Yves Desjardins. Président-directeur général du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA)
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L’hébergement des aînés : un réseau sous pression

Par Rédaction

Lettre ouverte

Yves Desjardins. Président-directeur général du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA)
 
Une population qui, grâce à l’amélioration des conditions de vie et aux progrès de la médecine, vit plus longtemps et en meilleure santé que jamais auparavant constitue un progrès indéniable pour la société.
Et cet état de fait change complètement la donne : jamais l’humanité n’a porté en son sein, en même temps, jusqu’à cinq générations et jamais autant de centenaires n’ont foulé le sol de la planète. Cette situation est des plus manifestes au Québec.
En 2011, environ 17 % de la population était âgée de 65 ans ou plus. Si la tendance se maintient, la proportion atteindra 25 % en 2031. Cette opportunité, qui est celle de pouvoir compter sur autant de sagesse, se double d’un grave devoir, celui d’en prendre le plus grand soin, et ce, peu importe le type d’hébergement choisi.
En vieillissant, nous aspirons tous à rester chez nous le plus longtemps possible. Les options offertes sont heureusement variées, passant des maisons unifamiliales aux copropriétés et aux immeubles locatifs, puis aux résidences pour aînés. Tous ces types d’habitation ont ce point commun qui fait d’eux des domiciles pour les aînés qui ont fait le choix d’y habiter.
Puis, peu à peu, lorsque la perte d’autonomie s’installe et s’accentue avec le vieillissement, qu’advient-il de la personne qui en est affligée? Au Québec, la majeure partie du budget voué aux soins des aînés va à l’hébergement en institution (CHSLD). Encore trop peu d’argent est investi dans les soins à domicile. Dans les pays scandinaves (Danemark, Norvège et Suède), qui sont souvent cités en exemple pour leurs politiques sociales avant-gardistes, le modèle préconisé est tout autre, pour ne pas dire inversé. Non contraints d’avoir à se déplacer, les aînés reçoivent tous les services dont ils ont besoin à l’endroit même où ils habitent. Ce modèle a bien sûr de quoi inspirer. Des structures sont toutefois déjà en place au Québec et celles-ci pourraient contribuer à la concrétisation d’un tel projet de société, se nourrissant le plus naturellement du monde du souhait fondamental de nos aînés : celui de demeurer le plus longtemps possible chez eux.

Les résidences privées pour aînés : un modèle populaire qui répond aux besoins et aux souhaits des aînés

Le Québec a la chance d’être pourvu d’un réseau de plus de 1 800 résidences privées pour aînés à travers tout son territoire. Celles-ci offrent un total de 133 000 unités locatives qui accueillent au moins autant de résidents. C’est donc dire qu’une solution existe déjà pour contribuer au maintien des gens à domicile, dans leur communauté de surcroît.
Mais ce modèle est sous pression comme jamais. L’accumulation des exigences réglementaires, jumelée à une capacité limitée de payer des aînés, a amené ce type d’hébergement à un point de rupture. À preuve, on déplore plus de 350 fermetures survenues au cours des trois dernières années, essentiellement de petites résidences situées en région.
On parle ainsi en moyenne d’une résidence qui ferme tous les trois jours. C’est donc dire que dix résidences fermeront durant la présente campagne électorale.
La solution pour stopper cette hémorragie est connue de tous les partis politiques et nous la rappelons : il faut donner les moyens à tous les aînés, principalement les moins fortunés, d’avoir le choix de rester dans leur domicile, dans la communauté à laquelle ils appartiennent, entourés de leurs proches. Les aînés en perte d’autonomie qui vivent en région et qui ont fait le choix d’habiter en résidence méritent aussi de demeurer là où ils sont, et de ne pas être déracinés.

L’argent suit l’aîné

En 2012, le RQRA a déposé une étude à laquelle a participé M. Philippe Couillard, alors consultant à la firme SECOR.
On y présente un modèle de financement qui repose sur un soutien de l’État qui suit la personne, en fonction de ses revenus et de son niveau d’autonomie.
Pour y arriver, il faut cependant améliorer les mesures fiscales en place, dont le crédit d’impôt pour le maintien à domicile.
Le RQRA croit qu’il faut laisser aux aînés le choix de leur hébergement et des gens qui prendront soin d’eux.
Nous sommes également d’avis qu’il faut cesser de séparer des couples et de déraciner les gens des lieux qui les ont vu grandir, travailler et s’épanouir.
Misons donc sur le réseau des résidences privées pour aînés, une solution plus humaine et beaucoup moins coûteuse pour la société. Nous le devons à ceux et celles qui ont bâti le Québec moderne.

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