Lorsqu'un employeur change la vie d'une personne handicapée
Par Lpbw
TÉMOIGNAGES . Jocelyne Michaud , résidante de Saint-Hippolyte, est tétraplégique, depuis qu’elle a basculé dans les escaliers de sa maison. Sa vie ne sera plus jamais la même. Depuis le 27 juillet 2007, elle est confinée à un fauteuil roulant. Néanmoins, elle a vu une lumière au bout du tunnel lorsque Youri Saint-Ours, propriétaire de la compagnie Techni Service Assurance l’a engagé il y a quatre ans.
Jocelyne était infirmière. « Après mon accident, je ne pouvais plus exercer ce travail. J’ai donc dû me réorienter dans un autre métier, ce n’était pas évident et j’ai accusé plusieurs refus, à cause de mon handicap physique. »
De 2007 à 2009, elle a vécu avec les séquelles de son accident : traumatisme crânien, maux de tête, problèmes de concentration, agressivité, dévalorisation et peu de confiance en elle. Sans parler de tous les efforts qu’elle a du faire, physiquement et psychologiquement, pour retrouver une vie digne.
« Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux. J’ai été très chanceuse, l’emploi qui m’a été offert m’est arrivé sur un plateau d’argent, c’est mon patron qui voulait une personne handicapée et qui a fait les démarches », nous explique Jocelyne Michaud
«J’ai eu le privilège d’avoir quelqu’un d’humain et de sensible. C’est plus qu’un patron pour moi. Il va être là pour ma vie »,
Jocelyne Michaud nous confie qu’à partir de l’accident « il y eut des moments de noirceurs, de dépressions. » Lorsqu’elle a retrouvé du travail, les choses ont changé : «il faut savoir l’apprécier et tu arrives à être heureux. Beaucoup de choses découlent de ce travail, l’aspect financier y compris. C’est très émotif comme parcours, tu te bats continuellement. Quand tu te lèves le matin, tu te donnes un coup de pied et te dis « oui ça vaut la peine de se lever ». »
« Ici je fais partie de l’entreprise comme tout le monde », ajoute-t-elle.
Youri Saint-Ours
M. Youri Saint-Ours, propriétaire de la compagnie Techni Service Assurance, nous dit que l’élément déclencheur a été, lorsque lui et sa femme ont pris les locaux en juillet 2010, qu’ils ont réalisé qu’ils étaient adéquats, sur un seul niveau. L’idée a alors germé d’engager une personne handicapée. « Mon épouse était vraiment déterminée. Elle a fait les démarches et les recherches au niveau de différentes institutions. »
Le propriétaire a effectué des adaptations par la suite, le poste de travail et la porte d’entrée
« Le regard des gens face à nous est parfois difficile à supporter. Aux employeurs je voudrais dire de faire davantage confiance aux travailleurs handicapés et d’accepter leurs différences », conclut Jocelyne Michaud.
Un message
Si Youri Saint-Ours avait un message à passer ce serait de mieux faire connaître et d’expliquer les outils que les employeurs ont pour engager une personne handicapée. « Pour avoir une entrevue, dès le départ, c’est ardu. Pour l’adaptation de la porte d’entrée aussi, ça été long (neuf mois) et ardu. Il faudrait expliquer aux employeurs : voici les ressources et voici les subventions, c’est un incitatif. Et il faut voir l’impact que ça a dans nos vies. Pour un employeur, c’est gratifiant. En réalité Jocelyne a un énorme "background" au niveau secrétariat et au fil des années on a vu ses forces. »