Même s’ils sont protégés de l’activité humaine, les habitats de la Réserve naturelle du Parc-des-Falaises sont fragilisés par les changements climatiques et les espèces envahissantes. (Crédit : Denis Grenier et Éricka Thiériot)

Nos écosystèmes fragilisés

Par Simon Cordeau

Ce qui frappe le plus lorsqu’on arrive dans les Hautes-Laurentides sur l’autoroute 15, c’est le massif de falaises à Prévost et Piedmont. Il s’agit d’un précieux îlot préservé à l’état naturel. Mais protéger sa riche biodiversité est de plus en plus difficile, témoigne Éricka Thiériot, biologiste et coordonnatrice du Comité régional pour la protection des falaises (CRPF).

La réserve abrite plusieurs espèces menacées ou en voie d’extinction. (Crédit : Denis Grenier
et Éricka Thiériot)

Le CRPF est propriétaire de la Réserve naturelle du Parc-des-Falaises. Son objectif est de protéger un vaste territoire qui s’étend sur 16 km2 à Piedmont, Prévost et Saint-Hippolyte. Grâce à leurs efforts, 7,9 km2 le sont déjà. On y dénombre au moins 400 espèces végétales et des centaines d’espèces animales. Mais cette biodiversité n’est pas unique : au contraire, elle est très représentative des Laurentides, explique Éricka. Elle n’en est pas moins menacée.

Espèces envahissantes

Cette biodiversité est de plus en plus menacée. Les changements climatiques, en plus de fragiliser les écosystèmes, permettent aussi à des espèces exotiques envahissantes de proliférer.

Les chauve-souris nordiques par exemple, qui sont en voie d’extinction, sont victimes du syndrome du museau blanc. Un champignon venu d’ailleurs s’attaque à leurs voies respiratoires. Le phragmite, aussi appelé roseau commun, envahit certains milieux humides de la réserve. « Il y a deux endroits où on doit l’éradiquer chaque année. Et c’est très difficile. Même si on l’arrache mais qu’il reste un bout de racine, elle repousse. » C’est un peu comme le myriophylle à épis qui menace nos lacs. Le noyer cendré est attaqué par un parasite, et pourrait disparaître bientôt.

(Crédit : Denis Grenier et Éricka Thiériot)

Les feux de forêt, dont le Parc-des-Falaises a été victime ce printemps, sont aussi plus communs. « On est en milieu urbanisé. Si ce qu’il reste de forêt passe au feu, c’est très dommageable. Il ne reste aux espèces que de petits îlots d’habitat. » La biologiste pense à certaines espèces de fleur menacées. « Des fois, on les retrouve à un ou deux endroits et c’est tout. Si ça passe au feu, c’est fini. »

Protéger les habitats

Il est toutefois difficile d’avoir un décompte précis du nombre d’espèces qui habitent la réserve. Par exemple, sur les 27 espèces d’oiseaux de proie présentes au Québec, 22 ont été observées dans ces falaises. « Il y a des espèces qui ne vont pas nicher dans le massif, mais qui l’utilisent comme lieu de repos durant la migration », précise Éricka.

(Crédit : Denis Grenier et Éricka Thiériot)

Même si certaines espèces ne font que passer par le Parc-des-Falaises durant leur migration, cet habitat peut tout de même leur être vital. « Sans lui, certains animaux auront une plus grande distance à faire, d’un endroit de repos à l’autre. Ils peuvent s’épuiser ou avoir moins de temps pour s’alimenter. Ça joue beaucoup sur leur survie. […] Pour protéger la biodiversité, il faut protéger l’habitat des espèces », conclut la biologiste.

La Réserve naturelle du Parc-des-Falaises est ouverte au public, pour le sensibiliser à l’importance de préserver ces espaces verts et leur biodiversité. La priorité, toutefois, reste la conservation du milieu. Il est donc impératif de rester dans les sentiers, de ne pas amener votre chien, et les seules activités permises sont la marche, le ski de fond et la raquette. Autrement, vous risquez de perturber un habitat fragile ou d’introduire une espèce exotique envahissante

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