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Peuple à je-nous

Par Mimi Legault

Au moment où j’écris cette chronique, ça rue dans les brancards, ça hurle dans les chaumières. Imaginez! Noël, cette année, est chambardé. Plusieurs passeront cette fête fin seuls ou presque. Et pour le Jour de l’An? Niet! Rien du tout. Tu ne trouves pas ça scandaleux, Gertrude? Tout ça, si et seulement si, la moyenne des testés positifs descend en bas des 1000 cas par jour.

Mais laissez-moi revenir en arrière pour vous parler des deux guerres mondiales, l’une de 1914-18 et l’autre de 1939-45. Je n’étais pas née, mais deux de mes oncles ont vécu la seconde. Lisez ceci : des villages entiers disparaissent. Plusieurs familles vivent dans les ruines de leur maison ou dans des abris de fortune. Dans le nord de la France, 289 000 maisons détruites, 422 000 sévèrement endommagées, 11 000 édifices (églises, écoles, hôpitaux) sont à reconstruire.

Permettez? Je continue : Henri H. a 19 ans lorsqu’il traverse sa ville accompagné par plusieurs membres de sa famille. Deux salves de bombardements aériens les surprennent. Son oncle, sa cousine et sa fiancée meurent sur le coup. Il se retrouve reclus dans une petite ferme pendant huit jours sans aucune nourriture. La sortie est épouvantable, routes et champs sont jonchés de corps déchiquetés, humains et animaux mêlés, l’odeur est infecte.

De notre côté, on nous demande d’y aller mollo pour les Fêtes de cette année. C’est une question de mois pour le vaccin. Porter le masque, se tenir à deux mètres de distance, se laver les mains. Est-ce si atroce que ça? Qu’avons-nous tant à nous plaindre en comparaison de ce pire vécu il y a plusieurs années? Sommes-nous à ce point attachés à une pointe de tourtière et un morceau de bûche au chocolat pour nous retrouver dix jours plus tard à l’hôpital?

J’avoue ne pas comprendre. Ou peut-être que oui au fond.

Certains gens sont de gros JE ME MOI.

Tous ces antis, ces narcissiques, ces chialeux, ces oui, mais, ces récalcitrants qui ne pensent qu’à leur propre personne, incapables de sortir de leur petit monde. Ouf! Ça me fait du bien d’écrire. Comme disait mon ami Robert, des crottes sur le cœur, ça donne mauvaise haleine.

Heureusement qu’il y a les NOUS. Ceux qui s’en tiennent strictement aux règles. Qui ont suffisamment de jugeote et de bon sens pour se rendre compte que des excès périodiques de désespoir sont dans l’ordre des choses.

Qu’il n’est pas donné à tout un chacun de vivre dans une éternelle félicité. Accepter d’être malheureux quand les circonstances le justifient est un signe de bonne santé mentale.

Je n’attaque pas ici ceux et celles réellement atteints par la pauvreté, par la maladie, par l’anxiété. Loin de moi cette idée. Je vise les jamais contents. Ceux qui, s’ils avaient assisté au sermon sur la montagne par Jésus (histoire biblique) qui a nourri 5 000 personnes avec deux pains et  cinq poissons auraient levé le ton se plaignant qu’il n’y avait pas de beurre sur leur pain et pas de citron sur le poisson.

C’est facile d’être d’accord avec les décisions du gouvernement en autant que l’on ne nous demande pas trop de changements à notre petite routine c’est-à-dire  sa zapette, sa bière, sa sortie de week-end au resto, son chien, sa pizza. Des fois, sa piscine hors terre, son BBQ et sa semaine à Cuba. Attention, danger. Il importe peu de descendre du singe, l’important étant de ne pas y remonter…

Sérieusement, je vis dans le même pays que vous. Moi aussi, j’ai mes moments creux. Le ruban gris du quotidien colore certaines de mes journées surtout autour de 16 heures lorsque le soleil dégringole à l’horizon. Mais je pense à tous ceux qui nous ont quittés pour aller jouer de la harpe là-haut, à ceux et celles qu’ils ont laissés derrière eux à cause de ce maudit virus.

À Noël, je risque peut-être de m’ennuyer comme un boucher dans un congrès végétarien, mais j’en conclus que nous sommes tous tributaires les uns des autres. À force de se calmer le pompon, peut-être deviendrons-nous des excessifs de la modération!

mimilego@cgocable.ca

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