue les communautés.

Et il finit parfois par nous faire perdre ce qu’on cherchait à protéger en premier lieu : la beauté du territoire, sa douceur, sa simplicité.

Certain·es sont venu·es s’installer ici pour fuir la densité. Pour vivre autrement.

Ce « autrement » mérite mieux qu’une simple densification à la va-vite. Ou qu’on les targue aussitôt de « pas-dans-ma-cour ».

L’appel du territoire

À Sainte-Adèle, les gens se lèvent. Certains pour dire non. D’autres pour dire : pas comme ça.

Ce n’est pas un caprice. C’est une alerte. Une volonté de mieux faire. Un signal à écouter. Parce que ce qui se passe là-bas… pourrait bien se passer à Bellefeuille.

On peut faire autrement. Planifier avec sagesse. Anticiper. Respecter. Co-construire plutôt que gérer les conflits après coup. Et ça, ça commence maintenant.

Un devoir citoyen

Le territoire ne parle pas. Il ne crie pas. Il ne vote pas. Mais il peut souffrir, s’effriter, se fragmenter. Ce sont les citoyens qui doivent porter sa voix.

Assistez aux conseils municipaux. Posez les bonnes questions. Lisez les avis publics. Informez-vous. Participez. Et surtout, dans six mois, allez voter.

Pas pour choisir un camp. Mais pour choisir une vision. Celle qui bâtit avec. Et non malgré. Car à force de bâtir sans écouter, on finit par se construire des opposants.

2 commentaires

  1. Parlons-en de Bellefeuille. Je m’y suis installé avec ma famille en 1974…un milieu paisible boisé, plein de sentiers…la campagne…Mais j’ai assisté à sa déchéance découragante grâce à des promoteurs avides d’argent, mal planifié…une déchéance qui s’est accentuée avec l’annexion à St-Jérôme.
    Résultats : un milieu urbanisé à outrance, perte de milieu naturel , congestion routière, augmentation du bruit et ilôts de chaleur, pollution. Bravo !

  2. De la p’tite bière vos histoires 17% 20% Si vous voulez de la référence comment massacrer une Ville je vous réfère aux effets du moratoire Dumais en 2013 pour bien comprendre je vous rappelle que St-Colomban début des années 2000 était la Ville au Canada qui avait la plus grosse augmentation annuelle de population e %
    P,us que Vancouvert
    Arrive l’Equipe Dumais Lalande
    Moratoire On cesse tout développement au lieu de l’encadrer de prévoir un bouclage du réseau routier
    Résultat …

    Desiquilibre dans l’offre et la demande
    Les pas dans ma cour sont devenus propriétaires des voie publiques et interdisent le bouclage de rues sous prétexte que ça fait trop de passants danger pour les enfants …Dos d’âne 30 km est beaucoup trop vite
    Résultat ça rentre plus et ça sort plus de St -colomban bientot 20,000 de population et 2 sorties St Nicolas et Montée de l’Eglise
    Riviere du nord par la connexion du pont Bonniebrook
    Pensez y pas 30 km hr des stop et dis d’âne
    Solution
    Les politiciens qui vendraient leur mère pour quelques votes doivent laisser les Urbanistes décider des réseaux routiers à long terme et les pas dans ma cours retourner en Abitibi
    Ne commettez pas la même erreur que St Colomban donner le pouvoir aux rois des pas dans ma cours

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