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«10% de ce dont on a besoin, ce n’est pas un budget historique»

Par Ève Ménard

Lors du dépôt du budget le 22 mars dernier, le gouvernement de la CAQ a parlé d’un rehaussement « sans précédent » du financement des organismes communautaires. On fait notamment référence à 1,1 milliard de dollars supplémentaires sur 5 ans afin de mettre en place le nouveau Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire 2022-2027.

Mais au-delà des belles paroles et des chiffres, le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) parle davantage de déception et de désenchantement.

Comme l’explique Benoit Larocque, coordonnateur au ROCL, l’analyse du budget et ses déclinaisons prend du temps. Mais de manière globale, on constate que c’est loin d’être suffisant. « On s’attendait à quelque chose d’historique, de substantiel pour l’ensemble des groupes communautaires. » Après une série de grèves rotatives du milieu communautaire survenues à la fin du mois de février, les groupes n’ont pas l’impression d’avoir été entendus.

Cynisme

Il y a notamment un investissement de 37 millions de dollars supplémentaires au programme de soutien aux organismes communautaires qui a été annoncé. Mais ce que les groupes demandaient, c’était plutôt 370 millions de dollars. « 10 % de ce dont on a besoin, selon moi, ce n’est pas un budget historique », déplore Benoit Larocque. Dans les Laurentides, le montant reçu devrait se situer entre 1,8 et 2 millions de dollars.

Suivant l’annonce du budget, les organismes ressentent de plus en plus de cynisme, indique le coordonnateur. « On se fait dire par le gouvernement qu’il y aura quelque chose d’historique et finalement, ce n’est pas aussi épatant que ça. En plus, on y a cru. On s’est fait des attentes et maintenant, on déchante. »

Le système immunitaire du Québec

Pour Benoit Larocque, il ne suffit pas non plus de répondre uniquement aux besoins de base, mais aussi à la demande grandissante. Les enjeux de recrutement sont présentement significatifs. Pour assurer la rétention du personnel et son embauche, il faut que les groupes soient en mesure d’offrir des salaires compétitifs et des conditions de travail adéquates. Benoit Larocque déplore que le gouvernement ait tendance à offrir du financement ciblé, dans certains secteurs uniquement. Le ROCL milite pour un financement « généraliste » qui répond à l’ensemble des besoins et des missions des organismes à travers le Québec.

Tout un travail doit aussi être fait en prévention. « Nous sommes le système immunitaire du Québec. Souvent, le gouvernement travaille juste sur les symptômes. Mais pour renforcer notre système immunitaire, il faut aussi travailler en amont des symptômes. » À tous ces égards, Benoit Larocque dit ressentir, depuis plusieurs années déjà, beaucoup de déconnexion entre le gouvernement et les besoins réels sur le terrain.

À propos du ROCL

Le ROCL est un large regroupement de 161 organismes communautaires autonomes qui oeuvrent dans les Laurentides. Certains travaillent pour venir en aide aux familles, aux femmes, aux personnes démunies, aux personnes handicapées, aux jeunes, en défense des droits, en alphabétisation, en consommation, en crédit communautaire et en solidarité internationale. Les organismes portent des valeurs de justice sociale et d’égalité. Leurs approches visent une réappropriation de pouvoir par les personnes afin que chacun et chacune puisse agir comme citoyen et citoyenne à part entière. L’écoute, l’entraide, ainsi que des activités d’information et d’éducation populaire sont partie intégrante de leur quotidien. En bref, le ROCL a pour mandat de :

• Représenter les organismes communautaires des Laurentides et défendre leurs droits.

• Favoriser le développement et la consolidation des organismes par la formation, l’analyse, la réflexion et la concertation.

• Susciter et animer des actions et des projets collectifs.

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