Amir Khadir parle d'austérité aux gens de Saint-Jérôme
COUPURES. Amir Khadir, député de Mercier et co-fondateur de Québec solidaire, était présent à Saint-Jérôme, au soir du 24 septembre dernier, à l’invitation des membres de l’association locale de son parti. Une table ronde l’a mis en présence de 3 panélistes qui ont tenté d’exposer les impacts, dans la région des Laurentides, des mesures d’austérité imposées par le gouvernement au niveau de la santé, de l’éducation et de la condition féminine.
Une soixantaine de personnes se sont présentées au rendez-vous afin d’entendre Amir Khadir, Isabelle Daboval, présidente du syndicat des professeurs du Cégep de Saint-Jérôme, Peter Delli Colli, porte-parole de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) pour la région de Laval et des Laurentides, et Blanche Paradis, militante féministe bien connue dans la région pour son implication depuis plus de trente ans. Les panélistes ont décrit l’impact des mesures d’austérité dans les Laurentides.
ÉDUCATION
Avec des coupures de 4 millions$ en 2015 et vingt-cinq postes abolis dans les dernières années, on constate déjà, selon Isabelle Daboval, des conséquences sur la qualité des services offerts aux élèves, mais aussi sur la santé des travailleurs dans les établissements de la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord. Surcharge de travail pour les enseignants, moins de services aux enfants différents, élèves mal accompagnés dans les classes régulières, disparition des activités parascolaires, ou renouvellement moindre des livres dans les bibliothèques; les conséquences sont nombreuses. Isabelle Daboval va même jusqu’à dire que «plus d’enfants plus jeunes se retrouvent la clé dans le cou parce que leurs parents doivent couper sur les frais de service de garde.» Selon elle, «l’austérité aura des impacts à long terme et affectera le futur de ces générations d’enfants qui n’auront pas eu accès à assez de livres ou de services. Les trous ne seront pas comblés.»
SANTÉ
Peter Delli Colli porte-parole de la FIQ pour la région de Laval et des Laurentides, n’était pas moins alarmiste. «Depuis la mise en place de la loi 10, qui a forcé la fusion de plusieurs CSSS, l’impact est grand sur les professionnels en soin de santé.» «Plus de 80 point de services ont été regroupés sous un même employeur, a-t-il expliqué,» et la réforme ne serait pas terminée, puisque l’on se dirige «vers une surspécialisation des établissements. Pour les Laurentides, 2e plus gros territoire au Québec, cela implique un éloignement de la population.»
Les coupures auraient également un impact sur le service aux patients. «Quand on ne remplace pas les employés absents, on occasionne une surcharge de travail pour leurs collègues, et en bout de ligne, ça veut dire moins de service à la population.» Peter Delli Collin n’a pas été tendre: «On pense que ce gouvernement-là veut détruire le système de santé publique et qu’il est temps que la population se mobilise.» Par ailleurs, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec comptant 92% de femmes parmi ses membres, les coupures infligées au système de santé ont un impact direct sur la condition féminine, une balle que Blanche Paradis ne s’est pas privée de saisir au bond.
CONDITION FÉMININE
«Déjà que l’équité n’est toujours pas réalisée, cette atteinte aux acquis sociaux constitue un net recul pour les femmes,» a dit la militante féministe. Selon elle, il y aurait «un mythe selon lequel l’égalité des femmes serait largement acquise, au point où on risque même de basculer vers une iniquité envers les hommes!» Un énoncé qui ne résiste pas au fait, puisque «le revenu moyen des femmes travaillant à temps plein ne représentait que 75,3% du salaire des hommes en 2011, tandis que 70% de toutes les personnes qui travaillaient au salaire minimum en 2013 étaient des femmes.»
AUSTÉRITÉ
Amir Khadir s’en est pris férocement à ce qu’il considère comme «le gros mensonge du néolibéralisme».
«Il est paradoxal et révoltant de savoir que nous sommes dans une ère d’opulence et de production jamais égalées», a-t-il dit, «alors qu’il circule dans le monde une quantité phénoménale de capitaux. Et on nous parle d’austérité !? La réalité, c’est qu’il y a une accumulation quelque part… Le gros mensonge du manque de moyens, ça a commencé bien avant le gouvernement Couillard. Il y a de quoi être découragé, c’est vrai. Le rouleau compresseur des cavaliers de la barbarie économique est très puissant. Mais on ne doit pas oublier que les luttes qui ont conduit à ce qu’on veut préserver et améliorer ne se sont pas faites sans peine.»
Amir Khadir lance un appel à poursuivre la lutte. «On est à l’aube d’une grève sociale, mais récupérer les acquis qu’on est en train de perdre ne se fera pas en un an.» Le Québec a, selon lui, une capacité de mobilisation fabuleuse. «Je vous le dit : il y a des braises sous les décombres de l’austérité».