FASS : Catherine Gaudet crée un univers hypnotique
Par Joëlle Currat
La chorégraphe montréalaise Catherine Gaudet présentera son spectacle Les jolies choses le 2 août à Saint-Sauveur, lors du plus grand rendez-vous de la danse au Québec.
Du 23 juillet au 3 août, le Festival des Arts de Saint-Sauveur (FASS) célèbre sa 34e saison. Cet événement, reconnu aujourd’hui comme le plus grand diffuseur de danse en région au Canada, accueille depuis plus de 30 ans les plus grands noms de la danse et de la musique de la scène nationale et internationale. Parmi les spectacles présentés cette année, la chorégraphe Catherine Gaudet propose Les jolies choses, une œuvre qui lui a valu le Grand Prix de la danse de Montréal 2022 et qui a aussi conquis le public européen.
Celle qui a d’abord été danseuse crée des œuvres chorégraphiques depuis 2004 et a monté sa propre compagnie de danse il y a cinq ans. C’est en 2012 qu’elle connaît son premier succès avec un spectacle intitulé Je suis un autre. Détentrice d’une maîtrise au Département de danse de l’UQAM, Catherine Gaudet a aussi été professeure et chargée de cours dans cette même université et donne des ateliers d’interprétation et de création à des artistes professionnels notamment à l’École de danse contemporaine de Montréal.
Un nouveau cycle
Depuis 2018, Catherine Gaudet propose des œuvres où les mouvements sont répétitifs et circulaires, ce qui lui permet de créer un univers hypnotique. « Les spectateurs sont plongés dans une forme de contemplation qui crée une distorsion dans leur perception de l’espace-temps, explique la chorégraphe. J’utilise cette forme d’expression pour susciter une surprise et un renversement vers la fin du spectacle. »
Elle s’inspire, entre autres, de la tradition soufie et de celle des derviches tourneurs qui dansent en tournant sur eux-mêmes pour atteindre une forme de transe et accéder au sacré. Les danseurs exécutent la chorégraphie comme s’ils s’adonnaient à une forme de rituel pour être en mesure d’accéder par le mouvement à un autre état de conscience.
Le spectacle Les jolies choses qui met en scène cinq danseurs et danseuses en est une parfaite démonstration. Soumis au rythme implacable du métronome, leurs gestes mécaniques s’enchaînent, exigeant d’eux une rigueur et un synchronisme absolus. Le tempo, d’abord lent et contenu, s’accélère imperceptiblement, pulsé par la musique minimaliste et hypnotique d’Antoine Berthiaume. « Cette chorégraphie est très exigeante sur le plan physique pour les danseurs, explique Catherine Gaudet. Elle demande aussi de leur part une grande concentration, une attention exclusive sur l’instant présent. »
La part cachée
Parmi les thèmes qui transparaissent dans les œuvres de Catherine Gaudet, il y a une forme de tension et d’ambiguïté. « Dans mes chorégraphies, les danseurs sont souvent englués dans une soumission au système, tout en maîtrisant totalement ses codes. Ce qui leur donne le pouvoir d’agir sur ce système, de le transformer et d’en sortir », dit-elle.
Cette artiste a choisi la danse parce que cette discipline se situe en dehors du langage parlé, des mots. « J’aime représenter ce qu’on ne dit pas, ce qui se cache sous la surface ou le masque social, indique-t-elle. Ce sont des éléments qu’on perçoit, qu’on ressent mais que, bien souvent, on met de côté pour s’attarder uniquement au discours de la personne qu’on a en face de nous. »
Comment parvient-elle à traduire de tels concepts sous forme de mouvement ? « Si je prends l’exemple de mon spectacle Les jolies choses, je vais soumettre les danseurs à des contraintes physiques très précises. En même temps, je leur demande d’incarner des intentions qui sont en contradiction avec ces mouvements. Ces deux commandes contradictoires les amènent à révéler leur vulnérabilité », conclut-elle.
À mettre à l’agenda
Quoi : Le spectacle Les jolies choses
Où : Au Festival des Arts de Saint-Sauveur (FASS)
Quand : Samedi 2 août 20 h