(Photo : Courtoisie)
Mathieu Perron-Dufour est professeur au Département des sciences sociales de l’UQO.
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Doit-on s’inquiéter?

Par Simon Cordeau

En août 2021, l’Indice des prix à la consommation (IPC) avait augmenté de 4,1 % par rapport au mois d’août 2020. Doit-on s’inquiéter de cette hausse rapide de l’inflation? Discussion avec Mathieu Perron-Dufour, professeur au Département des sciences sociales de l’UQO.

La Banque du Canada tente de garder l’inflation annuelle dans une fourchette entre 1 et 3 %. « Normalement on tourne autour de 1 %, parfois 2 %. Il faut remonter à longtemps, au début des années 1990, pour des taux au-dessus de 4 %, donc c’est sûr que c’est surprenant. Cependant, les circonstances actuelles sont très précises. Je ne veux pas minimiser la perte de pouvoir d’achat, surtout pour les gens à revenu fixe, mais 4 %, ce n’est pas dramatique. Moi, je ne vois pas ça comme préoccupant », nuance M. Perron-Dufour.

Inflation 101

L’inflation, c’est le phénomène par lequel les prix augmentent. Au Canada, il est mesuré grâce à l’Indice des prix à la consommation (IPC). Il s’agit d’un ensemble de dépenses que font les ménages, divisées par catégories : transport, alimentation, hébergement, etc. « Ce qui est intéressant, c’est de voir que le prix de différentes choses ne progresse pas de la même manière », explique M. Perron-Dufour. Votre loyer peut augmenter plus rapidement que votre épicerie, par exemple. L’IPC fait la moyenne, toutes proportions gardées.

Mais pourquoi les prix augmentent-ils d’année en année? Il y a plusieurs facteurs. « Ces derniers mois, le prix du pétrole a augmenté beaucoup, en raison de la reprise économique à l’échelle mondiale. » Ainsi, cela fait augmenter le prix de l’essence, mais aussi d’autres produits. La production de plastique utilise du pétrole, par exemple, et les produits que vous consommez, des aliments à votre nouveau cellulaire, sont transportés par camion ou par bateau. « L’augmentation du prix du pétrole se répercute un peu partout dans l’économie, tout au long de la chaîne d’approvisionnement. »

Un autre facteur peut être qu’il y a plus d’argent en circulation. « Si on donne plus d’argent aux gens, mais qu’il n’y a pas plus de choses à acheter, on dépensera plus pour les mêmes choses », illustre le professeur.

Toutefois, cela ne semble pas être une cause de l’augmentation actuelle de l’inflation, même si les gouvernements ont injecté beaucoup d’argent dans l’économie canadienne pour gérer la pandémie. « Tout le long de 2020, l’inflation n’augmente pas. C’est maintenant qu’elle augmente, mais il n’y a pas beaucoup plus d’argent en circulation maintenant que l’année dernière, alors que le gouvernement ralentit l’argent injecté. »

Marché de l’habitation

Là où la tendance est plus inquiétante, selon M. Perron- Dufour, c’est dans le marché de l’habitation, que ce soit pour les loyers ou l’immobilier. L’augmentation était déjà soutenue avant la pandémie, et s’est accélérée durant la pandémie.

Des mesures ont déjà été mises en place par les gouvernements, comme rendre l’accès à un taux hypothécaire préférentiel plus contraignant. « Tout à coup, c’est moins facile d’acheter une maison plus chère, donc les gens se modèrent. Il semblait y avoir certains signes avant la pandémie, à Toronto et à Vancouver par exemple, que cela avait un effet modérateur », explique M. Perron-Dufour.

Les gouvernements pourraient aussi revoir les règles du Tribunal administratif du logement (auparavant la Régie du logement), pour contrer les rénovictions par exemple, ou construire davantage de logements sociaux.

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