Lucratives festivités
Chronique affaires et économie par Jean-Claude Tremblay, MBA Collaboration spéciale
jctremblay@cogitas.ca
En collaboration avec la Chambre de Commerce et d’industrie Saint-Jérôme Métropolitain
2.44 Milliards. C’est le budget alloué pour les fêtes cette année, selon le Conseil québécois du commerce de détail. Le montant moyen dépensé par ménage en cadeaux et autres frais reliés aux célébrations sera de 669 $. La région ne sera pas en reste, tout le monde va y goûter : les consommateurs vont payer, certains commerçants vont récolter et d’autres vont carrément passer à côté.
La dernière chance pour certains commerces
On a tendance à l’oublier, mais beaucoup réalisent une importante partie de leur chiffre d’affaires durant le temps des fêtes. Alors que certains parlent du quart de leurs revenus générés durant cette période, d’autres parlent de près de la moitié de leur année en à peine quelques semaines – bonjour la pression ! C’est pourquoi il est malheureusement coutume de voir plusieurs commerces fermer leurs portes dans le cruel mois de janvier, alors que le marché ralenti et les cartes de crédit des clients sont surchargées.
La cigale et la fourmi
La vie d’une entreprise se déroule à vitesse grand V, tellement que l’entrepreneur type n’a pas toujours le temps ni les ressources pour s’occuper de planification et de stratégie. Tristement, plusieurs se laissent accaparer par la réalité opérationnelle telle une cigale préoccupée par son plaisir immédiat. Or, prendre le temps de planifier, de créer, de se ressourcer afin de trouver des façons d’aplanir cette courbe des fêtes, c’est vital. Comme la fourmi qui travaille sans relâche dans le présent pour assurer son futur, l’entrepreneur doit trouver le moyen de travailler « sur » son entreprise, et non « dedans », comme je le dis souvent.
Réveillez-vous !
Non, ce n’est pas le titre d’un célèbre dépliant qu’on tente de vous remettre en sonnant à votre porte un dimanche matin! Je fais plutôt référence au fait que plusieurs commerçants vivent sur du temps emprunté. Ça fait des années que les études nous disent que les Québécois tardent à magasiner en ligne, mais il viendra un temps ou les études diront le contraire, et ce temps coïncidera avec une foule de fermetures – provenant essentiellement de ceux qui n’auront pas pris le virage.
Que vous soyez un bureau d’avocats, un OBNL, un restaurant ou une agence de voyages qui a pignon sur rue – Il est grand temps de vous adapter et d’apprendre l’art de conjuguer « briques et mortier » et « virtualité ». Le modèle de vente en ligne ne convient pas (encore) à tous les types d’entreprises, mais la synergie à créer entre l’expérience virtuelle et celle physique est essentielle, car il en va de la pérennité des organisations.
Virage numérique : La fin des magasins ?
Pas du tout ! J’insiste auprès des clients que je conseille : il ne s’agit pas de fermer les points de vente physiques, mais plutôt de redéfinir leur vocation. Conséquemment, le pied carré devra diminuer, et les inventaires devront être drastiquement coupés au profit de la variété, dont le fruit sera livré, et non prêt à emporter. Par exemple, un magasin de chaussures pourra avoir un seul inventaire « vitrine » de tous les souliers, de toutes les couleurs, dans toutes les pointures disponibles – le client viendra pour vivre une expérience, découvrir, essayer et sélectionner – après coup, il recevra sa paire chez lui le surlendemain.
Cette méthode rendra obsolète le concept d’arrière-boutique, éliminera les coûts faramineux pour supporter un large inventaire, et réglera la complexité de la gestion logistique. Ainsi donc, le but ultime du point de vente « brique et mortier » sera d’offrir une expérience exceptionnelle, mais principalement humaine, ce que le web ne pourra jamais offrir, du moins pas en face à face.
Le célèbre fabricant de manteaux Kanuk est un exemple éloquent : l’an dernier il a ouvert un point de vente éphémère, dans lequel il a aménagé une chambre froide à -25 °C, afin que les clients puissent essayer ses produits dans des conditions d’hiver plus près de la réalité – ça, c’est de l’ingéniosité !
Profitez de l’après-fête pour vous ressourcer et cogiter sur l’avenir de votre entité. Comme disait Einstein, « L’imagination est plus importante que le savoir » – ne sous-estimer jamais votre pouvoir d’innover, car c’est ce qui vous permettra d’avancer et de prospérer. D’ici là, je vous souhaite un joyeux Noël et une excellente année !