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Toyota GR Supra 2020 : sublime!


Le Guide de l'Auto

Article par Jacques Bienvenue

Toyota fait renaître la Supra en accolant à son nom deux initiales évocatrices de performance : GR. Elles réfèrent à Gazoo Racing, la filiale qui a donné à ce constructeur sa première victoire au 24 Heures du Mans.

Les voitures sport de marques allemandes ont longtemps eu le haut du pavé. Le raffinement et la rigueur de leur conception, leurs performances enlevantes et l’impressionnant comportement routier le justifiaient pleinement.

Depuis quelques années toutefois, de véritables bijoux sont apparus aux catalogues de Lexus et d’Infiniti, des marques que certains estiment moins prestigieuses, sans doute par snobisme. N’empêche que certaines de ces nouveautés ne manquent pas de surprendre, sans compter qu’elles bénéficient d’une grande fiabilité et de coûts d’entretien moins rébarbatifs.

La GR Supra fait partie de ces petits joyaux. Ironiquement, elle porte l’écusson d’une marque plus humble encore : Toyota! Cette nouveauté va à contre-courant des tendances du marché des voitures de luxe, mais aussi de celui des VUS et autres multisegments qui dominent les ventes. Parions qu’il fallait un leader comme Akio Toyoda, l’actuel patron de Toyota qui est aussi un pilote de course aguerri, pour mener à terme ce projet. Mais son approbation ne pouvait suffire à le faire aboutir. Le constructeur devait adopter un nouveau paradigme.

Alors, plutôt que de développer ce bolide seul, Toyota s’est associé à BMW. Une architecture et une motorisation communes a permis à ces partenaires de réaliser à moindres coûts des biplaces sportives radicalement différentes : une nouvelle génération du roadster Z4 pour le constructeur allemand et, pour le japonais, un coupé classique redonnant vie à la lignée des Supra (disparue à la fin des années 90).

Ce genre de partenariat n’est pas nouveau pour le constructeur nippon. La Toyota 86 lancée en 2012 est née de même manière. Cet autre coupé sport biplace, moins performant, mais plus abordable, a été mis au point en partenariat avec Subaru, qui en a tiré la BRZ. Souvenez-vous aussi de la Matrix, une familiale compacte vendue de 2002 à 2014 et développée avec General Motors qui, de son côté, en avait fait la Pontiac Vibe.

GR pour Gazoo Racing
Pour réaliser ce nouveau coupé sport, Toyota s’est tourné vers Gazoo Racing, l’origine des initiales « GR » accolées à son appellation (Gazoo est un dérivé du mot japonais « gazo » signifiant image ou photo). Cette filiale dirige le programme de sport automobile mondial de Toyota et lui a donné, entre autres, une première victoire aux 24 Heures du Mans, en 2018. Elle produit aussi en petit nombre des autos de haute performance prisées des Japonais.

Nouvelle rivale de l’adorable Porsche 718 Cayman, la GR Supra reprend le moteur B58 de BMW (B58B30M1) de la Z4, qui sert aussi aux utilitaires X5 et X7. Doté d’un turbocompresseur à deux volutes, ce 6 cylindres en ligne de 335 ch fournit une dose respectable de couple à la Supra : 365 lb-pi de 1 600 à 4 500 tr/min. Quand je pense que le moteur des Porsche RSR de course que je pilotais en 1995 développait 300 ch !

Comme pour la Z4, ce moteur entraîne les roues arrière de la Supra par l’intermédiaire d’une boîte de vitesses automatique ZF à 8 rapports. Ne cherchez pas de boîte manuelle au catalogue. Le constructeur n’en offre pas. Pourquoi s’embarrasser d’une pédale d’embrayage et d’une boîte manuelle pour rendre ce bolide plus énergivore et moins agréable à conduire au quotidien (en ville et sur l’autoroute) ? De plus, cette boîte automatique passe les rapports plus vite et plus efficacement qu’une manuelle. À cela s’ajoute une fonction d’assistance au départ de type « launch control », qui donne une motricité maximale lors des départs arrêtés. Voilà pourquoi la Supra accélère de 0 à 100 km/h en seulement 4,355 s.

Née pour la piste… et la route
Un essai réalisé au circuit Mont-Tremblant, dans les Laurentides, nous a permis d’apprécier la grande rigidité du châssis qui, grâce à son empattement court, rend la Supra très agile. L’empattement est plus court que celui d’une 86/BRZ (-101,6 mm), mais le porte-à-faux arrière rend la Supra plus longue (+147 mm).

On ne se lasse pas de la conduire même sur un circuit aussi exigeant. Vous aurez compris que la Supra m’a ravie. Merci « GR » ! En virage, elle se place parfaitement. Sa tenue de route prévisible et sa direction précise impressionnent. En revanche, les freins à étriers Brembo ont beaucoup de mordant au début, mais après cinq tours sur ce circuit, la pédale devient un peu molle. Sur la route, on ne devrait toutefois pas atteindre pareille limite.

Ce puissant coupé doit son agilité, entre autres, à un différentiel actif de série. Ce dispositif emploie un moteur électrique et des embrayages multidisques pour contrôler le couple moteur et moduler sa répartition entre les deux roues arrière (de 0 et 100%). Cette répartition s’effectue en virage, à l’accélération ou en freinage et limite autant le sous-virage que le survirage. C’est impressionnant !

Une masse réduite doublée d’une répartition idéale (50/50) influence aussi le comportement de la Supra à haute vitesse. C’est d’ailleurs pour l’alléger qu’on a eu recours à l’aluminium pour fabriquer les portières, le long capot et divers éléments de la suspension, alors que le hayon du coffre est fait en matériau composite.

Roulement étonnamment doux
Deux sièges baquets moulants à appuie-tête intégré rendent les longues randonnées agréables par le confort et le soutien qu’ils procurent, mais la suspension surprend par la douceur du roulement. Avec un bolide pareil, on s’attendrait à être « brassé », surtout à cause des pneus de haute performance Michelin Pilot Super Sport, qui enveloppent les roues en alliage de 19 po. Heureusement, la suspension variable adaptative accomplit admirablement son travail en modulant le niveau d’amortissement de manière continue selon l’attitude du conducteur et les conditions routières.

C’est naturellement plus confortable lorsqu’on choisit le mode Normal du système de gestion de la motorisation. Le mode Sport convient plutôt à une piste de course. En plus de réduire les interventions du régulateur de traction et du système de contrôle de la stabilité, il rend l’accélérateur plus vif. Il modifie également les paramètres de la direction et de l’amortissement, réduit le temps des changements des rapports et rend le différentiel actif plus agressif. En prime, le son de l’échappement devient plus riche. C’est jouissif !

Au Canada, la Supra coûte 64 990 $. Il n’y a pas d’option et, donc, pas de zigonnage. Pour la première année de production, Toyota en offre d’ailleurs très peu aux Canadiens : 300 exemplaires seulement. Or, on se presse déjà aux portillons, car la nouveauté et l’exclusivité font saliver les acheteurs de ce genre de voitures. Si vous êtes du nombre, faites vite. Vous ne serez pas déçu!

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