Ça que c’tait

Par Journal-le-nord

Depuis le début des temps, même avant d’avoir croqué la première pomme, nous devons notre survie à notre capacité d’adaptation. De la transformation de l’oxygène dans l’air en passant par la réalité sans pitié de la gravité, l’être humain a su modifier son ADN afin de ne pas manquer le prochain épisode de sa série télé préférée. Qu’en est-il vraiment du rôle de l’anticipation et de l’appréhension des obstacles auxquels nous devons faire face?

L’élucubration du jour est gracieuseté d’un partage de ma belle-sœur Sophie, qui se réjouissait d’être sortie courir malgré une température moche et maussade. Vous savez le genre de journée de décembre où il pleut avant Noël, que le froid n’est pas assez froid pour s’habiller chaud et qu’il fait trop chaud pour s’habiller comme s’il faisait froid? De son propre aveu, ce fut moins pire qu’elle ne l’eut cru. J’étais fier d’elle.

Le plus difficile, c’est de sortir. Si on écoute trop la voix intérieure de la complaisance, ça ne coûte pas cher de semelles, mais on est moins riches en moments. Le reste n’est pas plus facile, mais tant qu’à être dehors, autant se rendre un peu plus loin que la dernière enjambée. Et c’est là que la magie opère. On ne le répète jamais suffisamment : « C’est normal d’avoir froid les premières minutes. Si t’as chaud en partant, c’est que t’es trop habillé. »

Ceux qui pratiquent leur activité beau temps ou mauvais temps comprendront ce que je veux dire. Obélix chantait que l’appétit vient en mangeant, c’est pareil pour le sport et la pratique d’activités dans des conditions difficiles. On commence à petit pas, pour s’apercevoir à quel point c’est vivifiant et satisfaisant. Après une quinzaine de minutes à jouer sous la pluie froide, on croise le regard d’un autre coureur, et la fierté que l’on partage alors nous fait assurément grandir, rendant possible ce que l’on croyait peut-être inatteignable dans les instants précédents.

Comme les enfants qui rouspètent qu’ils ne veulent pas aller glisser/patiner/skier/rouler et qui s’amusent comme des fous dans l’action, ne voulant plus rentrer le temps venu. Si nos ancêtres avaient pu prévoir les difficultés de ce qui les attendait à chaque détour et s’étaient contenter de rester dans leur caverne, nous n’en serions probablement pas rendus à la lecture de notre journal sur une tablette.

Le couvre-feu vous angoisse? Sortez tôt et constatez qu’un lever de soleil laurentien n’a rien à envier à ceux d’ailleurs dans le monde. De l’autre côté du cadran, pour ceux qui voulaient s’initier aux sorties nocturnes, voilà enfin un avantage au coucher de soleil à 17h. On peut prévoir le pire, cependant, on arrive rarement à mesurer à l’avance la gratification de ces moments uniques, obtenus parfois au coût du sacrifice d’un peu de confort.

En fait, c’est toujours moins pire qu’on pense. Sauf quand c’est pire qu’on pensait … et là, d’habitude, c’est vraiment pire. Mais pour savoir si c’est pire qu’on pense, il faut arrêter d’y penser et essayer. Je me sou-viens encore de Jean Marie qui nous disait : « … arrêtez de penser ou vous allez devenir pansus … » J’en comprends aujourd’hui pleinement la signification. C’est la bedaine qui nous guette si on se guette trop la bedaine. Et il fredonnait aussi constamment « Si frais, si bon, Simard », mais ça c’est une autre histoire …

Bougez, sortez, grelottez, recommencez, zigzaguez.

Bon hiver amis lecteurs!

Lisez notre cahier plein air de notre édition du 20 janvier pour des idées à faire dehors !

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