Voilà pourquoi
Par Mimi Legault
Je vous l’ai déjà dit, je jouis d’une santé de fer. Mais j’ai dû subir une chirurgie d’un jour, rien de grave, Dieu merci. Le personnel de l’hôpital a été aux p’tits oiseaux et la docteure spécialiste, une petite soie. Je tiens à le dire parce qu’entre ce qu’on entend parfois dans les médias et ce que l’on vit en réalité, ça fait deux. Trois jours plus tôt, je me suis payée une belle pierre aux reins. Quand j’entendais les gens qui étaient passés par là dire que ça faisait plus mal qu’un accouchement, ça m’enrageait. Mais pour avoir subi les deux, j’avoue humblement que c’est un peu beaucoup vrai.
Fiston a également connu le même bobo. Alors je lui téléphone et lui parle de mes symptômes. Il me répond : es-tu couchée en chien de fusil? Affirmatif. Alors, va prendre deux pilules de morphine et couche-toi. De la morphine! Croyait-il que je traînais ça dans ma sacoche? En pleine crise, une amie me téléphone, elle voulait que j’aille prendre soin de son petit chien parce qu’elle se trouvait à l’urgence. Je lui réponds que je suis à la veille d’aller la retrouver tellement j’ai mal au ventre. Elle me conseille de me rendre dans un autre hôpital de la région. L’urgence déborde. Elle est arrivée à 11 heures pour finalement repartir douze heures plus tard sans avoir vu le médecin.
Nous y voilà! Les urgences! Les maudites urgences. Samedi matin dernier. Une autre amie me contacte, elle ne se sent pas bien. Je la rejoins chez elle. Son état ne nécessite pas d’ambulanciers. Quand même. Elle est plutôt blême. Étendue sur son sofa, elle étudie sur internet le pourcentage d’occupation des urgences de la région. L’un a un taux de 124%, le deuxième consulté 110% et le troisième est fermé les fins de semaine. Que fait-on, me demande-t-elle.
On prie ou on sacre. Voilà pourquoi, vous ne devriez JAMAIS tomber malade un samedi ou un dimanche. Ça devrait être défendu! Mon amie obtient finalement un rendez-vous pour dans dix jours à la radiologie. Normal, c’était un lundi matin. Mais auparavant, elle doit passer au CLSC pour une prise de sang. Celle qui la reçoit lui dit qu’elle doit maintenant téléphoner au numéro inscrit sur la carte qu’elle lui présente en ajoutant que s’il y a plus que 25 personnes qui attendent, ça raccrochera et il faudra rappeler de nouveau. Elle lui précise qu’il n’y a aucune place avant trois semaines. C’est le nouveau système, madame. Il faut suivre le pro-to-co-le. Peut-on dire que le nouveau système des CLSC pourrait se nommer progrès? Remarquez que ça ne m’étonne pas, j’ai essuyé le même refus parce que je m’étais blessée à une jambe, il fallait changer le pansement dans 48 heures. On m’a répondu la même chose : pas avant trois semaines.
Le système de santé est malade. Il n’y a aucun arc-en-ciel à l’horizon qui nous annonce que désormais ça va bien aller. Ce n’est pas compliqué me semble : si les urgences débordent, c’est mathématique : il manque cruellement de médecins. You Hou! Y a-t-il quelqu’un dans la salle qui va finir par le réaliser? Quand ces petites barbaries quotidiennes cesseront-elles? Un médecin par urgence, ça n’a aucun sens. Lorsque je passe devant un CLSC les week-ends, tout est calme, pas un chat. Peut-être qu’un fonctionnaire plus dégourdi qu’un autre pourrait proposer que les CLSC soient ouverts sept jours sur sept pour dégorger les urgences. Au point où on en est pour les dépenses, quelques millions de plus ou de moins…
Je ne comprends pas les médecins qui vous prescrivent de prendre du repos alors que justement c’est ce que vous venez de faire à l’urgence pendant 22 heures! Le temps est un grand guérisseur : étant donné qu’il faut attendre longtemps pour voir un toubib ça pourrait être une forme de remède! Il est loin le temps des visites à domicile. Désormais il n’y a que les plombiers, les ramoneurs et les voleurs qui le font. Ah les urgences! Ô Seigneur donnez-moi de la patience et tout de suite à part ça!