(Photo : Annie Diotte)
Marie-Claude D’Aoust présentera le 17 novembre une première lecture publique de son projet « Fille de trans ».
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Faire le pont entre les communautés

Par Ève Ménard

Marie-Claude D’Aoust est une fille de trans. Son papa, Sophia, est une personne transgenre. C’est à 17 ans que Marie-Claude apprend la double identité de son père. À l’époque, elle tombe dans le jugement. « Je suis complètement dans le déni, je ne veux rien savoir et je trouve ça bizarre. »

Aujourd’hui, après un cheminement significatif, elle entame une grande étape de son projet « Fille de trans », qui a pour objectif de raconter son histoire et d’ouvrir un dialogue social et honnête. La toute première lecture publique du projet aura lieu le 17 novembre prochain au Théâtre Gilles-Vigneault. On en discute avec la principale intéressée, qui habite les Laurentides depuis plusieurs années.

La proposition est simple : Marie-Claude sera sur scène, texte en main, et récitera son histoire. Sans être du théâtre, des intentions et des intonations seront données au texte, afin de dynamiser la représentation. Des dialogues seront aussi recréés, avec l’aide de Véronique Boucher, la metteuse en scène et partenaire de Marie-Claude dans le projet.

Premier contact avec le public

Éventuellement, l’objectif est d’en faire une pièce de théâtre, jouée par des comédiens. La représentation du 17 novembre consiste en un premier contact avec le public. « On veut voir comment les gens reçoivent l’histoire, voir ce qui est touchant ou ce qui est moins clair. Bref, on veut identifier les forces et les faiblesses du texte pour ensuite tomber dans la création du spectacle », explique Marie-Claude. Elle prévoit débuter ce processus créatif au printemps prochain.

Véronique Boucher met en scène la représentation du 17 novembre, en plus d’accompagner Marie-Claude dans le projet.

L’idée d’une telle proposition mijotait depuis quelque temps dans l’esprit de Marie-Claude. C’est parti notamment d’échanges avec Véronique. Cette dernière souhaitait en apprendre davantage sur la communauté transgenre, mais sans vraiment savoir où s’informer. « On s’est rendu compte que j’avais beaucoup de réponses, en raison de ma proximité avec mon père. Aussi, ça pouvait être moins gênant de me parler, puisque je ne suis pas une personne transgenre. Donc on ne risque pas de me blesser. » De là est née l’idée d’offrir cette connaissance et cette ouverture à plus grande échelle.

Surpasser l’ignorance et le jugement

« Je pense que si j’avais 17 ans aujourd’hui et que mon père faisait son coming out, ce serait beaucoup moins marquant qu’il y a 18 ans. » Marie-Claude témoigne d’une belle évolution et d’une plus grande ouverture chez la jeune génération. Par contre, pour le vivre au quotidien avec son père, elle sait aussi que la discrimination subsiste. Et ça part très souvent de l’ignorance. « Souvent, les gens ne comprennent pas pourquoi quelqu’un voudrait faire une transition. Plusieurs pensent que c’est un choix d’être une personne transgenre. » Marie-Claude croit en l’apprentissage social afin de mieux outiller le public et mieux accueillir la communauté trans.

« Le but, c’est de démontrer que ce n’est pas grave ce que tu en penses ou ce que tu en comprends pour le moment, mais il y a toujours une possibilité d’évoluer et d’en apprendre davantage. » Marie-Claude en est l’exemple parfait. « J’ai moi-même été cette personne qui jugeait, qui trouvait ça bizarre. Je veux démontrer que le cheminement que j’ai fait est possible et que surtout, il peut se faire dans le non-jugement. »

Elle n’a pas l’ambition de renverser, en une soirée, une manière de penser. Ou encore que les gens comprennent tout, au terme du spectacle. Elle veut simplement ouvrir la voie et la réflexion : prouver que chaque personne peut faire un petit bout de chemin, à son rythme. Le projet « Fille de trans » comporte d’ailleurs un volet de médiation culturelle. Ainsi, lors de la lecture publique, on profitera de la présence des spectateurs pour leur poser quelques questions, via un sondage.

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