Alouettes : Un recrutement solide, pour toute éventualité
Par Luc Robert
Une des grandes forces des Alouettes de Montréal provient de son service du recrutement, où cinq spécialistes épient en continu la planète football, afin de dénicher des éléments pouvant relancer la formation au moindre départ ou blessure dans l’alignement.
Sous la responsabilité du directeur exécutif du personnel des joueurs, Jean-Marc Edmé, ces spécialistes du ballon oval scrutent les camps de la NFL, AFL, IFL, NCAA, CIS et des autres ligues, afin de déterminer si un joueur libéré ou oublié pourrait se joindre à l’alignement de réserve des Als, ou même remplacer au pied levé un éclopé à Montréal.
« Nous devons fournir en tout temps des éléments au DG Danny Maciocia et à l’entraîneur Jason Maas. Nos recherches s’effectuent de trois manières : le dépistage sur place, le visionnement de parties de joueurs grâce au logiciel Pro Football Focus (PFF), mais surtout des conversations avec un réseau de contacts établis. Ainsi, quand Philippe Gagnon et Kristian Matte ont quitté notre ligne offensive, on a aussitôt fait des démarches pour trouver des remplaçants de qualité », explique M. Edmé.
« Avant de repêcher Tiger Shank au repêchage de la LCF, le 29 avril dernier, nous avons observé son dossier : sa progression, ses forces et faiblesses, sa personnalité et bien sûr ses intentions. Il a été invité à un mini-camp d’évaluation des Dolphins de Miami, auquel il a décliné de participer. Nous avons aussi protégé nos arrières auprès de nos sources dans cette équipe, afin de savoir s’il avait une chance de percer et s’il se présenterait là. Quand les rétroactions ont été en notre faveur, nous avons décidé d’opter pour lui en 1re ronde, parce que les mauvaises surprises étaient limitées. Il amènera de la compétition au poste de bloqueur offensif à droite. Il s’est taillé toute une réputation avec les Rebels de l’Université du Nevada à Las Vegas (UNLV), avec lesquels il a évolué pendant 5 saisons », décri-il au sujet du colosse de 6’05’’ et 235 livres, qui a notamment grandi à Vancouver.
Multi-tâches
Longtemps perçus comme étant des spécialistes se limitant à évoluer sur les unités spéciales, les joueurs canadiens ont démontré au fil des années pouvoir occuper des postes clés de réguliers, dans le circuit du commissaire Stewart Johnston.
« Les joueurs de notre époque sont considérés comme les égaux des Américains, nonobstant le ratio de la LCF (maximum de 19 Américains et un minimum de 21 Canadiens dans l’alignement). Par exemple, un gars qui arrivait de Texas A&M ou d’une autre université américaine, on savait par le passé que l’encadrement était plus prononcé, que le joueur avait subi un entrainement différent et soutenu. Des universités canadiennes, comme Laval et Montréal, ont investi dans l’aspect physique, comme dans la National Collegiate Athletic Association (NCAA). Ça se traduit par des Canadiens très hautement considérés et courtisés. Les kids peuvent souvent remplacer sur le champ un joueur régulier », analyse M. Edmé.
Cette émergence des Canadiens permet de développer un sentiment d’appartenance envers les joueurs.
« Des Canadiens restent longtemps et permettent aux partisans de s’identifier à eux. Le receveur éloigné Tyson Philpot, de Calgary, est une pièce maîtresse de notre attaque à seulement 24 ans et probablement ici pour longtemps. Le joueur de ligne défensive Pier-Olivier Lestage, 27 ans de Saint-Eustache, représente un autre produit local qui campe un rôle primordial. C’est plaisant de voir que nos efforts en coulisses produisent des joueurs qui ont un impact », reprend M. Edmé, lui-même un ancien centre-arrière des Cheetahs de Vanier et du Vert et Or de l’Université de Sherbrooke.
Celui qui a obtenu un baccalauréat spécialisé en administration des sports à l’Université Laurentienne de Sudbury recherche avant tout un profil de joueur-étudiant qui fera honneur à l’organisation montréalaise.
« Tu vises des joueurs talentueux et avec du caractère, mais aussi des bonnes personnes. On représente Montréal, PKP (Pierre-Karl Péladeau) et Québécor. On jase avec les profs des jeunes espoirs, leurs entraîneurs et même jusqu’au physiothérapeute de l’équipe. On agit comme des détectives sur place. Le recrutement demeure la locomotive qui fait rouler un club à l’année longue. On passe notre temps à surveiller les listes à jour des 32 équipes de la Ligue nationale (LNF) et les 9 de la Ligue canadienne (LCF). On fouille partout : c’est un recommencement. »
Rapports
Le repêchage du 29 avril dernier, à Régina, a aussi permis aux équipes de la LCF d’achever leurs banques de données des espoirs, lors de deux jeux d’évaluation au Combine 2025 tenu au AffinityPlex de l’endroit.
« Une blessure est si vite arrivée : tu veux avoir des rapports à jour sur le plus de joueurs et positions possibles. Des fois, un joueur libéré par Toronto t’attire. Tu l’as vu à Buffalo par le passé et tu estimes qu’il peut aider les Alouettes. Et si le gars vient du Québec ou parle français, ça devient un plus. C’est comme les Stampeders, qui ramènent souvent des joueurs des Dinos de Calgary (club universitaire) dans leur nid, de leur province. Les bassins sont illimités : il s’agit de jaser entre collègues, afin d’identifier et de réunir le plus de données possibles. On forme un tout, un recrutement de tous les instants, chez les Alouettes », conclut M. Edmé, un natif de Montréal-Nord.
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Excellente recrutement !