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Une pratique de livraison légale : mais morale ?

Par Luc Robert

Certaines compagnies reconnues de livraisons de colis utilisent des robots-appeleurs, demandant aux clients de donner leurs informations de cartes de crédit pour régler à l’avance leur facture.

Alors que les Canadiens se tournent de plus en plus vers les services en ligne, en cette période de pandémie prolongée pour commander des marchandises, les arnaqueurs s’en donnent quant à eux à cœur joie pour essayer de soutirer le maximum d’informations personnelles aux citoyens.

Une cliente prévotoise a utilisé une bannière de livraison américaine. Elle a été médusée, lorsqu’un robot a voulu obtenir ses renseignements au téléphone.

« La commande passée était bien réelle et les numéros concordaient avec mes numéros de confirmation de ce que j’ai acheté en ligne. Mais nous sommes en 2021 : on répète toujours aux aînés, entre autres, de prendre en note les infos données au téléphone (par l’interlocuteur ou le robot) et de rappeler la compagnie plus tard, avant de divulguer ses numéros personnels. La compagnie de livraison aurait aussi pu être victime d’un vol (de données) informatique(s) et moi aussi », a souligné la cliente, Mme Manon Hébert.

Après avoir raccroché, celle-ci a recommuniqué avec le livreur américain. Une pré-posée du service à la clientèle de la firme, jointe après trente minutes d’attente, a confirmé la manœuvre d’appel par le biais d’un robot.

« Depuis le début de la pandémie, nous n’utilisons plus des terminaux portatifs, pour faire payer le client à sa porte. Les risques de contagion de la COVID existent (…). Voilà pourquoi nous utilisons les robots pour faire payer à l’avance le client, à distance. »

« Je peux comprendre la réticence du client à dévoiler ses informations à une machine, mais la démarche est légale. Il nous arrive régulièrement que des clients prennent les numéros en note et refusent de payer sur le coup au robot. Ils nous rappellent ensuite », a ajouté la représentante qui a préféré demeurer anonyme.

Prudence

À l’Office de la protection du consommateur, le porte-parole Charles Tanguay nous a référé au Centre antifraude du Canada (CAFC), bien qu’il ait un mot à passer aux lecteurs. « La dame a bien fait d’attendre. Il est toujours préférable de vérifier le montant de la transaction, son numéro de facture et les justifications fournies. Ensuite, il est préférable de vérifier si la compagnie existe et la rappeler. On recommande la plus grande prudence avant de dévoiler ses infos au téléphone ou en ligne », a-t-il fait savoir.

Au CAFC, nos nombreux appels au service des relations médias sont demeurés lettre morte.

Mois de la prévention

Par ailleurs, en mars dernier, une campagne annuelle de prévention de la fraude s’est déroulée partout au Canada. Ces derniers mois, les gens confinés se fient au marché numérique plus que jamais.

Des statistiques récentes du CAFC indiquent que les Canadiens ont perdu plus de 106,4 millions de dollars à cause de la fraude, en 2020. De ce montant, 62,6 millions de dollars provenaient de la fraude en ligne. L’impact réel de la fraude est vraisemblablement bien plus grand, car le CAFC estime que seulement 5 % des fraudes sont signalées.

Lors de ce mois de sensibilisation, le Bureau de la concurrence a conjugué ses efforts à ceux de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et du Centre antifraude du Canada (CAFC), afin d’accroître la portée de la lutte contre la fraude en ligne au Canada.

Par ailleurs, la campagne du Bureau de la concurrence avise que des arnaques en ligne touchent la non-livraison de produits, des abonnements piégés et des fausses évaluations en ligne.

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