La lignée sportive des Létourneau
À 80 ans, Paul Létourneau est plus qu’un athlète, un cycliste ou un skieur aguerri. Il est le pilier d’une famille entièrement tissée par le mouvement. À ses deux fils, Benoît et François, il n’a pas seulement transmis une passion : il a transmis un mode de vie, une façon d’habiter le monde.
Paul a grandi dans un univers où le sport était naturel, presque instinctif. « Mes parents faisaient du ski. Dans les années 40, mon père partait avec ses chums. Ils prenaient le train jusqu’à Val-David ou Sainte-Agathe, puis redescendaient en ski dans la journée », raconte-t-il. Le plein air faisait partie du quotidien, comme respirer. Plus tard, Mont-Rolland deviendra son terrain de jeu. Vélo, ski, ski de fond : tout y passe.
Une famille qui bouge
Paul et son ex-conjointe, elle aussi très sportive, élèvent leurs deux fils en misant sur l’activité physique, mais jamais dans la performance imposée.
« Notre père ne nous a pas obligés à faire du sport, il nous a amenés à en faire. On allait avoir du plaisir. Il ne nous a pas dit : “Voici un club de compétition, vas-y” », raconte son fils François. Le sport était une activité familiale, pas un programme, mais une façon d’être ensemble. Ses fils suivent la trace : ski de fond, vélo de montagne, kayak, jusqu’à un niveau très élevé. « En revenant des compétitions parfois, on avait tous gagné une médaille. Il devait y avoir 350 médailles dans la maison », se souvient François. Lui-même ira aux Olympiques à Atlanta en 1996 et remportera la 8e place en canoë biplace. Sa mère, elle aussi, n’était pas en reste. « Elle a été championne provinciale. Elle était capable de s’arracher le cœur. »
Le sport comme ciment familial
Dans la famille Létourneau, tout le monde bouge. Même aujourd’hui, Paul impressionne encore. François se souvient d’une course de Val-David à Prévost il y a une trentaine d’années. « À un moment donné, trois messieurs de 50 ans nous dépassent… dont mon père, dit-il. Je n’étais pas capable de les suivre. » Paul rit. « J’avais 48 ans. »
Encore aujourd’hui, il se donne des défis personnels. « Je double mon âge et je parcoure cette distance dans la journée. Cette année, il fallait faire 158 km. J’en ai fait 164 », raconte-t-il. Au côté de sa conjointe actuelle, tout aussi active, il enchaîne encore les sorties impressionnantes. « Elle marche 7, 8 ou 10 km par jour. Elle aime ça marcher. » Impossible de parler de la famille Létourneau sans parler de Mont-Rolland. Ici tout respire les sports de plein air : la rivière du Nord, les sentiers de ski, la proximité des montagnes.
« Notre parcours de vie dépend aussi de cet endroit », rappelle François. Dans les compétitions, on remarquait facilement la famille. « Les autres parents n’étaient pas sportifs. Dans les courses, il y avait juste les miens qui faisaient de la compétition ».
Une plaque a même déjà été installée à l’époque chez Espresso Sports : La famille Létourneau, avec l’arbre généalogique et les photos des générations de skieurs. Une reconnaissance locale d’une présence sportive devenue légendaire. Tous ces exploits tranquilles mais impressionnants ont façonné leur regard sur le sport : non pas une obligation, mais une manière d’explorer le monde, de vivre pleinement et de rester curieux du paysage qui les entoure.
Un héritage en mouvement
Aujourd’hui, François transmet à son tour ce qu’il a reçu. « Chaque fin de semaine, je fais du sport avec mes enfants. » Sa fille Isabelle suit déjà son rythme. Les jeunes d’aujourd’hui vivent dans un autre monde, constate-t-il : davantage d’écrans, plus d’anxiété, moins de spontanéité. Mais l’essentiel demeure, « l’intérêt de base est là ».
À 80 ans, Paul garde la même philosophie qu’à 20 ans : bouger pour le plaisir. Pas pour le podium, ni pour l’apparence. Pour la joie du mouvement. « Si je ne m’amuse pas, je ne le fais pas », résume-t-il simplement.
Et c’est peut-être ça finalement, la signature Létourneau : une manière saine et lumineuse de vivre le sport. Une famille enracinée dans un territoire, dans la nature et dans la joie simple d’avancer, ensemble.