(Photo : Sylvain Miller)
La chara, une algue de nos lacs. Grossie 40X au microscope.
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Sylvain Miller : La vie aquatique au microscope

Par Aurélie Moulun

Sylvain Miller est fasciné par la vie aquatique, surtout celle que l’on retrouve dans les lacs des Laurentides. Biologiste de formation et artiste à temps partiel, le résident de Mont-Blanc présentera Dans une goutte d’eau, une exposition de clichés à la bibliothèque de Saint-Hippolyte du 27 avril au 10 juin prochain. À l’autre bout du fil, je rejoins l’artiste alors en vacances à Vancouver.

Dolichospermum, une colonie de cyanobactéries très commune dans nos lacs, ainsi que des protozoaires ciliés. Grossis 200 fois au microscope.

Plonger dans les lacs des Laurentides pour capturer des images de la vie aquatique, c’est un passe-temps pour Sylvain. « J’ai fait carrière dans l’enseignement, mais j’ai suivi une formation en biologie. Je m’y suis beaucoup intéressé et j’ai lu beaucoup sur le sujet », dit-il.

L’exposition qu’il présentera est le fruit de 20 années de travail. Sylvain plonge dans les lacs pour y récupérer des échantillons, puis il les place sous un microscope pour pouvoir prendre les organismes vivants en photo.

Il me raconte d’ailleurs que ce qui le fascine le plus, c’est le plancton ! « Quand on pense au plancton, on pense souvent aux océans. Mais il y en a aussi dans les lacs. Et c’est ce qui m’intéresse. Selon ce qu’on retrouve comme type de plancton, on peut évaluer l’état de santé d’un lac », explique-t-il.

Hydres : petit animal fixé sur une plante qui est théoriquement immortelle. Photo prise en plongée sous-marine.

Sylvain Miller utilise l’art pour sensibiliser

Pour Sylvain, le but premier de son exposition sera de « sensibiliser le public aux différents enjeux entourant les lacs ».

« Les gens voient un lac ou un plan d’eau et ils vont aller s’y baigner ou y faire du bateau par exemple. Mais ils ne comprennent pas l’effet de leurs actions. La création de vagues, ou même d’avoir un beau gazon vert à proximité, ça peut avoir un impact sur la vie aquatique », indique l’artiste.

Pour illustrer ses propos, il me donne notamment l’exemple de la daphnie, un type de plancton particulier. « Elle vit en filtrant l’eau. Alors, en faisant des vagues, on emmène des particules des bandes riveraines dans le lac et les daphnies peuvent donc avoir plus de difficulté à se nourrir », détaille Sylvain. « C’est important de comprendre comment l’écosystème est fait et de comprendre comment il réagit. »

Algues vertes grossies 400 fois au microscope.

Prendre des photos avec un microscope

« Qu’est-ce que ça te prend pour faire des photos de ces petites bêtes aquatiques ? », ai-je demandé à Sylvain. « Beaucoup de patience ! », me lance-t-il.

En réalité, l’artiste utilise un microscope trinoculaire. « Les deux premières lentilles servent à voir avec les deux yeux, puis la troisième sert à la caméra. Celle-ci montre en direct sur un ordinateur ce qu’on voit à travers le microscope. »

Il ajoute d’ailleurs que la prise de photos avec un microscope n’est pas quelque chose de facile à faire. « C’est quand même difficile avec le microscope parce qu’il ne donne pas de profondeur aux photos. Alors, j’utilise une technique qui consiste à empiler 20 photos pour qu’il ne ressorte que ce qu’il y a de plus clair. Ça permet de donner une profondeur à mes photos », explique Sylvain.

Cristatelles : colonie d’organismes qui filtrent l’eau pour se nourrir. Photo prise en plongée sous-marine.

Une multitude d’organismes

À travers son exposition, Sylvain Miller dévoilera plus de 70 images. Il indique aussi que « 90 % des photos de l’exposition ont été prises dans les Laurentides ».

« J’ai des photos d’organismes exotiques envahissants, comme des cladocères épineux ou des gobies à taches noires. Mais l’exposition, c’est beaucoup plus que des gros plans d’organismes », s’empresse-t-il d’ajouter. « On y voit aussi des plantes aquatiques, des plongeurs en plongée sous-marine… J’ai une dizaine de photos de larves d’insectes aquatiques. Et puis, j’y montre le cycle de vie des libellules : du moment où elles pondent leurs œufs dans un lac, aux larves et au stade adulte. »

Pour chacune de ses photos, Sylvain a rédigé une description pour aider le public à s’y retrouver. Puis, « au vernissage, je vais expliquer les techniques que j’ai utilisées pour faire les photos. Et le 9 mai, je donnerai une conférence pour expliquer le rôle de ces organismes », souligne Sylvain Miller.

Le vernissage de l’exposition Dans une goutte d’eau aura lieu le 27 avril à la bibliothèque municipale de Saint-Hippolyte entre 17 h et 19 h.

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