L’école en cendres

Par Frédérique David

CHRONIQUE

Difficile de ne pas évoquer ici l’incendie qui a ravagé l’école Val-des-Monts de Prévost. Lorsqu’une maison brûle, les habitants vivent un drame. Ici, ce sont 400 enfants de 5 à 12 ans qui viennent de perdre leur maison et autant de cicatrices qu’il faudra panser.

Des pertes

Ils sont partis vendredi, excités par le week-end ensoleillé qui s’annonçait. Certains en ont oublié leur gourde achetée lors du dernier voyage à Sandbanks, leur hoodie offert par grand-maman ou leur bande-dessinée préférée. Cela peut paraitre banal, mais un simple objet peut signifier beaucoup pour un enfant, surtout s’il est lié à une personne aimée, à un lieu plein de souvenirs merveilleux, à un moment ancré à jamais dans son cœur. Et chaque enfant de l’école Val-des-Monts a perdu un objet, soudainement, violemment. Ne serait-ce que les crayons de couleur achetés il y a quelques semaines et placés dans leur étui, le même depuis la maternelle, avec son nom écrit au sharpie sur l’étiquette.

Et puis il y a cette classe embellie par son enseignante pour la rentrée, avec ses plantes, ses petites lumières accrochées au plafond, la banderole « Bienvenue » qui n’avait pas encore été décrochée. Cette classe où chacun avait déjà fait ses marques, avec ses coussins dans le coin lecture, les affiches d’Élise Gravel au mur, les maquettes débutées pour un projet en sciences, le mur des responsabilités, l’affiche du combat de livres en cours, les bancs oscillants, les jouets, les livres, les toutous. Cette classe dans laquelle chaque petit être avait déjà ses repères, sa place, son crochet, son attache. Cette classe qui était son univers, son quotidien, sa routine rassurante laissant désormais place à un vide immense.

Un choc

Pour plusieurs, ce sera un premier deuil, une première perte importante. Bien sûr, on ne parle pas de perte humaine, mais il ne faut pas minimiser la peine vécue par les 400 enfants de l’école, au lendemain de cet incendie, le sentiment de vide soudain, l’incompréhension. Ils sont à un âge où les adultes les protègent des dangers, les rassurent. « Ne t’inquiète pas, il ne va rien arriver ». On leur dit chaque année que l’exercice de feu n’est qu’une pratique. Et puis le « au cas où », l’impensable arrive. Outre la perte matérielle, outre l’inconnu qui s’ensuit, il y a la peur du feu, la crainte du pire. Car tous ces enfants viennent de réaliser que « ça se peut ». Et tous les parents de ces enfants doivent maintenant rassurer, calmer les angoisses qui pourraient naitre de cet incendie.

J’ai une pensée particulière pour le personnel de l’école, en commençant par les enseignantes qui ont perdu beaucoup dans cet incendie. Nombreuses sont celles qui ont investi énormément de leur argent personnel, année après année, pour un meuble de classe, des jouets et des albums jeunesse qui permettront de vivre de beaux projets en classe. Parce que les budgets sont nettement insuffisants. Voir leur belle bibliothèque partir en fumée a été un terrible crève-cœur. Et elles devront faire preuve de courage et d’ingéniosité, et donner beaucoup beaucoup de leur temps pour s’adapter à des solutions temporaires. Elles devront garder le sourire face à l’épreuve. Elles devront se faire plus rassurantes et accueillantes que jamais. Elles devront travailler dans des conditions difficiles, comme si celles d’avant ne l’étaient pas déjà ! On ignore, à l’heure actuelle, où seront relogés les élèves et le personnel touchés, mais on se doute déjà que la solution idéale n’existe pas et que cette année scolaire sera un défi pour plusieurs.

Une mobilisation

Ailleurs dans le monde, des écoles sont bombardées. C’est le quotidien de milliers d’enfants. Ici, un incendie est un drame qui secoue la province toute entière et qui laisse des cicatrices sur des humains qui en ont connu si peu. Les images de l’école en flammes est un choc pour tous. La mobilisation constatée les jours suivants en est la preuve. La communauté prévostoise s’est levée. L’aide arrive de partout. Ensemble, on permettra aux 400 élèves de l’école Val-des-Monts de vivre une année scolaire inoubliable et de guérir de ce drame. Ensemble on accompagnera nos enfants. Ensemble, on fera de cet événement malheureux un exemple d’entraide et de solidarité.

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