Quel avenir pour les salles de cinéma?

Par Frédérique David

À chaque fois que je suis allée au cinéma, cette année, je pouvais compter sur les doigts de mes deux mains combien il y avait de personnes dans la salle. Parfois même d’une seule main. Dans ces cas-là, je me sentais presque mal qu’on fasse tourner un film juste pour moi, ou presque, avec le personnel que cela implique de payer. Cet accablant constat s’est vite accompagné de questions et d’inquiétudes quant à l’avenir de nos salles de cinéma.

Pop-corn et documentaires

Bien sûr, je ne suis pas une référence. D’abord parce que je vais au cinéma plus souvent que la moyenne, mais surtout parce que je ne vais pas voir des Blockbusters américains. Parions que si j’avais été voir Barbie, j’aurais été moins inquiète. Quoi que. Mais c’est un autre sujet que je n’aborderai pas aujourd’hui. En plus, je ne rapporte pas grand-chose aux salles que je fréquente puisque je ne consomme pas le pop-corn qui se vend avec une marge de profit de 84%. Bref, je ne suis pas une référence, mais je contribue peut-être à la survie des documentaires! J’sais pas pourquoi, mais la survie du pop-corn m’inquiète beaucoup moins.

Hausse des entrées en 2022

La réalité, c’est que l’inquiétude concernant la survie des salles de cinéma, et du 7e art par la même occasion, alimente de nombreuses discussions depuis des années et dans de nombreux pays. La ministre française de la Culture n’a pas hésité à parler d’un « enjeu civilisationnel pour nos sociétés et pour nos démocraties. » La concurrence croissante des plateformes de streaming, des Netflix de ce monde et des changements des habitudes de consommation des médias avec l’avènement des téléséries, n’a fait que réduire la fréquentation des salles de cinéma. Au Québec, elle est passée de 21,1 millions d’entrées en 2012, à 18,7 en 2019 puis à 11,3 millions en 2022. Malgré une hausse par rapport à l’année précédente, le nombre d’entrées de la dernière année reste inférieur à celui de l’année qui a précédé la pandémie.

Les Laurentides en bonne position

Au fil des ans, de nombreuses salles de cinéma indépendantes ont fermé les portes. Une des plus anciennes de la province est toujours en vie, à Sainte-Adèle. Il s’agit de notre illustre Cinéma Pine. Je me suis souvent demandée comment Tom Fermanian réussissait cet exploit. En voyant les chiffres du dernier rapport de l’Observatoire de la culture et des communications du Québec, j’ai été heureuse de constater que 6,9% de l’assistance totale dans les salles de cinéma du Québec provenait des Laurentides. C’est dire que notre région compte encore un nombre enviable de cinéphiles par rapport à d’autres régions du Québec. C’est dire aussi que des propriétaires de salles comme Tom Fermanian savent cultiver cet amour pour le 7e art en faisant une place de choix au cinéma québécois et de répertoire. On ne peut résister sans se démarquer. Ça, il l’a compris depuis longtemps!

L’offre québécoise en hausse

Les derniers chiffres publiés par l’Institut de la statistique du Québec révèlent que le cinéma américain représente 82% des entrées en 2022, contre 9% pour les films québécois. Cela dit, parmi les 783 films projetés en salle, seulement 107 étaient québécois. L’offre québécoise est néanmoins en hausse depuis les années 2000. C’est dire que le cinéma québécois connait un bel essor, malgré un contexte économique difficile.

Et l’avenir?

Dans le milieu culturel, on surveille de près les statistiques des entrées dans les salles de cinéma. On se demande si la fréquentation restera inférieure à celle d’avant la pandémie et si elle continuera de baisser, comme on l’observe depuis 20 ans. Chacun y va de son analyse et de ses propositions pour relancer une industrie mise à mal par de nombreux facteurs. Je me plais à espérer que les petites salles de cinéma et leur offre de qualité sauront mieux se démarquer que les mégaplexes de ce monde. « Tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais », a déclaré un jour Xavier Dolan, un de ceux qui a su nous faire pleurer plus d’une fois dans une salle de cinéma.

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