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Récit d’une survivante du génocide des Tutsi au Rwanda

Par Rédaction

On n’oublie jamais rien : le génocide comme je l’ai vécu

Françoise Le Guen – Le 13 mars marquait la sortie du livre de Marie-Josée Gicali On n’oublie jamais rien : le génocide comme je l’ai vécu. Le récit d’une survivante du génocide des Tutsi au Rwanda. Elle y raconte sa vie d’avant, celle de l’horreur et celle de l’espoir.
Au printemps 1994 tout a basculé au Rwanda, Marie-Josée Gicali est témoin du massacre des siens et survit miraculeusement. « Avec la publication du livre, j’ai le sentiment du devoir accompli », nous dit-elle. Ce livre marque aussi un nouveau départ. Libérée elle ne veut pas s’arrêter là et a déjà commencé à écrire la suite. « Je vais continuer dans ce sens, car je pense que les gens ont besoin d’être informés sur ce qui se passe dans le monde et que ça vienne de la personne qui a vécu cette tragédie ».

Jérominenne depuis trois ans

Marie-Josée Gicali vit à Saint-Jérôme depuis trois ans, elle est arrivée au Québec en 1998. Ce livre elle ne savait pas qu’elle allait l’écrire. Elle a toujours pris des notes dans ses cahiers pour elle, simplement. « J’avais besoin de sortir des choses, mais je ne pensais pas écrire un livre ; je ne voulais pas, c’était trop souffrant de rendre ça public et je n’avais pas la force; mais finalement, mes enfants – elle a une fille de 15 ans et un garçon de 11 ans, étudiants à l’Académie Lafontaine – commencent à grandir et posent des questions. Ils auront besoin de savoir ». C’est aussi un devoir de mémoire envers les victimes. « Les nommer et parler d’eux, c’est leur rendre hommage. Je n’ai pas enterré mes proches, pour moi c’est une façon de leur donner une sépulture ».

Comment traverse-t-on l’horreur ?

« C’est très difficile, mais chaque histoire de survie est unique. Il y a des gens qui ne s’en sortent pas pour différentes raisons, mais en général on s’accroche à la vie. Personnellement j’étais indignée, j’avais de la colère et je me disais “les gens qui ont voulu ma mort, je veux qu’ils voient ma vie”. Elle m’a été épargnée et c’est un miracle. Je m’accrochais toujours à quelque chose et quand j’ai retrouvé mon père, que je croyais mort, je me suis dévouée à sa survie, j’avais une raison de vivre ». Avec cette certitude qu’il y avait mieux que cela dans la vie, qu’il n’y avait pas que le mal, que la mort, que la haine. « Je me disais que le côté lumineux existait. Ils n’ont pas atteint l’être humain que je suis. C’est intact à l’intérieur de moi. Je suis capable d’aimer, de m’émerveiller, d’empathie, donc je suis en vie. »

Redonner

Marie-Josée Gicali veut redonner, en faisant des conférences auprès des personnes qui vivent des situations difficiles et auprès des jeunes qui sont aux prises avec les problématiques du monde d’aujourd’hui.  « Je pense qu’il y a moyen de renverser la vapeur pour installer la culture de la paix. C’est peut-être la seule chose qui va sauver notre humanité. Je sais jusqu’où peut aller la haine, il ne faut pas attendre que le malheur arrive, il faut prévenir ».

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