(Photo : Babas Photography)
Marianne Farley lors du tournage du film Les Nôtres dans lequel elle tient le rôle de la mère, Isabelle.
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Questions et réponses avec Marianne Farley

Par Journal-le-nord

Un prochain long métrage sur la fuite, la famille et le deuil

Réalisatrice, productrice et actrice, Marianne Farley est d’une grande polyvalence et comme plusieurs autres, elle a été emportée par ce tourbillon qui a chamboulé le milieu de la culture depuis les derniers mois. En entrevue le 5 juin dernier, l’artiste qui a grandi à Sainte-Adèle nous parle de la reprise des tournages, de son premier long métrage à venir et de ses souhaits pour le futur.

 

Quand la COVID-19 et le confinement ont débuté au Québec, où en étais-tu dans tes projets?

Il y a avait Les Nôtres qu’on venait juste de sortir. Le film est sorti en salle le 13 mars. Et je pense que la veille, Monsieur Legault a annoncé l’ordre de rassemblement de 250 personnes et ensuite, cela a pris environ une journée ou une journée et demi et les cinémas ont fermé. Nous avons été un peu pris dans ce tourbillon-là. Par la suite, notre distributeur, Maison 4:3 a fait un travail extraordinaire pour sortir le film sur les plateformes numériques. Mais c’est certain que ce n’est pas la même chose une sortie numérique et une sortie en salle. Nous étions sur une belle lancée, donc ce fut décevant pour l’équipe.

Sinon, j’ai un court métrage que je venais tout juste de filmer. Nous l’avons tourné à la fin février et début mars. Nous avons été très chanceux. Présentement, j’ai commencé le montage un peu; j’ai un premier assemblage.

Le tournage de ton premier long métrage, Au nord d’Albany, était supposé débuter au cours de l’été. Où en es-tu?

Nous sommes encore en préparation. Nous n’avons pas encore de date. Ils viennent d’annoncer officiellement que c’est à partir de lundi [8 juin] que nous pouvons recommencer les tournages. Nous avons lu les protocoles un peu partout à travers le monde. Qu’est-ce ça implique, qu’est-ce que l’Angleterre fait, qu’est-ce le Danemark fait? Nous sommes encore en train de chercher au Québec et au Canada la meilleure manière de procéder. J’ai vraiment hâte de tourner. Pour moi, c’est clair que je tourne cette année. Je ne repousse pas mon projet à l’année prochaine; ce n’est pas dans mes plans.

Que peux-tu nous dire au sujet de ce long métrage?

C’est l’histoire d’une mère monoparentale qui apprend, dès le début du film, que sa fille a fait quelque chose de dramatique; elle  a blessé quelqu’un et la mère panique et part avec ses enfants aux États-Unis parce que le père de sa fille y habite. Puis, sa voiture tombe en panne dans un petit village dans les Adirondacks. Elle est prise dans ce petit village parce que le mécanicien commande une pièce et la pièce n’arrive pas. C’est un film qui parle beaucoup de la fuite. Ça traite du besoin de faire face à nous-mêmes et comment la vie fait en sorte qu’un moment donné, tu es devant une impasse et tu n’as pas le choix de te regarder. Il y a une famille aussi dans le village avec qui la famille se lie d’amitié. C’est un peu un effet miroir; on voit chez l’autre ce qu’on ne veut pas voir chez nous. Je pense que c’est un beau film, c’est un film sur la famille, un film sur le deuil aussi jusqu’à un certain point.

Tes projets ont souvent la particularité d’avoir une certaine portée sociale. Est-ce aussi le cas avec celui-ci?

Il y a beaucoup de sous-thématiques. La portée sociale, c’est important pour moi chaque fois. Mais celui-là est beaucoup plus large. Je pense que c’est profondément humain d’avoir le goût de se sauver de quelque chose, de nous-mêmes, de notre vérité, de nos démons, que ce soit dans l’alcool, le sexe, dans la drogue, dans le travail, dans le plaisir, dans la bouffe. Nous sommes faits comme ça. Je trouve fascinant comment la vie est bien faite. Parfois, nous sommes acculés au pied du mur et nous sommes obligés de se voir, de se comprendre. Ça c’est mon pattern depuis toujours et quand nous arrivons à transcender, je trouve ça extraordinaire. Mais il y en a aussi de la portée sociale. C’est certain que la communauté LGBTQ a toujours été extrêmement importante pour moi. Ce qui se passe aux États-Unis en ce moment avec le racisme, c’est épouvantable. Ce sont des thématiques qui me tiennent à cœur.

Considères-tu que ce sont des thématiques que nous retrouvons trop peu dans les productions?

Nous les voyons, mais parfois, c’est trop fleur bleue, trop évident, trop souligné. Mais de vrais films profonds qui sont subtils, je trouve qu’il y en a peu. Et je ne dis pas que mon film est nécessairement un chef d’oeuvre extrêmement profond. Je parle en général, je trouve que ce sont des thèmes que l’on n’ose pas aborder ou qu’on aborde de façon maladroite parfois. Ce n’est vraiment pas facile à faire.

Comment feras-tu pour gérer la proximité sur le plateau de tournage, considérant qu’il s’agit d’un film sur la famille?

Nous sommes en train de regarder tout ça avec mon coproducteur Benoit Beaulieu. Nous sommes en train de se poser des questions à savoir comment nous allons tourner. C’est un film de famille, donc je ne peux pas nécessairement avoir la famille à deux mètres de distance. Nous essayons de repenser certaines choses, ne serait-ce que le genre de lentille que nous allons utiliser pour pouvoir garder les acteurs un peu plus loin qu’habituellement. Je n’ai pas de scènes de sexe du tout dans mon film, donc ça m’aide. Je travaille le scénario énormément depuis quelques mois. Nous explorons différentes façons de faire. Je pense qu’il y a des compromis qui se peuvent et des compromis qui se peuvent moins. Il s’agit vraiment de trouver le juste milieu.

Que voudrais-tu qu’on retienne de la crise et qu’on conserve pour l’avenir?

Au niveau environnemental, j’espère que ça laissera une empreinte positive. Nous voyageons beaucoup, nous consommons beaucoup. Si nous pouvons calmer ces ardeurs-là de surconsommation. Même moi, qui est très écologique et qui fait très attention à ce que je consomme et comment je le consomme, ça m’a quand même fait réfléchir sur un paquet d’aspects. Mais en même temps, je ne sais pas si l’être humain sera capable d’évoluer dans le bon sens ou si nous allons revenir exactement à ce que nous faisions avant. J’espère que non. […] C’est une belle opportunité parce qu’il faut se réinventer. Il y a plein de choses qui ne pourront pas être comme elles l’étaient avant. Donc tant qu’à réinventer, réinventons de façon intelligente avec une vision à long terme qui est respectueuse de l’environnement. Je le souhaite de tout cœur.

 

En vrac

Séries télévisées ou films?

C’est comme ça que je t’aime. Je regarde aussi beaucoup de documentaires politiques et de séries politiques. La série sur Jeffrey Epstein, ça m’a jeté à terre. Quand tu vois que c’est tout le système autour qui protège cet homme-là, c’est incroyable.

Musique

J’aime beaucoup Yael Naim et son dernier album « Nightsongs »

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