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L’arche de Noé

Par Mimi Legault

Ce qui m’a réellement frappée durant la pandémie, c’est de voir des gens mécontents; ce qui était fort compréhensible avec des pertes d’emploi, d’argent. Avec des horaires qu’il fallait régulièrement changer, avec les enfants et l’école qui ouvrait pour refermer quelques jours plus tard. Je parle surtout de ceux et celles partiellement touchés ou pas du tout et qui ne pensaient qu’à leur petit nombril. Des jamais contents. Alors, j’ai écrit un texte sur l’Arche de Noé.

Remarquez que s’il eut fallu que Noé vive ce projet dans les années 2000, il serait devenu fou ben raide. Avec les problèmes de la construction, avec leurs syndicats, avec la hausse des prix de la construction, ce serait la catastrophe! Voici donc l’histoire.

Il y a de cela très longtemps, tellement longtemps que l’heure n’était pas encore avancée, vivait un humble citoyen appelé Noé. Il souffrait d’insomnie. Tout allait mal : son commerce allait tout droit à la faillite, il payait trop de taxes et l’État l’égorgeait d’impôts qu’il n’arrivait plus à payer. What’s new pussycat? Mais une nuit, Noé eut un rêve. Non, un cauchemar.

Dieu, qui en avait ras le bol de ses pleurnichements décida de déjouer tous les météorologues. (pas bien difficile ça…). Quarante jours et quarante nuits de pluie. Il choisit Noé et lui demanda de construire un bateau dans lequel on y mettrait un couple de chaque animal, question de sauver la race. Méchant contrat. Tout un songe! Noé y songea d’ailleurs beaucoup. Comme il n’avait plus rien à perdre, il se mit résolument à la tâche. Quelques mois plus tard, nous retrouvons tout ce beau monde à l’intérieur de l’arche.

On n’est pas sorti du boa, disait le serpent qui sifflait pour tenter de se détendre. J’étouffe, criait la girafe qui aurait préféré prendre un p’tit cou. Le cochon (qu’on appelait en cachette le XXX) se demandait si un jour il finirait par arriver à bon porc. Têtard un peu pour penser à ça, lui souffla la grenouille. Quant au lion, il était bien déchu de la tournure des événements. Jument souviendrai longtemps, hennit le cheval qui avait l’estomac dans l’étalon.

De son côté le canard en avait mare. Même Coq l’oeil, la gentille taupe avait son mot à dire. Comme de fait, elle disait : Âne, ma soeur Âne, ne vois-tu rien venir?

Justement, Noé arriva.

– Vos gueules, cria-t-il!

Bon, je sais. Ce n’est pas comme ça que c’est écrit dans la bible. Moi, je vous donne la version relue et corrigée.

– J’ai travaillé comme un aigle pour vous sauver la vie! À quoi on zoo ici? J’exige une petite quarantaine. Me semble que ce n’est pas trop vous demander!

Peut-être que Noé s’appelait Legault comme le premier ministre…

Si je peux me permettre, dit la précieuse biche, nous sommes tous tannés de ce confinement. Ça pue. Ça sent l’after-chèvre passé date.

– Mais j’ai pris lapine de vous dire que vous auriez tous la vie sauve! Pas capables de souffrir un peu?

Ça doit être la température qui nous rentre dedans, admit l’éléphant qui trompait sa femme devant tout l’monde.

Mes amis, dit Noé, je chouette autant que vous la fin de ce confinement. Mais je vous préviens, s’il y en a qui décidaient de prendre le mors aux dents, je ferai des coupures. Après tout, on est loin d’une pandémie! Allons, un petit effort…

Et paon dans le mille. Devant tant de leadership, la guêpe baissa le taon et le maringouin se fit fine mouche. On fit taire les qu’en dira-t-on. Et ce fut un magnifique voyage qui passa à l’Histoire!

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