L'hôpital régional de Saint-Jérôme.
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Santé : Les Laurentides souffrent de sous-financement

Par Simon Cordeau

Les infrastructures du système de santé des Laurentides sont vétustes et sous-financées. Pour rattraper le retard, des Laurentiens impatients ont décidé d’unir leur voix dans une nouvelle initiative, pour faire pression sur le gouvernement du Québec.

« Nos institutions hospitalières ont un gros besoin d’amour. Il faut opérer un rattrapage nécessaire et important en santé et en services sociaux », soutient Philippe Leclerc, directeur du Conseil des préfets et des élus de la région des Laurentides (CPÉRL).

Pour ce faire, des élus municipaux, des médecins, des personnalités laurentiennes, des gens d’affaires, des organismes communautaires et d’autres ont créé la Coalition Santé Laurentides.

Sous-financement

Le nœud du problème, c’est le sous-financement. La population des Laurentides a pratiquement doublé en 34 ans, passant de 319 000 habitants en 1986 à 630 000 en 2020. « Ces chiffres-là ne prennent pas compte des villégiateurs ou des excursionnistes », précise André Genest, préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut. Cela fait des Laurentides la 4e région administrative en importance au Québec, juste après la Capitale-Nationale.

Malgré cette explosion démographique, les investissements n’ont pas suivi.

« On représente 7,9 % de la population de la province, mais on ne reçoit que 4,5 % des ressources en santé », illustre M. Genest.

Et cette augmentation de la population devrait se poursuivre, déjà accélérée durant la pandémie par les citadins qui s’installent ici.

Ainsi, les infrastructures hospitalières ne suffisent plus à la tâche. Les Laurentiens reçoivent 28 % de leurs soins et ont 33 % de leurs chirurgies d’un jour à l’extérieur de la région, soit à Laval, à Montréal ou à Hawkesbury, en Ontario. « Le CISSS des Laurentides calcule que l’hôpital de Saint-Jérôme devrait disposer d’environ 200 000 m2 pour répondre à la demande. Mais sa superficie actuelle fait seulement 70 460 m2 », déplore M. Leclerc.

Et avec le vieillissement de la population, la pression sur le système sera de plus en plus grande, en particulier dans les Pays d’en Haut, où nombre de Québécois s’installent à la retraite. « Plus on laisse aller les choses, plus ça affaiblit nos infrastructures », avertit M. Leclerc.

Collaboration et transparence

La Coalition Santé Laurentides se mobilise d’abord et avant tout dans un esprit de collaboration et de transparence, insiste Bruno Laroche, préfet de la MRC de La Rivière-du-Nord. « On veut s’inclure dans le processus, on veut les appuyer. S’il y a des retards, on veut être au courant. »

Les gouvernements précédents ont fait du « saupoudrage », selon M. Leclerc, investissant çà et là à travers la région, mais en négligeant une vision globale et structurante. Il croit toutefois qu’il y a présentement un « alignement des astres ». Les 10 circonscriptions des Laurentides sont occupées par des députés de la CAQ, et parmi eux se trouvent le président du caucus et 4 ministres. Il devrait donc être plus facile de travailler avec le gouvernement.

M. Laroche croit aussi que les Laurentides sont plus unies que jamais, ce qui permettra de faire mieux entendre les préoccupations des résidents.

Échéanciers et retards

Cependant, ce n’est pas gagné d’avance. « On va avoir seulement 3 centres hospitaliers [sur les 6 de la région] modernisés à la fin de la décennie », explique M. Leclerc. Mais uniquement si l’échéancier est respecté et qu’il n’y a pas de retards.

Déjà, la modernisation de l’hôpital de Saint-Jérôme n’apparaissait pas dans le projet de loi 66 pour accélérer certains projets d’infrastructure. Pourtant, François Legault, en tournée dans les Laurentides en juillet dernier, avait lui-même jugé la situation inacceptable.

Ainsi, pour M. Laroche, la priorité est que les projets débutent. « Nous, on veut juste le début du commencement. On ne veut pas que ce soit reporté en 2027 ou en 2028, pour nous rendre compte, rendus là, que c’est encore reporté. Ce sont des promesses faites en 2001! »

D’une manière ou d’une autre, cela prendra des décennies avant que le retard soit rattrapé. C’est pourquoi, selon les instigateurs de la Coalition Santé Laurentides, il faut s’y mettre dès maintenant.

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