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Mazda MX-5 Miata 1989 : un voyage dans le temps


Le Guide de l'Auto

Article par Gabriel Gélinas

Hiroshima, Japon – Nous sommes bien en 2019, mais pourtant c’est l’année 1989 qui refait surface sur la piste d’essai du constructeur Mazda à Hiroshima, où deux MX-5 Miata de première génération, entièrement restaurées avec soin, sont prêtes pour un court galop d’essai.

Je prends le volant de l’une d’entre elles et, dès le démarrage, c’est un véritable flashback que je vis alors que je suis transporté, sourire aux lèvres, 30 ans en arrière…

Elle a beau dater de 1989, c’est une voiture neuve que je conduis, sans aucun ménagement, sur cette piste essentiellement composée de deux très longues lignes droites et de quatre virages pour former une boucle.

Les réactions du châssis sont vives et immédiates. Le moteur de cette MX-5 de couleur Classic Red respire et s’exprime comme au premier jour, et la boîte manuelle est un modèle de précision, même si je dois passer les rapports avec la main gauche, conduite à droite oblige.

Les sensations ressenties au volant de cette MX-5 sont absolument authentiques, et me rappellent jusqu’à quel point cette voiture a enflammé les passions.

Après une courte pause, je prends le volant d’une seconde MX-5 de couleur British Racing Green, avec volant et pommeau de levier de vitesses en bois, tous deux créés par l’équipementier Nardi, pour vivre l’extase une seconde fois. Il commence à se faire tard, le soleil disparaît à l’horizon, mais je conduirais encore et encore…

Lancée en 1989 au Salon de l’auto de Chicago, la Mazda MX-5 Miata est devenue une véritable icône de l’histoire de l’automobile. Ce roadster japonais, inspiré par les bagnoles sport britanniques d’après-guerre, s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires déclinés sur quatre générations du modèle. Le modèle actuel, désigné ND, a été précédé par les NC, NB et bien sûr NA, qui est celui ayant rallumé la flamme pour les roadsters.

Depuis décembre 2017, Mazda a lancé un programme de restauration pour les propriétaires japonais de modèles de première génération désireux de donner une seconde vie à leur MX-5. Pas moins de 120 000 exemplaires du roadster MX-5 NA ont trouvés preneurs au Japon et, de ce nombre, 20 000 sont encore sur la route.

C’est pour cette clientèle japonaise que Mazda a choisi de lancer un programme de restauration dirigé par Nobuhiro Yamamoto, autrefois chargé de projet pour les MX-5 de troisième et quatrième génération, et aujourd’hui ambassadeur de la MX-5 pour Mazda. Une trentaine de mécaniciens et artisans triés sur le volet compose l’équipe dédiée à ce programme de restauration.

Des frais considérables
Un menu varié est proposé aux propriétaires, et ce menu ressemble un peu à celui de certains restaurants au Japon, puisqu’il est composé d’une offre de base à laquelle on peut rajouter des extras.

Ainsi, il est possible de ne faire que des réparations à la carrosserie et la peinture avec le service de base, moyennant des frais de 2,5 millions de yens (à peu près 30 400 dollars canadiens), mais il est également possible d’opter pour l’option A et de faire refaire l’intérieur pour des frais additionnels de 700 000 yens (environ 8 525 dollars).

Refaire le moteur et la boîte de vitesses avec l’option B entraîne des coûts de 800 000 yens (9 745 dollars), le châssis avec l’option C ajoute 400 000 yens (4 870 dollars), remettre le système de climatisation en fonction coûte 250 000 yens (3 045 dollars), et l’ajout de nouvelles jantes et pneus représente un déboursé supplémentaire de 200 000 yens (2 435 dollars). Pour tout refaire de A à Z, le tarif est de 4 850 000 yens (près de 60 000 dollars). À la lecture de ce qui précède, vous avez compris que ce n’est pas donné, et que les sommes exigées peuvent facilement dépasser la valeur de la voiture lorsqu’elle était neuve, voire celle d’une MX-5 actuelle…

Obsession compulsive
Ceci étant dit, dans le cas d’une restauration complète, toutes les composantes de la voiture sont passées au peigne fin, avec un souci du détail qui frise l’obsession compulsive.

À titre d’exemple, les pneus neufs installés lors de la restauration sont des Bridgestone dont la construction est moderne, mais dont le dessin de la semelle est identique à celui des pneus montés en usine à l’époque, l’équipementier ayant dépoussiéré les moules d’antan pour produire de nouveaux pneus qui ressemblent parfaitement aux anciens.

Ce principe a été adopté pour la peinture. C’est donc une peinture de technologie moderne avec un scellant de type clearcoat qui est appliquée, mais la couleur doit absolument correspondre à l’une des quatre teintes originales (Classic Red, Stone Metallic, Cristal White ou Mariner Blue), ou l’une des trois teintes ajoutées par la suite, soit British Racing Green, Sunburst Yellow ou Black. Incidemment, le propriétaire d’une MX-5 n’est pas tenu de faire repeindre sa voiture avec la même teinte qu’à l’origine. Il peut choisir de changer de couleur, tant et aussi longtemps qu’il s’agit d’une des sept teintes précitées.

Pour une restauration complète, le processus prend deux mois, et la voiture conserve son numéro de série. Toutes les étapes sont documentées avec photos et mesures détaillées, lesquelles sont imprimées dans un livre unique qui est imprimé, relié et remis en mains propres au propriétaire de la voiture restaurée, rien de moins…

Pour l’heure, ce programme de restauration n’est offert qu’au Japon, et que pour les MX-5 de première génération. Cependant, Mazda étudie la possibilité d’ouvrir l’accès à ce programme à des propriétaires d’outre-mer, voire de l’étendre à d’autres modèles marquants de l’histoire de la marque, comme la Cosmo ou la RX-7 de première génération.

À l’échelle mondiale, Mazda est un petit constructeur, ce n’est pas un géant de l’automobile comme Volkswagen ou Toyota, et ses ressources sont limitées. Cependant, la marque d’Hiroshima n’a pas hésité à mettre sur pied un tel programme de restauration pour répondre à la demande croissante de passionnés qui veulent continuer de vivre leur histoire d’amour avec la MX-5, et pour cela, il faut les féliciter…

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