L’éducation comme valeur en elle-même et non pas seulement comme moyen

Par Lpbw

NDLR. Nous poursuivons la publication des réflexions du réputé sociologue et théologien jérômien Jacques Grand’Maison. Réflexions que M.Grand’Maison a placées sous le thème "Des valeurs et repères dont on ne parle pas ou si peu dans l’état de nos mœurs actuelles".

L’éducation

Dans une recherche de longue haleine sur l’évolution des valeurs dans les diverses générations, je me suis rendu compte que l’éducation comme valeur en elle-même est loin d’être gagnée chez beaucoup de gens de tous âges.

Par ailleurs, je note que les sociétés les plus développées ont cette caractéristique d’avoir une haute estime de l’éducation elle-même. Le Japon par exemple était déjà très scolarisé au début du 20e siècle. Aujourd’hui, plus qu’autrefois, il nous faut un solide système d’éducation.

Dans une société de plus en plus complexe, l’étudiant, le travailleur et le citoyen ont besoin d’une base éducationnelle plus large pour comprendre, et participer aux enjeux cruciaux actuels. Hélas, je constate que la formation à tous les niveaux de scolarité est de plus en plus étroite.

Ce qui m’incite à pousser plus loin le débat actuel où s’opposent les tenants d’une éducation plus utilitaire, centrée sur un futur emploi et les tenants d’une éducation humaniste qui aide à donner un sens à sa vie, à bien penser, à mieux connaître le monde d’hier et d’aujourd’hui, à faire des bons choix d’études, de travail, de style de vie et d’amour.

Trouver un sens

Même dans une perspective utilitaire, je soutiens qu’un métier ou une profession, c’est plus qu’un bagage de connaissances et de techniques. Il peut être aussi un lieu pour développer ses manières propres de s’exprimer, de penser, de voir et de comprendre le monde et de s’y impliquer.

Il me semble que ces propos unissent les deux conceptions de l’éducation que j’ai évoquées plus haut. Mais il y a plus. Le vieil éducateur que je suis, avec un souci de profondeur spirituelle, j’ai appris que souvent on arrivait à surmonter une épreuve ou une grosse difficulté de parcours lorsqu’on y trouvait un sens. Définir l’humain comme un être de sens n’a rien d’abstrait. C’est le caractère précieux d’une éducation humaniste. Celle-ci permet aussi au vieillissement de boire à son propre puits d’expérience et de savoir en transmettre aux générations qui suivent.

D’aucuns parlent, non sans raison, d’un certain anti-intellectualisme au Québec. Bien penser ne serait pas une valeur très importante. C’est peut-être ce qui fait douter des discours sur l’importance de l’éducation scolaire comme lieu de sens majeur.

Et puis, il y a cet autre passif noté par plusieurs recherches : on ne peut rien construire sur une langue déstructurée.

En terminant, j’hésite à faire écho à une étude qui a chiffré le profit à long terme de l’investissement en éducation, à savoir sept fois la mise de départ. Mais cette pensée calculante ne peut remplacer la portée inestimable de culture et d’humanisme et de civilisation qu’apporte l’éducation, surtout quand elle s’exerce toute la vie.

Post-scriptum

Les plaisirs parascolaires sont bénéfiques, mais c’est mieux quand l’école réussit à transmettre les immenses plaisirs du savoir et du bien penser. C’est par l’écrit que l’on apprend à développer une parole réfléchie.

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