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Intelligence artificielle : Un outil « amplificateur d’opportunités »

Par Simon Cordeau

L’intelligence artificielle (IA) est en train de révolutionner de nombreux secteurs de l’économie, de la santé à l’industrie en passant par les services financiers. Mais quel est l’impact à moyen terme de cette technologie sur l’économie dans son ensemble ?

C’est ce qu’a commencé à m’écrire ChatGPT lorsque je lui ai demandé de faire mon travail : écrire un article sur l’IA. Le résultat est un peu académique, mais soulève quelques pistes de réflexion intéressantes. ChatGPT fournit même des chiffres pour appuyer ses dires… mais il a fallu que je demande deux fois avant qu’il me donne la bonne source. Serai-je bientôt remplacé par un robot ? J’ai posé la question à Simona Gandrabur, directrice principale de la Stratégie intelligence artificielle et innovation, à la Banque nationale. Parce que ChatGPT peut écrire mais, heureusement, il ne peut pas encore mener d’entrevue.

Un outil révolutionnaire

L’IA n’est pas prête de remplacer les humains. En fait, Mme Gandrabur doute même que cela arrive un jour. En revanche, ces nouveaux modèles d’IA génératifs promettent de changer notre façon de travailler. Et ce, très bientôt.

Simona Gandrabur, directrice principale de la Stratégie intelligence artificielle et innovation, à la Banque nationale.

« Il y a une énorme percée avec le deep learning, qui apprend à partir d’énormément de données. Les nouveaux modèles peuvent non seulement comprendre et classifier de l’information, mais aussi carrément générer du contenu textuel, voire artistique », explique celle qui a 30 ans d’expertise en la matière.

Selon elle, un outil comme ChatGPT ouvre la porte à « une panoplie d’applications ». On peut lui demander d’écrire un courriel d’excuses, un essai sur une oeuvre littéraire, d’imaginer une conversation entre deux artistes, d’écrire un poème, de faire une recherche ou de synthétiser de l’information, de traduire un texte, et même de générer du code pour programmer. Le tout, en français et sans faute.

« On peut s’en servir pour faire des gains d’efficacité à l’interne. C’est un outil comme Google ou Wikipédia », illustre Mme Gandrabur.

L’erreur est… humaine ?

« Par contre, ce n’est pas parce que le modèle sait répondre que les réponses sont nécessairement les bonnes », souligne l’expert. En effet, il suffit d’échanger avec ChatGPT quelques minutes pour constater des erreurs de fait assez évidentes. L’IA peut même « halluciner » : inventer de toutes pièces des faits, des personnes ou des chiffres.

C’est pourquoi on ne pourrait pas lui demander de rédiger une stratégie d’affaires, explique Mme Gandrabur à titre d’exemple. « Mais comme outil de recherche et de synthétisation de l’information, c’est très puissant. » Ainsi, ChatGPT peut nous donner des pistes de réflexion ou de recherche, mais c’est encore à nous, humains, de les explorer.

« Il est important de noter que l’IA n’est pas une technologie qui remplace complètement les humains. Plutôt, elle est conçue pour améliorer les performances et l’efficacité des tâches qui seraient autrement trop complexes ou trop chronophages pour être effectuées par des humains seuls. Par conséquent, il est probable que l’impact de l’IA sur l’emploi sera plus nuancé que ce que certaines personnes craignent », explique ChatGPT lui-même, dans l’article que je lui ai fait écrire.

Garder un humain dans la boucle

Pour l’instant, il faut encore laisser l’humain en contrôle et prendre les décisions, précise Mme Gandrabur, et non faire entièrement confiance à l’algorithme. Elle compare cette nouvelle technologie à… un ascenseur. « C’était une percée technologique qui faisait peur. On ne savait pas comment s’en servir. On a dû mettre en place des mécanismes de sécurité. Et en attendant, on a mis un humain à l’intérieur pour l’opérer », illustre-t-elle. Et quand la technologie est devenue assez mûre, elle a permis la construction de gratte-ciel, qui ont transformé nos paysages urbains.

Au fur et à mesure que l’intelligence artificielle entrera dans notre quotidien, nous allons « clarifier l’espace légal et éthique autour ». Si certains utilisent déjà l’IA pour tricher ou frauder, on développe en parallèle des outils pour mieux détecter et contrer ces usages, illustre la spécialiste.

« L’humain a une capacité d’adaptation phénoménale. Ça ne va pas bouleverser l’économie, mais lui donner un coup de pouce vers l’avant. […] L’IA est un outil comme les autres, qui améliore la pertinence et la puissance de nos interventions. C’est un amplificateur d’opportunités », soutient Mme Gandrabur.

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