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Charmants commerçants

Par Antoine Gascon

Chronique d’un X

On aura beau dire, critiquer les commerçants locaux c’est un peu comme essayé de discuter objectivement de laïcité avec Jagmeet Singh du NPD, c’est un terrain miné ! Cela dit, nos « locaux », je fais tout pour les valoriser, mais là, je suis à bout et je dois ventiler. Je le sais, toucher aux commerçants « d’ici » est un sacrilège passible de multiples châtiments, mais honnêtement, je n’en peux plus de la mauvaise qualité et du mauvais service, alors ce plaidoyer, c’est pour cette grandissante minorité que j’ai peine à aimer – pour les autres, vous avez toute mon admiration, alors bravo et continuez !

Vignettes d’horreurs locales

Voici quelques histoires récentes qui ont mené au débordement du vaste vase de ma patience. « Madame, je sens une forte odeur chimique dans les vêtements que vous venez de nettoyer, vous pouvez svp vérifier ? », a osé demander votre chroniqueur, intrigué. « C’est quoi le problème, moi je ne sens rien, ils ont été nettoyés, je ne peux rien faire d’autre, ça va faire 22,50 $ », de me répondre, très irritée, la commerçante qui tient le nettoyeur de quartier. Ciao bye.

« J’aimerais une soumission pour la réparation de ma porte svp », demandais-je poliment. « Écoutez monsieur, je n’ai pas le temps, envoyez-moi un message avec vos explications et on verra ! », de répondre impatient un commerçant de portes de garage de la capitale laurentienne. J’ai écrit, et rappelé, j’attends toujours, ça fait 3 semaines. Ciao bye.

Moi, trois collègues affamés, à peine 21 h, attablés dans un pub-brasserie artisanal de notre belle contrée. La serveuse nous annonce que la cuisine vient juste de fermer… il y a deux minutes passées, paf !, rien à manger. Pas de « je suis désolé », ni d’arachides de consolation à partager – ouste, sortez ! disait son langage corporel exaspéré, pendant que son collègue mettait pratiquement les chaises sur les tables d’à côté. Ciao bye.

« Je peux-tu vous aider ? », demande fermement la dame, visiblement fâchée de notre arrivée dans son magasin, 10 minutes avant que ne sonne le glas dont sa vie semble être ponctuée. Nous de répondre : « Oui, on voudrait voir vos verres à vin SVP ». « Là-bas à côté des carafes, mais dépêchez-vous je vais fermer », ajouta, tout aussi bête, la commerçante laurentienne, celle qui au passage, nous a dévisagés. Ciao bye. Ça, c’est seulement depuis les trois dernières semaines, et croyez-moi, je suis poli et j’en passe… beaucoup. Je ne vous parle pas piètre qualité de nourriture ou d’absence d’empathie, ni d’entrepreneurs véreux qui prennent les clients pour des incontinents.

Je suis persuadé que des histoires comme celles-là, vous pourriez m’en raconter 1000 autres… dans un rayon de seulement 25 kilomètres. Des clients qui disent « Ciao bye », ça tue l’économie locale et pousse la clientèle, tant locale que touristique, dans les bras des grandes corporations et ça, c’est dramatique.

Causes multiples et responsabilité partagée

Pénurie, manque de formation et tutti quanti, le problème est multifactoriel, mais une chose me frappe : vous savez cette chanson des colocs qui parle d’une bombe sur la rue principale ? C’est tristement encore d’actualité, et j’ai plus que jamais mal à ma région, où les mégaprojets sans âmes côtoient tristement les « Ti-mottons ». Je trouve qu’il manque profondément de vision chez nous au Québec, et ça inclut nos Laurentides, où le carrefour giratoire « urbanistiquo-commercial » est une anomalie, pour ne pas dire une tragédie.

Les élus et administrateurs municipaux sont certes redevables, mais les commerçants locaux sont ultimement responsables du service et de la qualité de l’offre qu’ils présentent.

À mes locaux adorés, une simple pensée : prenez la place qui vous revient, tombez en amour avec vos clients et votre métier, plus une seule bannière ne pourra vous sortir du marché.
Usez d’empathie et relevez votre service d’un cran : vous n’aurez plus jamais à craindre le rouleau compresseur des géants.

 

Jean-Claude Tremblay
jctremblayinc@gmail.com

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