(Photo : Courtoisie)
Pauline Vincent avec la Manic GT de Gérard Deltell, devant la place du Curé-Labelle à Saint-Jérôme.
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Célébrer la Manic

Par Simon Cordeau

La Manic GT est, encore aujourd’hui, la seule voiture produite en série au Québec. C’était le rêve de Jacques About : une voiture sport accessible à tous. Pourtant, de 1969 à 1971, seulement 150 ont été produite. 50 ans plus tard, Historia présente le documentaire La Manic GT : la voiture du peuple, pour célébrer cette voiture mythique. Entrevue avec Pauline Vincent, journaliste, autrice et première épouse de Jacques About.

« Jacques était Français d’origine. Le Québec était pour lui une terre promise. Tout était possible. Il était déjà dans le monde de l’automobile, et il a vu un créneau pour un véhicule sport à bas prix, pour monsieur et madame Tout-le-Monde », raconte Mme Vincent.

Dans la petite équipe familiale d’Automobiles Manic, Mme Vincent était stratégiste, communicatrice et gestionnaire de projets, mais elle jouait aussi les rôles de cuisinière, de psychologue, voire de conseillère matrimoniale, pour garder l’équipe unie et faire avancer le projet.

« Mon Dieu, c’était excitant! C’est de voir un projet qu’on ne pensait pas aussi important devenir important. C’était une période extraordinaire au Québec, où tout était possible. C’est peut-être pour ça qu’on était enthousiastes, Jacques et moi. »

Problèmes d’approvisionnement

La Manic GT utilisait un châssis de Renault 8, ce qui engendra des problèmes dès les débuts, se souvient Mme Vincent. « On faisait affaire directement avec l’usine en France. Et elle ne nous envoyait jamais une commande complète. Quand il vous manque un boulon fait dans un système métrique qui n’existe pas encore au Canada… C’est difficile à produire, des boulons, et si on n’a pas de boulons, on ne peut pas monter la voiture. »

Qui est Pauline Vincent? Journaliste, autrice et conférencière, Pauline Vincent réside à Piedmont depuis 20 ans. Elle est fondatrice de l’Association des Auteurs des Laurentides. Le prix Pauline-Vincent, qui récompense un auteur émergent de la région, porte son nom.

Ce problème d’approvisionnement a été constant, souligne Mme Vincent. « Même si nous avons envoyé un de nos ouvriers pour gérer les commandes, c’était inévitable, il y avait toujours des morceaux qui manquaient. »

Voiture populaire

Pourtant, ce ne sont pas les commandes qui manquent. « Il y avait un engouement chez les personnes qui aimaient les voitures sportives, surtout une produite au Québec. Pour eux, c’était une fierté, comme pour nous de la produire », souligne Mme Vincent. L’entreprise était même en négociations avec le géant américain American Motors, à Détroit, pour distribuer la Manic GT à travers les États-Unis. Mme Vincent se souvient avoir travaillé sur un nouveau modèle américain, produit avec des pièces américaines.

Malheureusement, il est déjà trop tard pour la Manic GT. « Voyant que nos problèmes de ravitaillement de pièces étaient assez importants, les partenaires financiers se sont désistés les uns après les autres. On s’est retrouvé avec une belle usine à Granby, pour en produire plusieurs par jour, et on a été obligés d’y mettre la clé », déplore Mme Vincent.

Le documentaire La Manic GT : la voiture du peuple sera diffusé à Historia le 18 novembre, à 20h00.

Production éphémère, voiture pérenne

Au total, il n’y aura que 150 Manic GT qui seront produites. « Actuellement, il y en a dans des musées à travers le monde, aux États-Unis, en Europe, en Belgique, en France… Au Québec, depuis un ou deux ans, les gens veulent de plus en plus les rénover. Ils cherchent des carrosseries et des pièces pour les remonter le plus possible selon les modèles de l’époque. » Mme Vincent estime qu’il y entre 40 et 50 Manic qui roulent encore dans le monde.

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