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Histoire d’empathie

Par Journal-le-nord

Chronique d’un X

jctremblayinc@gmail.com

 

Récemment, j’ai bien rigolé en lisant un article de CTV News qui rapportait qu’un service de police canadien avait demandé à ses citoyens de «cesser d’être gentils au volant, car cela engendrait des accidents de la route». En gros, l’histoire concernait des conducteurs de l’Île-du-Prince-Édouard qui, croyant bien faire, laissait passer d’autres automobilistes aux intersections en leur signalant que la voie était libre. «Les citoyens sont trop polis», ont insisté les policiers. Wow… cette courtoisie qui tue, on aura tout vu

Ça m’a fait penser à certaines situations de la vie, où justement, la courtoisie, sœur de l’empathie, ne joue pas toujours à notre avantage, par exemple dans le sport, où ça peut devenir problématique, surtout chez nos enfants qui doivent trouver le juste équilibre entre affirmation et politesse.

Le sport : une révélation

Dans un rôle d’entraîneur, on incite les joueurs à être premier sur le jeu et de foncer sans s’arrêter. Or, cette année, en plein tournoi de soccer, une question quasi existentielle m’a résolument frappée : Et si l’excès de politesse était responsable des défaites? Je m’explique. 

Lorsqu’il y a une course pour le ballon, le but est d’aller le récupérer en utilisant les techniques et toute la vigueur physique permise dans les limites du sport donné. Mais depuis l’an passé, particulièrement chez les filles de 10 ans et moins, je remarque que plusieurs préfèrent laisser le ballon aux autres que de se bousculer pour l’avoir. D’autres arrêtent carrément de jouer si elles ont accidentellement accroché une coéquipière, ou même une adversaire, ouvrant ainsi la porte à l’autre équipe pour reprendre possession et marquer.

Celui qui porte le chapeau d’entraîneur se retrouve alors dans la position ingrate (et contre-nature) de dire à ses joueurs de poursuivre leur route sans se soucier de l’autre, tandis que l’être humain derrière le banc a juste envie de les féliciter pour leur geste empathique. Cependant, tout est dans le dosage… et j’ai mis longtemps à réaliser que sur un terrain comme dans la vie, lorsque l’on place les intérêts d’autrui avant les siens, on finit toujours par perdre au change. 

Sexiste, cette empathie 

Cette observation à saveur sociologique m’a aussi amené à réaliser que le phénomène d’empathie, notamment dans le sport, était nettement plus présent (ou évident), chez les filles que chez les garçons. S’il y a un élément qui revient constamment, et qui m’agace, c’est qu’il y a souvent un double standard quand vient le temps de parler d’empathie et de son contraire; les filles sont rarement invitées à démontrer du caractère et exprimer leurs émotions à leur façon, mais heureusement, il y a des exceptions. 

À ce chapitre, j’étais plutôt heureux d’avoir été témoin du triomphe de l’équipe américaine de soccer, couronnée championne du monde cette année. Elles ont été confiantes (tantôt arrogantes), et souvent déconcertantes, car elles n’ont pas fait de quartier, et c’est précisément ça, qui a dérangé et ce pourquoi plusieurs les ont vertement critiquées. À ça je dis : alléluia! Malgré l’iniquité salariale dont elles font les frais depuis des années, elles persistent et sont devenues un modèle de résilience pour plusieurs, et un exemple à suivre au chapitre de l’excellence. 

Célébrer ce qui compte

Je ne sais pas pour vous, mais au final, je préfère de loin entendre des policiers parler de «politesse excessive» que de rage au volant. Idem dans le sport, où j’aime mieux rappeler aux jeunes la pertinence de prendre leur place, plutôt que de discipliner un comportement agressif, absent de sensibilité. 

Je souhaite à tous nos enfants, et particulièrement à nos jeunes filles, d’écouter leur appel intérieur, dans ce vaste monde où conformité se confond à tort avec normalité. Petite fille deviendra grande, et c’est à nous de leur enseigner la symbiose à construire entre le respect de l’autre et celui de soi, une hygiène de vie qui toujours leur restera.

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