Histoires de pêche

Par Mimi Legault

CHRONIQUE

Pour les prochaines semaines, je vous propose des chroniques légères comme l’été. En voici une sur des moments de pêche que j’ai vécus tout au long de ma vie. Mon père m’a initiée à la pêche alors que je n’étais qu’une enfant de 7-8 ans. Il aimait la pêche à la traîne ou si vous préférez « troller ». Nous partions avec mon oncle Dado et son bateau, et papa laissait traîner sa ligne à l’aide d’un appât en surface sur la rivière Outaouais. De bien beaux après-midi gorgés de soleil et d’une ou deux truites si nous étions chanceux.

Un jour, oncle Dado avait raconté une histoire assez salée merci à mon père, qui avait semblé la trouver très drôle. Fière de ma « prise », je racontai autour de la table le soir à ma famille ladite blague… Je n’oubliai pas un mot, mais ma mère, horrifiée de mon propos dans la bouche d’une enfant, avait dit à mon père : celle-là, elle ne l’a certainement pas apprise à l’école !

En 1987, alors que j’étais en vacances en Gaspésie, vers l’heure du souper, je décide d’aller sur le quai d’Amqui. Un vieux pêcheur, au regard aussi bleu que la mer, me fixait du coin de l’oeil. Il pêchait tranquillement comme si sa ligne était devenue une extension de son bras. Tu viens de la ville, toé ? me demanda-t-il. Pour éviter une trop longue explication, je répondis, oui. Tu créras pas ça, ma p’tite dame, mais hier au soère, y en a quekun de par che vous qui s’est nêyé sur Décârie, m’affirme-t-il sans rire. Je m’étais levée d’un bond, certaine que le bonhomme avait vidé une caisse de douze. Et pourtant, si vous regardez les archives, effectivement, le 14 juillet 1987, la chose s’est produite…

30 juin, début des vacances pour les profs. Année ’90. En sortant de l’école, une amie m’invite à aller à son chalet situé à quelques kilomètres de Saint-Jérôme. Chemin faisant, j’aperçois un étang où il était possible de pêcher des truites. Je ne connaissais pas le principe. Parole d’honneur ! Alors me voilà toute heureuse de prendre dans un temps record quatre truites de suite. Alors que j’allais rejeter ma ligne è l’eau, le proprio arrive en disant : à date, ça vous fait 34,00$, ma p’tite dame (ils m’énervent avec leur p’tite dame !!!). Vous acceptez les cartes de… je n’ai pas le temps de terminer ma phrase que le voilà furieux, les baguettes dans les airs en disant : sont tous comme ça les clisses de profs, jamais une cenne ! Un regard du côté de mon amie me confirme qu’elle non plus n’a pas un sou sur elle. Je lui offre de lui laisser les truites, pas question, dit-il. La chose a fini par se régler grâce à un dépanneur sis tout près de chez lui. Que faire desdites truites ? La fête de mon père était le 2 juillet. J’arrivai à la fête familiale avec quatre poissons pas emballés, bien sûr, et mon père non plus, ne le fut pas davantage.

J’ai quand même de merveilleux souvenirs de pêche, ne serait-ce qu’avec Thierry sur le lac Deux-Montagnes d’où nous avons sorti les plus belles prises de dorés que Thierry me mettait galamment en filets. Mes voyages en Gaspésie demeurent mémorables où durant plusieurs années, je me suis rendue avec des amis pêcher la morue. Nous revenions avec des prises que nous mangions l’hiver juste pour nous rappeler ces moments mémorables.

Un jour que j’étais en visite au lac Saint-Jean avec une amie native de là-bas, elle m’amena visiter sa sœur qui, nous voyant arriver, dit à son mari : Marcel, va dont nous pêcher un beau doré pour dîner. J’avais insisté pour l’accompagner. En moins de deux, nous étions revenues avec un superbe doré et vous le jure : jamais je n’avais mangé un aussi bon poisson frais.

Ma dernière histoire de poisson en est une sans l’être. En deuxième année, m’arrive un nouvel ami fraîchement sorti du centre de Paris. Durant le cours d’arts plastiques, j’avais demandé aux élèves de dessiner de beaux poissons et Rémy, le petit Parisien, s’était présenté à mon pupitre avec quatre rectangles sur sa feuille. Je ne comprenais pas, et lui ne comprenait pas que je ne comprenne pas. Avec son accent purement français, il s’était exclamé : ben quoi, ce sont des poissons, tu sais des fish and chips ?

Misère de misère…

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